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«Mort» collective dans le Quartier latin: le symbolisme comme outil de lutte sociale

Photo: Guillaume Ledoux / Métro

Une cinquantaine de manifestants se sont symboliquement donné la mort devant les bureaux du ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault, jeudi après-midi, pour dénoncer l’inaction du gouvernement face à la crise écologique, laquelle est directement liée aux incendies de forêt au Québec. L’événement pouvait facilement être perçu comme une œuvre conceptuelle engagée.

«Plus les gaz à effet de serre (GES) augmentent, plus le réchauffement s’accentue et plus nos terres sèchent. Tant que les gouvernements vont subventionner et pousser les énergies fossiles, ils sont coupables des feux de forêt actuels et les cautionnent à travers leur inaction», affirme Jacob Pirro de la Coalition étudiante pour un virage environnemental et social.

Étendus au sol, sans bouger, ils ont agi conformément à «ce que le système attend d’eux», a affirmé Jacob. Un système qui préfère tolérer la «mort de milliers d’arbres» et la «délocalisation» de communautés plutôt que de s’attaquer aux «intérêts d’une poignée de milliardaires» en sortant de l’impératif de «croissance», s’est exclamée dans un haut-parleur une manifestante qui prenait part à ce «die-in».

Photo: Guillaume Ledoux / Métro

Le spectacle esthétiquement chargé de citoyens aux visages ravagés et entourés de feux de forêt dessinés sur des banderoles a duré près d’une demi-heure. Un happening où la symbolique, qui évoquait la dévaluation de la vie dans le système capitaliste, frappait l’imaginaire.

Une portée concrète était toutefois aussi mise de l’avant par ceux qui ont pris part à l’action. Les responsables «ont des noms et des adresses», scandaient les manifestants en présentant une banderole sur laquelle étaient inscrits les noms des «écocidaires», ceux dont les profits sont liés à l’exploitation des GES qui serait à la base de la catastrophe environnementale actuelle.

Photo: Guillaume Ledoux / Métro

«Un avant-goût de l’apocalypse»

Pour certains, comme l’autrice Sandrine Giérula qui était sur place, l’idée de faire une action symbolique pour contester l’injustice climatique tire son origine de l’expérience des effets des feux de forêt. Une expérience qui était elle aussi symbolique. «C’est un avant-goût de l’apocalypse», juge-t-elle. Devant les autres manifestants et les passants, elle a récité un poème qui a aussi été publié sous forme de lettre ouverte dans Le Devoir la semaine dernière. Le texte portait sur le sentiment de colère et d’anxiété que provoque la crise climatique. Un sentiment partagé par la plupart des autres manifestants.

«La lettre a été écrite dans un moment de stupeur et de stress», affirme l’autrice. Vivant au huitième étage d’un bâtiment, celle-ci ne pouvait pas ouvrir ses fenêtres au moment où les effets des incendies se sont fait sentir à Montréal. «Ayant des problèmes respiratoires, ça a tout de suite pris mes poumons. C’était chaud», relate Sandrine Giérula. Un effet physique direct, mais qui traduit un «problème plus latent».

La «frustration» générée par la situation doit «être cultivée» pour motiver les soulèvements et pour pointer du doigt «les vrais responsables», dit-elle. Si les feux de forêt sont un avant-goût de l’apocalypse, la manifestation d’aujourd’hui est un «avant-goût des soulèvements qui s’en viennent si rien ne change», affirme une autre manifestante.

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