Le DPB veut connaître le coût réel du Super Hornet
OTTAWA — Six ans après avoir torpillé les estimations du gouvernement conservateur concernant l’acquisition de chasseurs furtifs F-35, le directeur parlementaire du budget se penche cette fois sur le projet d’acquisition «provisoire» d’avions de chasse Super Hornet.
Le gouvernement libéral a annoncé le mois dernier qu’il voulait acheter 18 Super Hornet afin de permettre à l’armée de tenir le coup jusqu’à ce que le programme de remplacement des CF-18 vieillissants soit complété.
Des ministres ont indiqué qu’ils avaient une bonne idée des coûts de ce programme provisoire, et ils ont aussi admis que ce serait plus coûteux pour les contribuables, sans toutefois donner de chiffres précis. Le gouvernement libéral soutient que ces dépenses supplémentaires sont nécessaires puisque le Canada doit pouvoir respecter ses engagements envers l’Alliance atlantique (OTAN), mais aussi envers la défense nord-américaine (NORAD).
Des experts soutiennent cependant que la gestion de deux appareils différents dans l’armée de l’air coûtera beaucoup plus cher, voire trop. En conférence de presse, lundi, pour dresser le bilan de son gouvernement, le premier ministre Justin Trudeau a soutenu qu’on n’en serait pas là si les conservateurs n’avaient pas «bâclé» le programme de remplacement des CF-18.
Le directeur parlementaire du budget, Jean-Denis Fréchette, tente maintenant d’obtenir l’heure juste. Le 8 décembre, il a demandé au sous-ministre de la Défense nationale, John Forster, de lui transmettre toutes les estimations de coûts, les données et les analyses liées à l’acquisition provisoire des Super Hornet. M. Fréchette aimerait aussi connaître les coûts comparatifs pour l’utilisation et l’entretien d’un Super Hornet et d’un CF-18. Le directeur parlementaire du budget (DPB) aimerait obtenir des réponses du ministère d’ici le 6 janvier.
Cette requête de M. Fréchette rappelle l’initiative de son prédécesseur, Kevin Page, qui avait descendu en flammes le programme conservateur d’acquisition de chasseurs F-35, en 2011.
Le gouvernement de Stephen Harper avait annoncé en juillet 2010 son intention d’acheter 65 chasseurs furtifs, au coût de 16 milliards $, mais le comité des finances des Communes avait plus tard demandé au DPB de vérifier ce chiffre. Or, même si le ministère de la Défense avait refusé alors de coopérer, le DPB a finalement estimé que la facture sur 30 ans n’atteindrait pas 16 milliards $, mais plutôt 30 milliards $. L’opposition avait alors accusé le gouvernement conservateur de mentir à la population.
L’année suivante, le vérificateur général a essentiellement confirmé les estimations du DPB. Et en décembre 2012, le gouvernement Harper a mis le projet sur la glace lorsque le ministère de la Défense a lui-même admis que les coûts dépasseraient les 45 milliards $ jusqu’en 2052.
Lundi, le président américain désigné, Donald Trump, a dénoncé sur Twitter les coûts sans cesse croissants et «hors de contrôle» des F-35. Il a écrit qu’après son arrivée à la Maison-Blanche le 20 janvier, «des milliards de dollars d’économies pourront — et seront — réalisés dans le secteur de la défense (et pour d’autres acquisitions)». On ignore les intentions précises de M. Trump, mais le candidat républicain a souvent cité, pendant la campagne électorale, le programme de chasseurs furtifs comme un exemple de gaspillage des fonds publics.
M. Trudeau, qui avait promis pendant sa campagne l’an dernier d’écarter le F-35, l’a décrit en juin comme un appareil «qui est loin de fonctionner». Les libéraux ont cependant reculé, puisqu’ils souhaitent un mécanisme d’appel d’offres «véritable, rigoureux et ouvert» pour remplacer les CF-18.