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L’industrie forestière s’inquiète de la stratégie de protection du caribou

reindeer in swedish Lapland Photo: Getty Images/iStockphoto
Mia Rabson, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — Les entreprises forestières canadiennes soutiennent que la stratégie envisagée par Ottawa pour protéger le caribou est une entreprise risquée qui ne sera pas très efficace mais nuira à cette industrie, qui en a déjà plein les bras avec les tarifs douaniers américains sur le bois d’oeuvre.

Le chef de la direction de l’Association des produits forestiers du Canada, Derek Nighbor, a écrit cette semaine à la ministre fédérale de l’Environnement, Catherine McKenna, pour lui demander de reconsidérer la stratégie proposée à la fin de juillet par son gouvernement pour protéger le caribou des bois.

Le cervidé est omniprésent sur les pièces de 25 cents mais en forêt, il est menacé d’extinction si rien n’est fait pour freiner son déclin, préviennent des scientifiques. La population boréale du caribou des bois est désignée comme menacée en vertu de la Loi canadienne sur les espèces en péril. En vertu de cette loi, le gouvernement canadien a la responsabilité de faire tout ce qu’il peut pour protéger l’espèce. Le caribou des bois a aussi été désigné espèce vulnérable par le gouvernement du Québec en mars 2005.

M. Nighbor plaide que l’industrie souhaite plus que quiconque protéger les animaux, mais que la stratégie fédérale est basée sur des données scientifiques incomplètes concernant l’impact de l’activité industrielle sur les populations de caribous. Cette stratégie ne prendrait pas en compte, selon lui, d’autres facteurs comme le changement climatique, la pollution de l’air, les prédateurs naturels et les maladies.

Selon l’Association des produits forestiers, des études récentes suggèrent que les populations de caribous sont en déclin dans des secteurs où l’industrie est pourtant peu présente, comme le parc national de Banff ou le nord du Labrador. À contrario, leurs populations augmenteraient dans des secteurs à haut niveau de perturbation, comme au Lac-Saint-Jean.

Ottawa souhaite notamment injecter plus de fonds dans la recherche scientifique et sollicite l’avis des experts. L’Association des produits forestiers craint que l’échéancier d’octobre fixé aux provinces pour déposer leur stratégie de rétablissement du caribou sur leur territoire ne soit trop serré pour tenir compte des résultats des plus récentes études.

La biologiste Kate Lindsay, vice-présidente, durabilité et partenariats environnementaux, à l’Association, soutient que chacune des 51 aires de répartition du caribou au pays a des caractéristiques et des besoins différents, et devrait être traitée de façon distincte. Pourtant, soutient-elle, Ottawa persiste à restreindre les activités industrielles à 35 pour cent de tous ces habitats. Selon Mme Lindsay, Ottawa fait fausse route en appliquant de façon uniforme à toutes les aires de répartition du caribou cette règle du 35 pour cent.

Jonathan Wilkinson, adjoint parlementaire de la ministre McKenna, a soutenu vendredi que la plupart des provinces devraient être prêtes à présenter leur plan de rétablissement du caribou d’ici l’échéancier d’octobre, fixé il y a cinq ans.

Éric Hébert-Daly, directeur général national de la Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP), indiquait à La Presse canadienne cette semaine qu’il existe déjà de «solides recherches» consacrées aux impacts sur le caribou d’activités humaines comme l’industrie forestière et le secteur des hydrocarbures. La décision sur le pourcentage de forêt à protéger est selon lui d’ordre politique, les gouvernements devant tenir compte des nombreux intérêts en jeu.

«On ne veut pas éliminer des emplois mais plutôt trouver des solutions efficaces», plaide M. Hébert-Daly.

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