Moreau nommé président du Conseil du trésor
QUÉBEC — Le premier ministre Philippe Couillard a opté lundi pour un ajustement mineur de son conseil des ministres, qui marque la promotion de Pierre Moreau après un long congé de maladie.
En décembre, M. Couillard avait laissé la porte ouverte à des changements plus importants, qui pourraient toutefois être faits d’ici la fin du mandat, a-t-il indiqué dans une conférence de presse.
«Au mois d’avril on sera à 18 mois de l’élection générale, a-t-il dit. Alors il n’est pas exclu que d’autres changements se produiront.»
M. Couillard a répété qu’il est toujours à la recherche de moyens d’améliorer son équipe, particulièrement pour la rajeunir.
«Je suis très, très conscient des grands talents qu’il y a dans notre caucus, beaucoup de jeunes députés des deux sexes dans plusieurs régions qui brûlent de servir davantage, a-t-il dit. Alors il faut savoir concilier l’expérience et la nouveauté. C’est ce qu’on va faire au cours des prochains mois.»
Selon M. Couillard, le contexte actuel ne nécessite pas de changements plus importants à son équipe ministérielle.
«Il y a des bonnes nouvelles au Québec, a-t-il dit. L’économie va dans la bonne direction, la création d’emplois est vigoureuse.»
La nomination de M. Moreau au poste de président du Conseil du trésor, une information qui circulait depuis quelques semaines, a été confirmée lors d’une cérémonie à l’Assemblée nationale.
Aux journalistes, M. Couillard a expliqué que l’ex-président du Conseil du trésor Sam Hamad, redevenu simple député à la suite d’une controverse, joue un rôle important au sein du caucus régional de Québec.
«Comme il y est, clairement c’est le meilleur endroit», a-t-il dit.
Malgré des critiques de l’opposition envers le ministre responsable de la région de Québec, François Blais, M. Couillard s’est montré satisfait de sa gestion du dossier, détenu pendant plusieurs années par M. Hamad.
«Je suis satisfait du travail de M. Blais et de toute mon équipe de députés de Québec», a-t-il dit.
Avant l’ajournement des Fêtes, M. Couillard avait affirmé que seuls les postes des ministres de la Santé, de l’Éducation et des Finances nécessitaient une «stabilité du leadership».
Lundi, M. Moreau a été le seul à prêter serment dans le cadre des nouvelles fonctions qui lui ont été confiées par le premier ministre.
Il y a près d’un an, M. Moreau, alors ministre de l’Éducation depuis peu, avait été déplacé au poste de ministre délégué aux Finances en raison d’ennuis de santé qui l’ont gardé à l’écart jusqu’en décembre.
Au cours des derniers mois, le ministre des Finances, Carlos Leitao, avait été chargé également des fonctions de président du Conseil du trésor.
Âgé de 59 ans, M. Moreau est député de la circonscription de Châteauguay. Il avait participé à la dernière course à la direction du Parti libéral du Québec (PLQ), remportée par M. Couillard.
M. Moreau a déclaré lundi que sa promotion au Conseil du trésor est une marque de confiance de la part du premier ministre.
«C’est un signe de grande confiance de la part du premier ministre, mais ce qui me rend le plus heureux véritablement, c’est de retrouver l’équipe, a-t-il dit. Si je peux l’aider d’une façon quelconque, à l’intérieur du caucus, dans mes fonctions ministérielles, je vais le faire avec plaisir.»
Le chef péquiste Jean-François Lisée a déclaré que M. Couillard aurait dû effectuer des changements plus profonds dans son équipe, notamment à l’Agriculture, à la Justice et à la Santé.
«Il souhaite que l’année qui s’amorce soit moins désastreuse que celle qui vient de se terminer», a-t-il dit dans un communiqué.
Le député caquiste Éric Caire a constaté que M. Moreau a plusieurs qualités dont les libéraux ont besoin.
«On peut voir dans Pierre Moreau quelqu’un qui a fini deuxième dans la course au leadership, a-t-il dit. Il semble être apprécié au PLQ, c’est un tribun qui a beaucoup de potentiel, très certainement. Maintenant, le poste de chef du Parti libéral n’est pas vacant.»
M. Moreau a déclaré que sa priorité est de régler le conflit avec les avocats et notaires de l’État, dont la grève dure depuis 13 semaines.
«C’est une durée exceptionnelle mais ce que je vous dis, c’est que je n’entreprends pas ce mandat de négociation avec l’esprit obtus ou avec l’idée qu’on ira vers un échec», a-t-il dit.
M. Moreau n’a pas exclu la possibilité de recourir à une loi spéciale pour forcer le retour au travail de ces fonctionnaires.
«Il n’est pas question de laisser perdurer un conflit comme celui-là», a-t-il dit, en plaidant pour une entente négociée.
Le président du regroupement Les avocats et notaires de l’État québécois (LANEQ), Jean Denis, a exprimé le souhait que les négociations reprennent rapidement avec les représentants du Conseil du trésor.
«Peut-être qu’avec M. Moreau et les membres de son cabinet on aura des personnes qui comprennent mieux les relations de travail, a-t-il dit. Peut-être qu’on fera en sorte de finalement retourner au travail.»