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Peter Julian se retire de la course au NPD

Photo: Darryl Dyck/La Presse canadienne
Mylène Crête, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — Le député Peter Julian jette l’éponge. Il abandonne la course à la direction du Nouveau Parti démocratique (NPD) trois mois avant le début du vote.

La difficulté à obtenir suffisamment de financement aura finalement eu raison de sa campagne.

«J’accepte le verdict de notre membership», a-t-il dit en conférence de presse, jeudi.

Les résultats du deuxième trimestre n’étaient pas à la hauteur de ses attentes. Peter Julian a réussi à amasser 80 000 $ depuis la fin de 2016, dont environ 30 000 $ au cours des trois derniers mois.

«80 000 $ c’est très bon pour une circonscription et j’ai eu beaucoup d’appuis bien sûr des concitoyens de New Westminster, mais pour une campagne nationale ça prend plus», a affirmé le député de New Westminster-Burnaby en Colombie-Britannique, ajoutant qu’il n’était pas prêt à s’endetter pour rester dans la course.

Son équipe espérait amasser le triple, selon une source bien au fait de sa campagne.

L’entrée du populaire député ontarien Jagmeet Singh dans la course à la direction en mai a changé la donne. Son financement surpasserait celui de tous les autres candidats. Un souper à 150 $ le billet tenu à Mississauga la semaine dernière aurait fait salle comble.

L’élection générale en Colombie-Britannique et l’instabilité qui s’en est suivie ont également rendu la tâche de Peter Julian difficile.

En vertu des règlements du NPD, les candidats fédéraux ne peuvent solliciter des dons dans les provinces en élection. Les membres du NPD fédéral sont également membres du parti néo-démocrate de leur province.

La Colombie-Britannique est la province où le NPD compte le plus de membres.

L’élection a donné lieu à son lot de rebondissements au cours des derniers mois. Le chef du NPD de la Colombie-Britannique, John Horgan, est devenu le premier ministre désigné de la province il y a une semaine après que les libéraux minoritaires eurent perdu un vote de défiance. L’avenir de son gouvernement est incertain puisqu’il repose sur une coalition avec le Parti vert, ce qui pourrait mener à une autre campagne électorale dans un avenir plus ou moins rapproché.

Cette incertitude a nui à Peter Julian qui, en plus de solliciter les mêmes membres que le NPD provincial, partage les mêmes bénévoles.

Le député fédéral avait été le premier à se lancer dans la course à la direction du NPD en février. Il avait d’emblée pris position contre les projets d’oléoducs Énergie Est et Kinder Morgan, forçant les autres candidats à se positionner rapidement sur cet enjeu qui divise la famille néo-démocrate.

C’est ce dont il est le plus fier même si cette prise de position lui a valu des critiques de la part de militants néo-démocrates albertains.

«On a réussi à pousser les autres candidats dans notre direction aussi, a-t-il dit. La question d’élimination des frais de scolarité, qui était bafouée au début quand j’ai soulevé ça en février, maintenant est acceptée par la majorité de nos candidats et candidates.»

Peter Julian est le deuxième candidat à se retirer après l’ex-ombudsman des vétérans Pat Stogran. Il se ralliera éventuellement à l’un des quatre candidats restants – Charlie Angus, Niki Ashton, Guy Caron et Jagmeet Singh – mais veut d’abord discuter avec chacun d’entre eux.

Il avait reçu les appuis de 12 députés et d’ex-députés dont Alexandre Boulerice, Pierre-Luc Dusseault, Robert Aubin, Brigitte Sansoucy et François Choquette.

L’abandon de Peter Julian est un moment charnière dans cette course qui peinait à attirer l’attention du grand public, selon l’ex-directeur national du NPD, Karl Bélanger.

«Ça brasse les cartes, a-t-il remarqué. Ça devient une course à quatre alors les contrastes entre les candidats pourront être établis plus facilement. Les gens qui appuyaient M. Julian sur certaines politiques vont peut-être se ranger du côté de Mme Ashton, notamment pour les pipelines.»

Il croit que Peter Julian a eu de la difficulté à se distinguer des autres candidats lors des débats et note que sa campagne s’est essoufflée en cours de route.

«Peter Julian est un bon organisateur, mais sa campagne n’a pas levé malgré les appuis du plus grand nombre de députés fédéraux, a-t-il analysé. Il semble que leurs machines ne se soient pas vraiment mises à son service non plus.»

Une longue campagne

Les quatre candidats restants ont tous souligné l’apport de Peter Julian à la course à la direction du NPD.

Celui-ci a mené une campagne de principes, selon la députée de Churchill—Keewatinook Aski, Niki Ashton, qui s’est dite attristée par son retrait.

«C’est triste de voir un candidat qui a présenté de très bonnes idées et une plateforme détaillée, qui a fait le travail sur le terrain, mais qui ne peut pas continuer à cause des frais élevés d’une campagne», a-t-elle réagi.

Celle qui a accumulé plus de 65 000 $ au premier trimestre — dont 25 000 $ de sa poche — a indiqué que ses dons au deuxième trimestre sont satisfaisants, sans toutefois dévoiler combien ils totalisent. Les chiffres seront rendus publics par Élections Canada à la fin du mois.

«La course est très longue et c’est difficile de lever des fonds pour développer les équipes partout au Canada, a noté, pour sa part, le député de Timmins-Baie James, Charlie Angus. Donc, j’ai beaucoup de respect pour M. Julian et je respecte sa décision.»

Charlie Angus est celui qui a récolté la plus grande somme au premier trimestre, soit plus de 110 000 $.

Jagmeet Singh s’est également dit attristé par le retrait de Peter Julian. «Homme de principe, il fait figure de mentor pour plusieurs au parlement fédéral», a-t-il écrit dans une déclaration.

«Il a été l’un des premiers à me souhaiter sincèrement la bienvenue dans la course à la chefferie», a-t-il ajouté, tout en soulignant qu’il avait hâte de travailler avec lui.

Sa campagne reste muette sur les dons qu’il a recueillis depuis son entrée en scène.

Le député de Rimouski-Neigette—Témiscouata—Les Basques, Guy Caron, a rappelé l’engagement dès l’adolescence de Peter Julian envers le NPD.

«J’ai hâte de lutter avec toi en 2019 pour élire le premier premier ministre néo-démocrate, et ce, peu importe qui gagne la course à la direction», a-t-il écrit sur sa page Facebook.

«Les néo-démocrates de partout au pays sont très chanceux de t’avoir dans la famille», conclut-il.

Guy Caron a accumulé un peu plus de 57 000 $ durant les trois premiers mois de 2017.

Les candidats avaient jusqu’à lundi pour confirmer leur candidature dans la course à la direction du NPD, mais le retrait de Peter Julian survient juste à temps pour que son nom soit retiré des bulletins de vote.

Le NPD a choisi de tenir un scrutin préférentiel. Le vote commencera en ligne le 18 septembre et les résultats du premier tour seront dévoilés le 1er octobre. Le prochain débat aura lieu le 11 juillet à Saskatoon.

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