Des orphelins de Duplessis veulent enterrer un des leurs
Un organisme de défense des orphelins de Duplessis déplore que le Curateur public enterre certains orphelins dans des fosses communes et anonymes plutôt que dans leur site d’inhumation habituel.
Le Comité des orphelins de Duplessis victimes d’abus (CODVA) s’est saisi du cas d’Onésime Legault, décédé en février 2015. «Comme il n’avait pas de famille et qu’il n’avait pas rédigé de testament à cause de sa maladie dégénérative au cerveau, le Curateur public était sur le point de le faire inhumer dans une fosse commune réservée aux corps non réclamés à Laval et qui ne comprend pas de monument», explique Lucien Landry, président du CODVA.
Ce dernier clame que M. Legault avait fait oralement à un proche le souhait d’être inhumé sur la parcelle des Compagnons de Montréal, au cimetière Saint-François d’Assise, où plusieurs des orphelins décédés sont regroupés.
Mais le Curateur a répondu dans un courrier au CODVA que «la somme disponible pour procéder aux funérailles de M. Legault est de 2500$, somme qui a déjà été facturée par Magnus Poirier [l’entreprise qui a effectué le contrat]. Il s’agit du montant maximum et aucun autre frais ne peut être réclamé».
La position du Curateur étonne le CODVA car la totalité des opérations n’a pas été exécutée. L’organisme a en effet obtenu les cendres du défunt, qui n’a pu être inhumé en plein hiver. De plus, les services déjà fournis vaudraient moins de 1000$ et non pas 2500$, selon le CODVA qui a vérifié auprès de deux autres entreprises funéraires.
Interrogée par Métro, Jacinthe Deslauriers, qui représente le Curateur public, n’a pas voulu commenter les dossiers privés. «Quand une personne seule décède, le Curateur organise lui-même les funérailles. Si aucun pré-arrangement funéraire n’a été fait [ce qui était le cas avec M. Legault], le Curateur choisit l’établissement funéraire en fonction de la proximité géographique et du prix proposé», a indiqué Mme Deslauriers, qui précise que les funérailles sont faites de façon respectueuse.
Le CODVA clame en outre que les actifs de M. Legault, gérés par le Curateur à sa mort, permettraient amplement de financer l’inhumation. Mais en l’absence de descendant ou d’héritier toute somme résiduelle est généralement déposée dans les coffres de l’État.
«Monsieur Legault touchait mensuellement environ 1400$ par mois. Comme il est mort un 4 février, et que le CHSLD où il résidait ne lui a facturé que 4 jours, il lui restait certainement de l’argent sur son compte. Ce ne serait que justice si on pouvait l’utiliser pour faire enterrer ses cendres dans la dignité avec ceux qui représentaient sa famille», a déclaré M. Landry.
Précisions du Curateur public:
Le respect est au cœur de nos actions
J’aimerais rectifier certaines informations relativement à l’article Des orphelins de Duplessis veulent enterrer un des leurs, publié le mardi 4 août. En effet, le Curateur public du Québec tient à affirmer que le respect est au cœur de ses actions : respect des personnes représentées tout au long de leur vie et respect de leurs volontés quant à leurs funérailles, quand elles sont connues. Il est donc inexact que des personnes représentées soient inhumées dans des « fosses communes » anonymes.
En fait, les entreprises avec lesquelles le Curateur public fait affaire quand il doit se charger des funérailles d’une personne seule ont diverses façons de procéder : columbarium, crypte, terrain communautaire dans un cimetière. On peut en tout temps connaître le lieu d’inhumation et l’endroit où se recueillir en mémoire de ces personnes. Dans le cas du cimetière de Laval dont il est question dans l’article, il s’agit d’une niche communautaire et le nom de la personne représentée y est identifié.
Enfin, en ce qui concerne les frais d’hébergement, il est vrai que, dans certaines situations, les centres d’hébergement publics procèdent à un remboursement en cas de décès. Par ailleurs, la dépense consacrée aux frais funéraires d’une personne représentée par le Curateur public doit tenir compte de l’argent qui reste au compte de la personne décédée une fois que différentes créances ont été réglées.
Il n’y a pas de procédures différentes pour les orphelins de Duplessis quand leurs volontés ne sont pas connues pour leurs funérailles et inhumation. Les mêmes procédures, respectueuses des personnes, s’appliquent à tous.
Normand Jutras, curateur public