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Que manque-t-il à Montréal?

Photo: Montage collaboration spéciale

Montréal fait souvent bonne figure dans les palmarès des villes où il fait bon vivre. Mais rien n’est parfait. Métro a demandé à 13 personnalités montréalaises de nous dire de quoi la métropole pourrait bénéficier.

Un funiculaire vers le belvédère du mont Royal
Proposé par Alexandre Taillefer, président du C.A. du Musée d’art contemporain
«Aidons le mont Royal à se rapprocher de son grand frère, Central Park, à New York, en lui permettant de faire partie de notre vie de tous les jours», lance M. Taillefer. Afin de relancer le belvédère qui fait déjà l’objet d’un important remue-méninges, le Dragon propose un funiculaire qui partirait du centre-ville. «Le projet se devrait d’être lié à une programmation culturelle et à une offre de restauration uniques», croit-il.

Un plan de lutte efficace contre l’itinérance
Proposé par Gaëlle Cerf, copropriétaire de Grumman 78 et vice-présidente de l’Association des restaurateurs de rue
Promenant son camion à tacos dans la métropole depuis quelques années, Gaëlle Cerf est de plus en plus consciente de la réalité de la rue. «Je remarque qu’il y a de plus en plus de sans-abri, souligne-t-elle. Bien que les refuges fassent un excellent travail, je crois que la Ville et les gouvernements pourraient dédier plus de ressources afin de permettre aux itinérants de réintégrer la société et devenir des citoyens actifs. Y’a que la bouffe qui devrait se retrouver à la rue!»

Un pont «digne d’une grande ville»
Proposé par Phyllis Lambert, architecte et directrice fondatrice du Centre canadien d’architecture (CCA), Élaine Ayotte, responsable de la Culture au comité exécutif de la Ville de Montréal, et Nathalie Bondil, directrice du Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM)
D’entrée de jeu, Phyllis Lambert est très critique. «Il manque beaucoup de choses ici. Montréal doit reconnaître qu’elle pourrait être une grande ville, mais qu’elle n’y arrive jamais, se désole-t-elle. C’est disgracieux. J’en ai marre!» Mme Lambert souhaite, pour remplacer le pont Champlain, une œuvre intelligente et élégante. «Les grandes choses ne sont pas dispendieuses. Si on ne s’égare pas, on peut arriver à quelque chose», note-t-elle en indiquant que le meilleur architecte aura du mal à travailler avec un client qui n’a pas d’idées de grandeur pour la société.

Élaine Ayotte, souhaite un nouveau pont symbolique. «Un pont qui suscite notre fierté et qui deviendra l’un des grands accomplissements de la Ville en matière d’architecture et de design», souhaite l’élue.

De son côté, la directrice du MBAM, Nathalie Bondil, parle d’un «pont-signature, pour que notre métropole continue de grandir, comme un havre plutôt qu’un ghetto, comme un carrefour plutôt qu’une mosaïque». Selon elle, c’est ainsi que Montréal s’affirmera «comme un hub de la créativité technologique, artistique et universitaire».

Des projets audacieux et rassembleurs
Proposé par Éric Fournier, partenaire et producteur exécutif à Moment Factory
«Il faut sortir des souterrains et dépoussiérer certains vestiges du passé pour innover et créer du neuf», indique Éric Fournier, de Moment Factory. Pour y arriver, il propose trois projets qui pourraient être réalisés d’ici le 375e de la ville, en 2017 : relancer la Biosphère, témoin d’Expo 67; déterrer, avec Pointe-à-Callière, le premier parlement canadien enfoui sous la rue McGill; réveiller le Silo no 5, lieu industriel iconique de la ville et symbole de notre histoire.

Un réseau vert
Proposé par Luc Ferrandez, maire de l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal
Parce que la ville peut concurrencer la banlieue quand il est question d’accès à la nature, l’élu de Projet Montréal souhaite un important réseau vert accessible aux cyclistes comme aux randonneurs. Ce parcours relierait notamment la rivière des Prairies et le fleuve Saint-Laurent le long de la voie ferrée dans l’axe nord-sud, et le mont Royal et le parc La Fontaine dans l’axe est-ouest. «Il faut que la nature –de la ruelle au fleuve – soit accessible au quotidien», souligne M. Ferrandez.

Un TGV
Proposé par Daniel Blier, directeur général de la Société du parc Jean-Drapeau
On parle de projets de train à grande vitesse depuis des lunes dans le nord de l’Amérique. Daniel Blier croit important que deux lignes passent par Mont­réal : une est-ouest dans le corridor Montréal-Windsor et une nord-sud dans l’axe Montréal-New York. «Ce serait un atout majeur pour la clientèle d’affaires», indique-t-il.

