Léo Bureau-Blouin: penser le Québec de demain
Il y a un an, Léo Bureau-Blouin s’est lancé dans une campagne électorale qui lui a permis de remporter la circonscription de Laval-des-Rapides, devenant ainsi le plus jeune député de l’histoire du Québec. Désormais au cœur de la machine politique, l’adjoint parlementaire de la première ministre a été mandaté pour mener une grande consultation jeunesse. Métro l’a intercepté avant qu’il entame la seconde partie de sa tournée provinciale.
Vous avez déjà consulté les jeunes de neuf régions quant aux défis qui attendent le Québec de 2030. Qu’est-ce que ces témoignages vous ont révélé?
Les jeunes du secondaire s’inquiètent du décrochage scolaire et de l’intimidation. Pour ceux âgés de 20 ans et plus, la famille constitue la principale préoccupation. On ne veut plus tout sacrifier pour le travail. Tous s’entendent pour dire qu’il faut mieux se préparer au vieillissement de la population, tant dans la gestion du système de santé que dans la façon de combler les millions de postes qui vont se libérer. Les défis sont nombreux, et toute la collectivité doit s’y attaquer. Il est urgent de penser le Québec de demain.
Vous allez encore arpenter le territoire québécois pour compléter votre consultation, incluant les régions de Montréal et de Québec. Que ferez-vous lorsque ce sera terminé?
Nous produirons un rapport détaillé, afin de déposer d’ici la fin de l’année un livre blanc, c’est-à-dire une ébauche de politique qui permettra de tenir une commission parlementaire sur le sujet. Tout cela a pour but d’adopter une nouvelle Politique québécoise de la jeunesse qui va rafraîchir et guider les décisions gouvernementales destinées aux jeunes pour les 15 prochaines années.
L’adoption d’une telle politique peut prendre du temps, non?
Oui, et surtout pour un gouvernement minoritaire. C’est pourquoi nous voulons faire vite pour le dépôt du livre blanc, en espérant que la politique jeunesse voie le jour avant les prochaines élections!
Certains ont d’ailleurs souhaité de nouvelles élections en février, lorsque le Parti québécois a décidé d’indexer de 3 % les droits de scolarité au lieu de les geler comme il l’avait promis.
Émotivement, de nombreux étudiants ont eu l’impression que leurs manifestations n’avaient servi à rien. Rationnellement, nous sommes passés d’une augmentation de 82 % sur 7 ans – politique des libéraux – à seulement 1,8 % sur par année. Ils doivent regarder la situation réelle et constater que nos frais d’étude sont encore abordables, et que c’est grâce à leur mobilisation.
En tant qu’ancien chef de file du mouvement étudiant, vous avez dû essuyer des critiques sur les droits de scolarité. Vous avez même reçu des insultes sur les réseaux sociaux…
Il ne faut pas s’attarder à ça. J’ai aussi reçu beaucoup de messages de félicitations. En général, les citoyens communiquent activement et respectueusement avec moi.
Vous êtes très actif en ligne, tant sur Facebook, Twitter, que sur votre plateforme citoyenne web ou lors des séances de clavardage. Pourquoi privilégier ces modes de communication?
Car ce sont des plateformes qui permettent d’établir un dialogue, une interaction. Grâce à ces outils, de plus en plus de personnes prennent activement part aux décisions et surtout, elles peuvent suivre plus facilement les faits et gestes des élus. C’est un excellent moyen de gagner la confiance du public. Les Lavallois apprécient cette volonté de transparence, surtout après cette période sombre de politique municipale, qui a mené à la chute du maire Vaillancourt.
Les élections municipales arrivent à grands pas. L’ex-candidat péquiste Marc Demers se lance dans la course à la mairie. Comptez-vous lui donner votre appui?
J’ai décidé de n’appuyer aucun candidat. C’est au tour des citoyens de s’affirmer haut et fort. Tout ce que je peux dire, c’est qu’il y a encore trop peu de jeunes et de femmes qui se sont présentés, mais il n’est pas trop tard pour changer les choses.
Questions en rafale
- Un bon coup du PQ? Les mesures prises pour assurer la transparence des politiciens.
- Un moins bon coup du PQ? Les reculs sur certains engagements, comme l’abolition de la taxe santé, qui sont dus au fait que nous sommes en position de gouvernement minoritaire.
- Un collègue que vous admirez? Sylvain Gaudreault, ministre des Transports et des Affaires municipales, pour sa gestion de la crise municipale à Laval.
- Un député de l’opposition que vous respectez? Gilles Ouimet, ex-bâtonnier et député du Parti libéral, pour sa façon constructive d’établir le dialogue.