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Le DPCP dit qu'il n'y a pas «d'immunité libérale»

Photo: Archives Métro
Caroline Plante, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

QUÉBEC — La Directrice des poursuites criminelles et pénales, Annick Murphy, a démenti jeudi les allégations du président de la Fraternité des policiers de Montréal à l’effet qu’il existerait une «immunité libérale» dans le système de justice québécois.

Yves Francoeur a fait cette allégation jeudi lors d’une entrevue radiophonique à l’animateur Paul Arcand, sur les ondes du 98,5FM. Selon lui, deux députés libéraux auraient évité de faire face à la justice grâce à leur allégeance politique.

Un des députés en question siégerait toujours à l’Assemblée nationale.

«Le DPCP n’est guidé que par l’application de la règle de droit», a déclaré Me Murphy lors de son passage à l’Assemblée nationale pour l’étude des crédits du ministère de la Justice, en ajoutant qu’un tel dossier ne lui était jamais parvenu et qu’il n’existait pas de processus judiciaire distinct pour les élus.

Elle a par ailleurs invité le chef syndical à lui transmettre toutes les informations qu’il détient à ce sujet. «Je promets d’informer le public si M. Francoeur me contacte», a-t-elle dit.

Le policier a affirmé jeudi en entrevue à TVA qu’il allait rencontrer l’Unité permanente anticorruption (UPAC).

Jeudi matin, M. Francoeur a allégué que les deux élus libéraux, qu’il n’a pas identifiés, ont fait l’objet en 2012 d’une enquête policière approfondie qui aurait dû normalement les conduire devant les tribunaux, mais ce ne fut pas le cas.

La preuve obtenue par la police comportait des éléments de filature et d’écoute électronique. Le dossier était complet, selon lui.

Les faits reprochés auraient trait au financement politique impliquant une firme immobilière proche de la mafia italienne, d’après le chef syndical.

M. Francoeur a affirmé qu’il ignorait pourquoi aucune accusation n’avait été portée, compte tenu de la solidité de la preuve. Selon lui, les deux personnes en cause auraient été accusées depuis longtemps n’eût été de leur allégeance politique.

Il n’a pas accordé d’autres entrevues jeudi.

Les allégations de M. Francoeur ont eu l’effet d’une bombe à l’Assemblée nationale.

«Tout à l’heure, je vais aller m’asseoir au Salon bleu. Est-ce que je vais aller m’asseoir avec un collègue qui est en lien, qui a travaillé, qui a collaboré avec la mafia? Parce que c’est ça que M. Francoeur nous dit ce matin», a réagi en point de presse le député Éric Caire, de la Coalition avenir Québec.

L’opposition péquiste a vite demandé au whip libéral de mener une enquête interne au sein du caucus.

«Est-ce que le premier ministre du Québec connaît l’identité de cet élu de son caucus?» a martelé le leader parlementaire du PQ, Pascal Bérubé.

Le premier ministre Philippe Couillard a semblé parfois irrité par les questions de l’opposition. «Non, mais c’est incroyable. Ce à quoi on assiste actuellement, c’est une pression politique délibérée sur l’organisation qu’est la direction des poursuites criminelles et pénales», a-t-il dit.

«Qu’il (le chef de la CAQ François Legault) aille à l’UPAC, qu’il aille les déposer et il pourra lui aussi questionner et peut-être tenter un peu d’intimider la Directrice des poursuites criminelles et pénales cet après-midi», a ajouté M. Couillard.

Selon l’ex-policier et député libéral Robert Poëti, M. Francoeur aurait dû «absolument» rapporter ces informations à ses supérieurs. Les allégations sont «troublantes», selon lui.

La sortie publique de M. Francoeur survient le jour même où le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, a déposé son projet de loi forçant les policiers à porter leur uniforme. Les policiers exercent des moyens de pression en portant des pantalons de camouflage pour protester contre les changements imposés à leur régime de retraite.

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