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Avortements en Nouvelle-Écosse: accès régi par des coutumes

Andrew Vaughan / La Presse Canadienne Photo: Andrew Vaughan

HALIFAX — Le ministre de la Santé de Nouvelle-Écosse croit que c’est peut-être l’usage, et non la loi, qui oblige les femmes de cette province à obtenir une recommandation d’un médecin de famille pour obtenir un avortement.

Dans une entrevue sur l’accès à l’avortement, historiquement difficile dans cette province, Randy Delorey admet qu’à sa connaissance, aucune loi ou aucun règlement ne prévoit cette obligation, qui serait donc une coutume en Nouvelle-Écosse, puisqu’aucun fondement clinique ne vient l’appuyer.

Cette province est la seule au pays à obliger les femmes qui désirent se faire avorter à passer d’abord par leur médecin de famille. Les défenseurs du droit à l’avortement soutiennent que cette étape retarde inutilement une intervention qui doit pourtant être pratiquée sans délai. Plusieurs femmes interrogées par La Presse canadienne pour un dossier sur le sujet ont soutenu que cette consultation chez le médecin de famille avait été humiliante ou culpabilisante.

Le ministre Delorey a par la suite demandé à des fonctionnaires du ministère et de la Régie de la santé de Nouvelle-Écosse de se pencher sur ce dossier et de proposer des mesures dans le but d’améliorer l’accès à l’avortement. Le ministre demande notamment d’où vient cette obligation de se faire référer par un omnipraticien: s’il s’agit d’une simple coutume, alors il sera aisé d’améliorer l’accès par cette voie, a soutenu M. Delorey.

La docteure Lianne Yoshida, codirectrice d’un service d’interruption de grossesse à Halifax, a indiqué que le gouvernement lui avait demandé de formuler des recommandations pour améliorer l’accès à l’avortement. Elle admet aujourd’hui que l’abolition de cette coutume ne constituerait que la première étape de la réforme.

La docteure Yoshida souhaite par exemple que les femmes puissent obtenir un test sanguin et une échographie pour déterminer la période de gestation et bénéficier ensuite, le jour même, d’un avortement le cas échéant. Selon elle, cette pratique permettrait non seulement d’accroître l’accès à l’avortement, mais aussi de réduire les coûts des soins de santé, en éliminant des rendez-vous chez le médecin de famille.

La docteure Yoshida recommandera aussi l’introduction de la pilule abortive Mifegymiso, approuvée par Santé Canada en 2015. Le ministre Delorey a indiqué que son gouvernement n’avait pas encore décidé d’offrir gratuitement la pilule abortive, comme l’ont fait déjà cinq provinces, dont le Nouveau-Brunswick et le Québec.

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