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Des «nationalistes blancs canadiens» indésirables

Liam Casey, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

TORONTO — L’Université de Toronto a refusé à un groupe canadien de «nationalistes blancs» l’accès à son campus pour une activité en septembre.

Le «Parti nationaliste canadien» indique sur sa page Facebook qu’il tiendra un rassemblement à l’Université de Toronto le jeudi 14 septembre, en soirée, pour discuter «du mouvement nationaliste au Canada et de l’avenir de notre pays». La porte-parole de l’université, Althea Blackburn-Evans, a cependant précisé mercredi que le groupe avait été prévenu qu’il ne serait pas le bienvenu sur le campus.

Dans un communiqué qui ne fait pas allusion directement au groupe «nationaliste canadien», le président de l’université, Meric Gertler, indique que l’intolérance, la haine et la violence n’ont pas leur place sur le campus. Alors que l’institution s’apprête à accueillir les étudiants et le personnel pour la nouvelle année scolaire, il a estimé qu’il était important de «réaffirmer l’engagement collectif et indéfectible de la communauté universitaire envers la diversité, l’équité et l’inclusion». M. Gertler soutient que ces valeurs d’ouverture constituent la pierre angulaire de l’enseignement et de la vie universitaires.

Le président a par ailleurs condamné les affrontements sanglants qui ont opposé des suprémacistes blancs et des militants antiracisme à Charlottesville, en Virginie, la fin de semaine dernière. Ces événements rappellent selon lui à quel point il faut dénoncer les actes de violence.

L’Université de Toronto précise que le «Parti nationaliste canadien» n’avait pas demandé à réserver un espace sur le campus pour tenir son rassemblement en septembre. L’université a par ailleurs demandé à Facebook d’effacer la page de l’événement — mais elle s’y trouvait toujours mercredi après-midi. L’invitation sur Facebook avait provoqué un tollé dans les médias sociaux.

«Suppression du peuple fondateur»

Travis Patron, leader du groupe, a affirmé ne pas renoncer à l’organisation de l’événement et a dit envisager d’autres lieux, sans donner plus de détails. Lorsque questionné à savoir s’il se considérait «suprémaciste», M. Patron a référé La Presse canadienne à une vidéo qu’il a publiée mercredi sur le site web du groupe.

«Nous ne sommes pas un mouvement suprémaciste blanc, nationaliste blanc ou d’extrême-droite. Nous ne représentons pas exclusivement une seule race. Nous ne croyons pas qu’une race en particulier est supérieure ou inférieure à n’importe quelle autre», dit M. Patron dans la vidéo.

Il a ajouté que le groupe est opposé à l’homosexualité, au transgénérisme, à l’«islamisation du pays» et au mondialisme. «En 1971, 97 pour cent de la population du Canada était d’appartenance ethnique européenne. Par conséquent, nous demandons que la suppression de la population canadienne fondatrice, un ordre du jour mis de l’avant par Pierre Trudeau et accéléré par Justin Trudeau, soit stoppée immédiatement», indique l’une des demandes du groupe.

Dans l’invitation sur Facebook, le «Parti nationaliste canadien» prévenait les sympathisants que lors du rassemblement à Toronto, «on ne tolérerait aucune menace verbale ni aucun geste d’intimidation envers les orateurs, les hôtes ou des membres de l’assistance. Notre politique est très claire: quiconque voudra enfreindre la liberté d’expression ou l’intégrité physique d’un participant sera immédiatement escorté vers la sortie et confié aux forces de l’ordre».

Ailleurs à Toronto ?

Le groupe pourrait tout de même tenir son rassemblement sur des terrains de la Ville pourvu qu’il obtienne une autorisation et qu’il s’engage par écrit à respecter les règlements municipaux contre la discrimination et le harcèlement.

La porte-parole Wynna Brown a affirmé que la Ville de Toronto «ne tolérera pas, n’ignorera pas et ne cautionnera pas la discrimination et le harcèlement illégal, et est engagée à promouvoir le respect, la tolérance et l’inclusion dans le cadre de l’autorisation de l’usage de l’espace public et des installations de la Ville».

À Ottawa, un porte-parole du chef conservateur, Andrew Scheer, ardent défenseur de la liberté d’expression, a soutenu mercredi que l’Université de Toronto était en droit de refuser l’accès au Parti nationaliste canadien.

Lors de la campagne à la direction du Parti conservateur, puis encore le jour de son élection, M. Scheer a promis de priver de financement fédéral toute université qui ne garantirait pas le droit à la liberté d’expression sur son campus. Le chef conservateur souhaitait surtout éviter que de petits groupes puissent empêcher la tenue d’événements auxquels ils seraient opposés.

M. Scheer n’a pas précisé comment cette politique s’appliquerait concrètement, et l’incident de l’Université de Toronto pourrait constituer un test pour déterminer les limites de ce droit fondamental. Son porte-parole, Jake Enright, n’a pu expliquer précisément mercredi les critères qui ont guidé M. Scheer dans le dossier de l’Université de Toronto.

Note aux lecteurs: Ceci est une version corrigée. Une version précédente utilisait le mauvais prénom pour Meric Gertler.

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