L’auto en libre-service à la conquête Montréal
Alors qu’elles n’ont même pas soufflé leur première bougie, les autos en libre-service de Car2go et AutoMobile revendiquent respectivement 8000 et 5400 utilisateurs, et pourraient bientôt étendre leur territoire. Qui offre le meilleur service? Nous les avons mises à l’épreuve en nous arrêtant dans chacun des trois arrondissements couverts, à la recherche de particularités gastronomiques pour confectionner un sandwich typiquement montréalais: l’Ostentatoire (pain casher, viande hallal, fromage québécois et saveurs indiennes). À vos marques, prêt, roulez…
Inscription
Avant de démarrer, il faut s’inscrire. Pas compliqué, il suffit de remplir un formulaire sur l’internet. Pour AutoMobile, qui est géré par la mont-réalaise Communauto, l’inscription est gratuite (35$ pour Car2go), la location horaire est moins chère, et les vérifications d’antécédents de conduite sont moins fastidieuses. En effet, comme Car2go effectue la vérification du permis de conduire à la SAAQ, comptez 10 jours avant de recevoir la carte magnétique permettant d’ouvrir les autos. Chez AutoMobile, on peut prendre une auto 24 heures après l’inscription, si l’on possède déjà une carte OPUS.
AutoMobile 1 – Car2go 0
Démarrage
On peut localiser les autos disponibles sur son ordinateur ou sur son téléphone mobile. Les autos sont généralement stationnées dans les rues résidentielles, avec la fameuse vignette universelle de stationnement leur permettant de se garer partout sauf devant des parcomètres. Jusqu’ici, seuls trois arrondissements ont créé cette vignette sur mesure (Le Plateau, Rosemont et Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce), mais Mercier–Hochelaga-Maisonneuve et le Sud-Ouest pourraient suivre dès cet été. Le maire Coderre a refusé de créer une telle vignette au centre-ville pour ne pas concurrencer l’industrie du taxi. Cela dit, Car2go (mais pas AutoMobile) loue des places de stationnement à divers endroits du centre-ville, ce qui nous permet de démarrer le défi à partir du bureau.
AutoMobile 1 – Car2go 1
Destination sandwich
Le début du défi se passe bien. On présente sa carte de membre sur le lecteur et on s’identifie. Les petites Smart de Car2go sont idéales pour s’extirper des bouchons. Après l’achat du fromage au marché Jean-Talon, on trouve facilement une AutoMobile à deux minutes de marche. Leurs Prius Hybride ont quatre vraies places et sont moins polluantes. Il y a même quelques Nissan Leaf électriques. Un atout non négligeable, car selon les premières données, l’utilisation d’autos en libre-service a plus tendance à remplacer l’usage du transport en commun (24% des déplacements) et du vélo (13%) que l’automobile (6%) ou le taxi (11%). «L’auto en libre-service a moins d’impact sur l’industrie du taxi qu’on l’anticipait au départ», note toutefois Marco Viviani, porte-parole de Communauto.
AutoMobile 2 – Car2go 1
Complications
Le point faible des deux systèmes: la fin des réservations. Il faut absolument laisser son auto dans les quartiers desservis. Les autos de Car2go ont un système de GPS avec carte Google délimitant ces zones, mais pas celles d’AutoMobile. Dans le doute, on s’était garé à côté d’une Smart de Car2go. Erreur! Les deux entreprises n’ont pas exactement le même territoire. N’ayant pas remarqué le message d’alerte, on n’a réalisé notre erreur que 45 minutes plus tard. Il a fallu retourner sur place corriger le problème. Autre irritant, les amendes pour mauvais stationnement. Si la rue devait être dégagée le lendemain pour cause de nettoyage, tant pis, vous êtes responsable. «Il y avait une éducation des usagers à faire au début, convient Jérémi Lavoie, porte-parole de Car2go, mais avec l’expérience, ça diminue.» Même son de cloche du côté d’AutoMobile, qui revendique un taux de satisfaction de 92%.
AutoMobile 2 – Car2go 2
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Conclusions
Mis à part les frais d’inscription et les tarifs pour les longues réservations, les deux systèmes offrent des tarifs équivalents pour les courtes réservations (38c/mn) et un réseau à peu près identique (sauf pour le centre-ville). Léger avantage à Car2go, dont l’électronique embarquée rend l’expérience plus facile pour les débutants. La meilleure suggestion reste toutefois de s’abonner aux deux services à la fois pour avoir plus de choix. Comment se comparent les autos en libre-service au sein du cocktail transport? Le même trajet de 37 minutes aurait pris 77 minutes en transport en commun. Et les 14km parcourus auraient coûté 4,2 fois plus cher en taxi (14$ vs 54$). Et le sandwich, il était bon? Pas vraiment, non! Mais les ingrédients ne sont pas en cause: c’est plutôt le choix de recette du chef conducteur qui laissait à désirer!