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Bien assortis

Chaque mardi, la journaliste et animatrice Julie Laferrière et l’humoriste, animateur et illustrateur Pierre Brassard posent un regard original sur les usagers du transport en commun.

J’ai remarqué que le profil de passagers, dans le bus comme dans le métro, varie selon l’heure de la journée. Par exemple, les fins d’après-midi accueillent souvent des essaims de jeunes étudiants, alors que les petits matins, eux, sont peuplés autant d’individus solitaires que de couples qui voyagent ensemble vers leurs lieux de travail respectifs. Cela jusqu’à ce que leurs destinations finales les séparent pour la suite de la journée.

Les soirées, quant à elles, offrent tout ça à la fois : des amis qui sortent en petits groupes, des solos, des duos et des couples.

Ce soir-là, mon attention s’est arrêtée sur l’un de ces derniers. Des amoureux dans la fin de la vingtaine, qui semblaient être ensemble depuis toujours. C’était frappant de voir à quel point ils étaient bien assortis. D’un point de vue d’abord superficiellement esthétique, mais aussi parce qu’en filigrane de leur complicité se tissait quelque chose d’invisible mais de néanmoins incontournable. Une atmosphère paisible se dégageait d’eux. Ils étaient ensemble puissamment harmonieux. Rien ne semblait être dissonant entre eux.

Tous deux étaient grands et fins.  Ils se tenaient debout et par la main.

Elle avait de longs cheveux bruns et soyeux. Lui aussi, mais il les portait courts.

Leurs yeux étaient très bleus, tous quatre qu’ils étaient. Leurs teints pâles, mais avec les joues roses. Des dents parfaitement droites et blanches. Finalement, des vêtements et un style qui s’accordaient tout autant. Ils souriaient et semblaient très bien se comprendre malgré une économie de mots. Leurs silences étaient tendres.

Certains diraient que de choisir un partenaire avec qui on a des traits communs résulte d’une propension au narcissisme. D’autres croiraient qu’il est plus simple de débusquer sa moitié quand celle-ci nous ressemble.

Peu importe leurs motivations, ils étaient tous les deux fort inspirants et semblaient s’aimer inconditionnellement. Jusqu’à ce que la jeune femme s’assure qu’IL avait bien pris les clés de leur appartement. «Je croyais que TU les avais», répond-il.

C’est à ce moment que la parfaite dentition de la demoiselle disparut, engloutie par une moue phénoménale.

Finalement, aussi bien assorti qu’il ait été, ce tandem n’échappait pas à cette fatalité; soit que si deux êtres peuvent parfois s’apparenter, on peut sûrement avancer que tous les couples, eux, finissent par se ressembler.

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