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Un groupe de défense des aînés dans l’eau chaude

QUÉBEC — La ministre responsable des Aînés, Francine Charbonneau, s’est dite étonnée, mardi, des propos controversés sur les personnes âgées tenus par la présidente d’un groupe de défense des droits des aînés, mais ne les a pas condamnés.

Mme Charbonneau a dit vouloir laisser aux membres de l’Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées (AQDR) le soin de déterminer si leur présidente est toujours à sa place.

En entrevue avec La Presse canadienne, lundi, Judith Gagnon a remis en question la loi 492 qui protège les locataires âgés de 70 ans et plus contre l’éviction.

Elle a argué que les propriétaires finissaient souvent par trouver d’autres moyens pour se débarrasser des gens.

Mais tout en déballant ses arguments, Mme Gagnon a exprimé ses impressions personnelles sur un couple de septuagénaires de Québec, et sur les aînés en général.

«C’est quasiment « La Petite Vie ». Je ne dis pas ça pour être méchante. Madame n’a pas de dentier, ils sont gros, elle n’a pas de brassière; c’est le désordre total et ils sont âgés», a-t-elle dit.

Si elle était propriétaire, elle-même voudrait se soustraire à la loi. «Moi, avoir une maison à logement, je n’en prendrais pas des gens de cet âge-là. Honnêtement, je vous le dis, je n’en prendrais pas parce que je serais prise avec tout le temps.

«Jusqu’où doit-on aller pour protéger les aînés? Est-ce qu’on ne crée pas avec ça deux classes? Les gens protégés, mais tellement vouloir les protéger qu’ils deviennent une grosse tache pis qu’on en veut plus, parce qu’on est pris avec?»

Ces propos ont fait bondir le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ), mardi, qui les a qualifiés de «totalement inacceptables».

«D’un ton dédaigneux, Mme Gagnon affirme qu’elle n’aurait pas aimé avoir certains locataires aînés, se disant même prête à défier la loi pour ne pas être prise avec certains locataires (…) Pour le RCLALQ, ces propos sont non seulement inacceptables, mais ils renforcent les préjugés envers les personnes âgées vulnérables et peuvent ultimement renforcer les discriminations envers cette population», a déclaré Maxime Roy-Allard, porte-parole du RCLALQ.

L’AQDR a voulu préciser dans un communiqué lundi soir que ce n’était pas l’intention de Mme Gagnon d’alimenter les préjugés envers les locataires âgés. «C’est très important de faire la distinction entre une personne âgée vulnérable et un locataire indésirable. Il existe des personnes qui ne respectent malheureusement pas leurs milieux de vie et qui n’agissent pas décemment, peu importe l’âge», a écrit l’association.

Mme Charbonneau a affirmé que l’AQDR avait raté une belle occasion de se rétracter.

«C’est la première fois que je suis confrontée à la réalité d’une personne qui est à la tête d’une organisation et qui porte un jugement dur comme celui-là», a dit la ministre.

«Je pense que personne n’est à l’aise avec ces propos-là (…) C’est plus le dénigrement de l’image de l’aîné qu’elle faisait qui était offensant, donc j’espère qu’au niveau de son association, ils vont pouvoir corriger le tir.»

«S’ils se sont sentis vexés par les propos, ils auront raison de dénoncer les propos», a-t-elle ajouté.

Le RCLALQ a fait valoir qu’il est illégal au Québec de discriminer en fonction de l’âge, du sexe, du statut social ou encore de l’origine ethnique. «La présidente de l’AQDR a franchi une ligne très délicate qui pourrait causer des torts importants à certaines personnes, notamment pauvres et âgées», a ajouté M. Roy-Allard. «La catégorisation par l’AQDR entre bon et mauvais locataire est dangereuse et invite à la discrimination et au renforcement des préjugés.»

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