Rien… en théorie
Proposé par Charles-Mathieu Brunelle, directeur d’Espace pour la vie
«On pourrait dire qu’il faudrait un aquarium ou autre chose à Montréal, mais je ne suis pas sûr qu’il manque vraiment quelque chose», commente Charles-Mathieu Brunelle. Ce qui ne signifie pas que tout est rose. «Il y a beaucoup de choses qu’on doit prendre en main pour que Montréal incarne complètement ce qu’elle est, poursuit-il. Il faut arrêter d’attendre un sauveur. Tout le monde doit se mettre à l’ouvrage. En privilégiant des projets tout simples qui soulignent notre identité. On pourrait, par exemple, embellir le dessous de la Métropolitaine. Chaque arrondissement riverain s’impliquerait.» Pour M. Brunelle, deux enjeux fondamentaux permettent à une ville de se distinguer : la diversité biologique et la diversité culturelle. «Montréal possède les deux. Il faut miser là-dessus, sinon nous n’avons pas d’avenir.»

Un service rapide par bus (SRB)
Proposé par Nicolas Girard, PDG de l’Agence métropolitaine de transport
Pour Nicolas Girard, le projet de SRB sur Pie-IX, qui devrait voir le jour en 2017 et qui reliera Montréal à Laval, «permettrait d’abord de décongestionner le centre-ville». L’autobus, qui empruntera un corridor au centre de l’artère montréalaise – de Notre-Dame jusqu’à l’autoroute 440 – pourrait transporter 70 000 personnes par jour. «Stockholm et Londres ont réussi leur virage en transport collectif. Pourquoi pas Montréal?» demande M. Girard.

Des logements sociaux
Proposé par Françoise David, députée de Québec solidaire dans Gouin
Fidèle à ses convictions, la co-porte-parole de Québec solidaire montre du doigt le manque de logements sociaux en ville. «Se loger à prix abordable est de plus en plus difficile à Montréal, surtout dans les quartiers centraux», indique-t-elle. Pour aider, Mme David souhaiterait voir le garage d’autobus de la STM, coin Saint-Denis et Bellechasse, déménager pour laisser place à un projet domiciliaire qui comprendrait 30 % de logements sociaux.

Une ligne de métro de type S-Bahn
Proposé par Yannick Desranleau, artiste contemporain du duo Séripop
Le S-Bahn (de l’allemand stadtschnellbahn, littéralement «chemin de fer express») a fait ses preuves à Berlin, entre autres. L’artiste Yannick Desranleau propose un réseau du genre ceinturant la ville. «Une voie de ceinture faciliterait les déplacements entre les quartiers, en évitant de passer par le centre-ville ou de faire des changements de ligne», illustre-t-il.

Ce système de transport serait hors terre, sur les infrastructures existantes. «Il n’y aurait qu’à construire des stations, compléter les courts liens manquants et y mettre les trains.»

Des voies réservées
Proposé par Michel Labrecque, président de la Société de transport de Montréal (STM)
Selon Michel Labrecque, il «faudrait tripler d’ici 10 ans le réseau de voies réservées, pour le faire passer à plus de 500 km. Il faut faire en sorte que les personnes qui font le choix du transport collectif aient un traitement privilégié», explique-t-il.

M. Labrecque a annoncé, fin mai, des projets pour ajouter 88 km de voies réservées au réseau montréalais.

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Idées faciles à importer
Trois idées qui ont fait leurs preuves ailleurs et que Montréal pourrait facilement implanter chez elle.

  1. Des «jardins de bière» comme à Munich : Le Québec est une contrée de bière et fait d’excellents produits. Pourquoi ne pas les mettre en valeur dans des beer gardens? Le concept munichois est simple : des terras­ses dans des parcs avec un permis pour vendre de l’alcool. La suite logique de la bouffe de rue?
  2. L’internet sans fil comme à Séoul : À Séoul, en Corée du Sud, le métro est déjà branché et on prévoit, d’ici 2015, couvrir plus de 10 000 parcs, rues et autres lieux publics. Ici, il faudra de la volonté politique pour en arriver là et convaincre – ou contourner – les grands joueurs des télécommunications.
  3. Du mobilier urbain comme à Vienne : Chaque été sur la place du MuseumsQuartier, une foule de Viennois et de touristes viennent se prélasser sur les bancs colorés et design Enzo. À Montréal, plusieurs lieux pourraient accueillir un mobilier urbain créé ici et servant à la détente.

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