Repenser les espaces de stationnement à Montréal
Le Conseil régional de l’environnement de Montréal (CRE-Montréal) invite les décideurs à repenser la gestion de l’offre du stationnement en milieu urbain.
L’organisme a lancé mardi son guide sur le stationnement qui tente de présenter cet espace pour automobile comme un «outil incontournable d’aménagement durable».
«On dit souvent qu’il manque de stationnement, donc on en ajoute. Mais on ne sait pas vraiment combien il y en a, ni comment on le gère, soutient Félix Gravel du CRE-Montréal. Au CRE, on croit plutôt qu’il faudrait changer les habitudes, et là on aurait une meilleure utilisation du stationnement.»
Les initiatives en cogestion de stationnement en sont de bons exemples. L’AMT possède déjà certaines ententes avec des cinémas pour que ses clients utilisent leurs espaces de stationnement pendant le jour. «Pourquoi une tour de bureaux du centre-ville ne l’offrirait pas aux clients de la Place des Arts le soir, par exemple ?» avance M. Gravel.
Pendant la construction d’une nouvelle tour au centre-ville, M. Gravel croit que les promoteurs devraient d’abord prendre conscience de l’offre de stationnement disponibles autour. «On ne le fait pas parce qu’on n’a pas encore développé l’idée de partager le stationnement entre différents acteurs», regrette-t-il.
Mais repenser le stationnement, c’est aussi, pour le CRE-Montréal, une manière de «changer la mobilité des gens pour mieux investir dans les transports en commun et actifs». M. Gravel souhaite notamment que les sommes amassées par les tarifs de stationnement gérés par la Ville soient dédiées à l’amélioration du transport en commun.
Il explique également que la Californie oblige maintenant les employeurs, qui offrent gratuitement une place de stationnement à ses employés, à leur offrir le choix d’investir cette somme ailleurs, si l’employé laisse cette place vacante.
«On ne propose pas de ne plus du tout utiliser l’automobile. On propose que ce soit pour un usage utile, comme pour faire des courses. Les déplacements du quotidien, vers le travail, doivent être repensés», précise M. Gravel.
La Ville de Montréal travaille actuellement sur une stratégie de ville intelligente qui devrait intégrer le stationnement, le vélo et le déneigement, indique Sabrina Williams, attachée de presse d’Harout Chitilian, responsable de la ville intelligente au comité exécutif. De nouveaux développements devraient être dévoilés la semaine prochaine, ajoute-t-elle.
Quatre stratégies
Le guide du CRE-Montréal présenté mardi insiste notamment sur l’élimination des normes minimales de stationnement dans les nouveaux bâtiments, mais propose aussi de faire mieux avec l’offre existante de stationnement en identifiant les usagers à privilégier: résidants, accommodement des visiteurs, personnes à mobilité réduite, etc. Le CRE-Montréal suggère également l’instauration de technologies qui facilitent l’accès à l’information, l’usage et le contrôle des stationnements, ainsi que la construction de stationnement avec plus d’espaces verts.
Les quatre stratégies proposées dans le document doivent ainsi être appliquées ensemble par les décideurs, pour plus d’efficacité, selon l’organisme.
Mais pas question d’uniquement réduire le nombre de places de stationnement en ville, indique le CRE, bien que cela soit nécessaire dans les quartiers centraux.
«C’est pour cela qu’il y a une perte d’adhésion du public, qui croit qu’on veut juste couper dans le stationnement, soutient Félix Gravel du CRE-Montréal. Il y a plein d’autres solutions. Et si on réussit à réaliser l’ensemble des solutions qu’on propose, ça permettra aux gens d’avoir un meilleur accès au stationnement.»