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Surpopulation de cerfs: le parc-nature de la Pointe-aux-Prairies en danger

Plus de 40 cerfs de Virginie peupleraient le parc-nature de la Pointe-aux-Prairies, un chiffre quatre fois supérieur à sa capacité d’accueil. Ces animaux détruiraient la biodiversité du lieu et l’arrondissement, qui a déjà installé des caméras, s’apprête à prendre de nouvelles mesures pour réduire le nombre de bêtes.

«Le parc est en train de mourir». Signé Richard Guay, conseiller de la Ville en charge de ce dossier, ce constat inquiète fortement l’administration de RDP-PAT. «Il y a un grand déséquilibre au niveau de la biodiversité, de la faune et de la flore», reprend-il.

Les 42 cerfs comptabilisés lors d’une étude menée par Québec en 2013 consommeraient toutes les plantes au sol du parc, entraînant la disparition des lapins, rénettes et autres reptiles primordiaux pour la survie de l’espèce animale et de la chaîne alimentaire.

«Nous avons mis en place des enclos protégés pour analyser la disparition de ces plantes, explique M. Guay. Était-ce les cerfs, le sol, la météo ou un élément extérieur ? Sans les cerfs, ces plantes poussent naturellement. Le problème est identifié.»

Biologiste pour le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec, Éric Jaccard confirme un phénomène préoccupant. «On s’inquiète pour la pérennité du parc sous sa forme actuelle. Ces cerfs font partie du paysage, mais il faut préserver la biodiversité. Si cela continue, beaucoup d’espèces végétales pourraient disparaitre.»

Clôtures, répulsifs, stérilisation ou chasse à l’étude

De nombreux scénarios sont à l’étude du côté de l’arrondissement de RDP-PAT: utilisation de répulsifs sonores et olfactifs, mise en place de clôtures pour restreindre l’entrée ou la sortie de ces animaux, stérilisation par le biais d’une chirurgie ou d’un anabolisant.

Même l’idée d’une chasse, au tir ou à l’arbalète, interdite en ce moment, n’est pas écartée selon M. Guay.

«Nous avons formé un comité de citoyens avec des personnes de l’arrondissement, du ministère, des vétérinaires, des responsables d’autres parcs pour trouver une solution. Rien n’est encore arrêté mais on veut faire une intervention propre et ciblée, prochainement. Ce qui est certain, c’est qu’il va falloir diminuer des têtes pour essayer de sauver le parc.»

Des caméras installées depuis septembre 2015

Afin d’identifier les déplacements de cette espèce, ses habitudes de vie, le nombre de mâles et de femelles, l’administration a installé trois caméras au cœur du parc-nature depuis septembre 2015, «une première étape» selon l’arrondissement qui en prévoit d’autres à l’avenir.

«Un cerf, c’est beau, mais il ne faut pas le nourrir. Cela modifie son régime alimentaire, ils peuvent revenir et leur santé peut s’en trouver affectée»
Éric Jaccard, biologiste

«Avant de se pencher sur des solutions, il faut comprendre la situation, assure M. Jaccard. Avec ces caméras, on peut déterminer leurs déplacements, leur migration, leur nombre.»

Un problème à gérer avec la Rive-Nord et la Rive-Sud

Alors que les citoyens sont invités à ne plus nourrir ces cerfs afin de ne pas perturber leurs habitudes alimentaires et à les pousser à se rapprocher des zones urbaines, ces cerfs reviennent années après années, en provenance de la Rive-Nord et de la Rive-Sud.

«Lorsque le fleuve gèle, ils arrivent à passer sur la glace et à rejoindre le parc-nature de la Pointe-aux-Prairies, explique le biologiste Eric Jaccard. Durant d’autres saisons, ils passent à la nage. Lorsqu’ils exploitent toutes les ressources d’un endroit, ils migrent en nombre, même malgré les autoroutes et d’autres barrières.»

«Même si l’on intervient une fois, ils reviendront. On ne peut pas régler seul ce problème, explique Richard Guay. C’est autre démarche globale que l’on doit adopter avec d’autres municipalités.»

Le bilan des différentes rencontres menées par l’arrondissement sera présenté au printemps. Les mesures à adopter seront ensuite expliquées aux citoyens au cours d’une séance d’informations.

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