La crise du logement s’exacerbe, selon un rapport
Hausse des prix, manque de logements et problématiques d’habitation affectant principalement les communautés marginalisées; le nouveau rapport de l’Indice du logement locatif (ILL) quantifie la crise du logement.
Un budget sain devrait prévoir l’octroi de 30% du revenu d’un ménage au logement. Pourtant, au Québec, plus du quart de la population dépasse désormais ce seuil. La situation s’expliquerait par la hausse constante des loyers, qui sont 14% plus élevés en 2021 qu’en 2016, selon le porte-parole de l’ILL pour le Québec et directeur général du Réseau québécois des OSBL d’habitation (RQOH), André Castonguay.
Malgré la hausse des prix, la qualité des logements n’augmente pas. «Ce ne sont pas tous les propriétaires qui investissent dans leurs immeubles», affirme M. Castonguay. Au Québec, 7% des logements auraient besoin de rénovations majeures, note le rapport. À 17%, Montréal-Ouest est la région où ce nombre est le plus élevé dans la province.
Adieu les logements abordables
«Aujourd’hui, le fait de rénover encourage la rénoviction», selon le porte-parole de l’ILL. La tendance aurait un impact structurel sur le marché du logement locatif, puisqu’elle «met à mal beaucoup de ménages qui payaient un loyer confortable et qui doivent aujourd’hui trouver un loyer, mais beaucoup plus cher», poursuit-il. Une tendance au surpeuplement dans certains logements est d’ailleurs relevée par le rapport. À Mont-Royal, par exemple, ce sont 18% des logements qui sont considérés comme étant en «surpeuplement». Il s’agit d’une réalité qui reflète le manque de logements.
Les types de logements dont la rareté augmente le plus sont les logements sociaux et abordables, en raison des rénovictions qui y sont faites.
On la voyait venir, la crise du logement, mais ça a pris du temps au gouvernement actuel d’agir. Il faut maintenant prendre les moyens pour s’en sortir.
André Castonguay, porte-parole de l’ILL pour le Québec
Étant donné «l’inflation» et la «hausse des coûts de construction», les solutions ne sont pas évidentes. Avec la situation économique qui engendre des coûts de développement immobilier exorbitants, il ne serait «plus possible de construire du logement abordable sans subventions», croit M. Castonguay.
Il faudrait donc des programmes d’investissement «en logement social et abordable» et un «gouvernement willing d’investir». Si la fin du programme de logements sociaux AccèsLogis annoncée en février dernier a fait craindre le pire à plusieurs, le porte-parole de l’ILL se montre plus optimiste. Il qualifie de «perte» la fin du programme qui a permis le développement de 36 000 logements sociaux, mais croit en la possibilité de développer un «nouveau programme» répondant à la même mission.
Les communautés marginalisées davantage affectées
Le pourcentage des revenus alloués au loyer est plus élevé chez les locataires «autochtones», «racialisés» ou «immigrés». La moyenne de ces groupes dépense plus de 30% du budget en loyer.
Des problèmes graves affectent d’ailleurs «les clientèles avec des problèmes de santé mentale». S’il est de plus en plus difficile de trouver un logement et encore plus un logement abordable, le défi est accentué pour les personnes qui correspondent à cette catégorie. «Les gens du privé ne sont pas toujours d’accord avec une clientèle jugée plus problématique», croit M. Castonguay. Ces préjugés toucheraient même les logements privés liés au Programme de supplément au loyer (PSL).
Cette difficulté d’accès accentuée toucherait aussi «la clientèle racisée» alors «qu’il y a toujours des préjugés» de la part des propriétaires.