Projet Montréal veut que la Ville soit responsable des immeubles scolaires
Plutôt que de réviser les territoires des commissions scolaires montréalaises, Projet Montréal propose de confier la gestion de leur parc immobilier à la Ville de Montréal.
«Les commissions scolaires, les arrondissements et la Ville agissent parfois en parallèle, a déploré lundi le conseiller de François-Perrault, Sylvain Ouellet. Il y a énormément d’occasions qui sont manquées».
M. Ouellet a évoqué le cas de l’école Joseph-François-Perrault, dans l’arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, qui souhaite se doter d’une nouvelle salle de concert. Une maison de la culture doit aussi ouvrir ses portes dans le même arrondissment en 2016. Celle-ci comprendra aussi un amphithéâtre.
«D’un côté, la salle de concert est compromise parce qu’il n’y a pas de financement et de l’autre côté, à cause de la réforme du financement des arrondissements, on n’aura pas les budgets pour ouvrir [la maison de la culture] plus de 20h par semaine, a indiqué M. Ouellet. C’est vraiment une sous-utilisation des équipements collectifs.»
L’école Saint-Gérard, qui doit être démolie et rebâtie à cause de la présence de moisissure, a aussi été citée en exemple. Si le bâtiment avait été sous la responsabilité de la Ville, le processus d’approbation du projet de construction aurait été plus rapide, d’après l’opposition officielle.
Advenant la possibilité que la Ville prenne en charge les bâtiments scolaires, un financement adéquat devra être accordé pour entretenir et rénover les écoles. «Le transfert des écoles du gouvernement vers la Ville serait catastrophique s’il y a le même niveau d’investissement qu’il y a actuellement, a affirmé le chef de l’opposition officielle, Luc Ferrandez. Ce qu’on veut, c’est avoir un investissement suffisant pour entretenir les écoles. On veut aussi un investissement de la Ville pour dire que ce sera sa première priorité. En gros, on n’investit pas dans l’autoroute 19 tant qu’on n’a pas rénové nos écoles et on n’investit pas dans l’entrée Bonaventure ou l’Espace pour la vie si nos écoles sont pleines de moisissures et qu’elles sont sur le point d’être fermées.»
En s’associant, la Ville et les commissions scolaires pourraient obtenir davantage d’argent de Québec pour entretenir et rénover les écoles, croit la conseillère de De Lorimier, Louise Mainville. «On aurait un poids immense», a-t-elle dit.
Projet Montréal n’a pas évalué l’ampleur des économies qui pourraient être réalisées si les responsabilités de la Ville et des commissions scolaires montréalaises seraient modifiées. Les élus veulent avant tout rencontrer les commissaires scolaires et les parents pour valider leur proposition.
Sur les réseaux sociaux, le maire de Montréal, Denis Coderre, s’est dit heureux de la proposition de Projet Montréal. «Je suis heureux de voir Projet Montréal se rallier à ma vision du rôle de métropole pour la gestion du parc immobilier scolaire», a-t-il écrit. Il devait rencontrer lundi après-midi le ministre de l’Éducation, Yves Bolduc.
L’attachée de presse du ministre de l’Éducation, Yasmine Abdelfadel, a indiqué que le gouvernement du Québec n’envisage pas pour le moment de rendre la Ville de Montréal responsable des immeubles des commissions scolaires. «On n’est pas là-dessus», a-t-elle dit.
La présidente de la Commission scolaire de Montréal (CSDM), Catherine Harel-Bourdon, est pour sa part très intéressée à l’idée que la Ville de Montréal puisse prendre en charge ses bâtiments.
«Il y a une ouverture au conseil des commissaires, mais il faut voir les pour et les contre de parts et d’autres, a fait savoir Mme Harel Bourdon. Est-ce que ça coûtera la même chose? Est-ce que les services seront améliorés?»
La mission pédagogique des établissements scolaires doit primer, a insisté la présidente de la CSDM.
Catherine Harel-Bourdon a par ailleurs souligné l’initiative du maire de Montréal, Denis Coderre, de mettre sur pied un comité de travail sur lequel siégeront des représentants des commissions scolaires montréalaises et des autorités municipales. Elle croit qu’une meilleure collaboration serait bénéfique. Elle a donné comme exemple les développements immobiliers qui entraînent la revitalisation des quartiers.
«Il faut le savoir à l’avance, a-t-elle indiqué. Ça nous prend de 3 à 6 ans faire un agrandissement et construire totalement une école. On pourrait du même coup planifier le partage d’un gymnase ou d’une bibliothèque.»
La Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ) est de son côté contre l’idée que des municipalités puissent devenir responsable des bâtiments scolaires. Les coûts seraient plus élevés, d’après le regroupement, puisque les coûts administratifs des villes atteint 14% et ceux des commissions scolaires sont sous la barre des 5%. La FCSQ craint aussi que l’éducation ne soit plus considérée comme une priorité par les municipalités.