Les préposés luttent pour un salaire décent
Les préposés aux bénéficiaires des résidences privées pour aînés sont sous-payés, estime un syndicat qui en représente plus de 6000. Ils mènent présentement une campagne pour revendiquer un salaire décent.
Le salaire moyen des préposés dans les résidences privées est de 12,50$ de l’heure, ce qui est moins que ce que gagnent les employés de restauration rapide de plusieurs États américains, a relaté jeudi à Montréal le Syndicat québécois des employés de service (SQEES-FTQ). Il réclame que celui-ci soit haussé à 15$ de l’heure.
«Pour arriver à payer mes factures, je dois cumuler deux emplois, un le matin et un le soir, a témoigné Katy Dalpé, une jeune mère monoparentale qui gagne 12,28$ de l’heure à la résidence Habitat Lafayette, à Longueuil. Je n’ai plus le temps de m’occuper de mes deux enfants, ni d’aller voir mon médecin pour faire un suivi de mon cancer du col de l’utérus.»
À 62 ans, Ginette Dussault, employée de la résidence Marquis de Tracy, ne voit pas le jour où elle pourra elle-même prendre sa retraite et se payer une place en résidence. «À 12,87$, je suis à l’échelon maximal», a-t-elle souligné.
Dans les établissements publics comme les CHSLD, les préposés gagnent entre 18$ et 20$ de l’heure. Or, le SQEES-FTQ juge que ceux des résidences privées font un travail similaire.
«Sur notre étage, il y a une trentaine de résidents. Je m’occupe de donner les bains et deux filles s’occupent des toilettes partielles. On fait leur barbe, on les peigne, on les rassure, on jase avec eux. Je leur sers leur nourriture, je les reconduis à des activités, je fait des activités avec eux», a décrit Mme Dalpé.
«On leur donne des médicaments, on prend leur pression et leur température, on leur met des pansements», a pour sa part rapporté Mme Dussault, qui travaille dans une unité où les cas sont particulièrement graves.
Du côté du Regroupement québécois des résidences pour aînés (RQRA), on indique plutôt que les préposés ne donnent généralement pas autant de soins que dans les CHSLD et qu’il est donc hasardeux de comparer les salaires.
«On souhaite améliorer les conditions de nos employés, qui font de l’excellent travail. Mais il faut y aller graduellement, parce que notre industrie est fragile, a réagi Yves Desjardins, porte-parole du RQRA. Environ 200 résidences ont fermé au courant des 20 derniers mois, n’étant pas capables d’encaisser les coûts du resserrement des règles pour le bâtiment et la certification.»
Comme la plupart des conventions collectives des résidences privées dont les employés sont affiliés au SQEES-FTQ viendront à échéance prochainement, le syndicat espère mener des négociations coordonnées plutôt que résidence par résidence.
Des centaines de travailleurs un peu partout au Québec ont distribué jeudi des tracts pour sensibiliser les citoyens à leur cause.