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Qu’est le PQ devenu?

The new Parti Quebecois leader Jean-Francois Lisee speaks to supporters after he was elected at the Parti Quebecois leadership event, Friday, October 7, 2016 in Levis Que. THE CANADIAN PRESS/Jacques Boissinot Photo: La Presse canadienne

Me souviens d’une discussion à bâtons rompus, tenue en pleine course à la chefferie du Parti québécois, avec un ancien étudiant. Un type brillant, allumé, le cœur politique à la bonne place. Bref, tout pour se faire aimer. L’indépendance, dit-il, est nécessaire à la réalisation d’objectifs progressistes. Point de vue légitime.

Surprise totale, toutefois, lorsqu’il m’annonce appuyer, lors de cette même course, Jean-François Lisée. Celui-là qui, quelque temps auparavant, faisait quelques jambettes au meneur Cloutier, notamment en l’associant (malicieusement) à l’imam Charkaoui, en suggérant (malicieusement) l’adéquation entre la burka et le AK-47, en dénonçant (malicieusement) les simples vœux de «bonne fin de ramadan» prononcés par son opposant*.

Qu’un progressiste appuie un mec de ce genre laisse perplexe. Sa réponse? Ben non, seulement une stratégie afin de remporter la chefferie. Il rangera, après-coup, la cassette démago-identitaire. La mienne : 1) si pour gagner la chefferie du PQ, un candidat se sent obligé de recourir à pareille bassesse, ça sent la perdition à plein nez; 2) Lisée n’a d’autre conviction que celle du calcul politique,
peu importe son odeur ou la longueur des couleuvres à avaler.

Lisée n’a d’autre conviction que celle du calcul politique, peu importe son odeur ou la longueur des couleuvres à avaler.

Force est de constater que le deuxième point tend à se confirmer. Une preuve récente? Les propos du chef péquiste sur les demandeurs d’asile haïtiens, tenus à quelques semaines de son premier vote de confiance.

D’abord, que «[le] gouvernement nous dit qu’il est incapable de donner un deuxième bain dans les CHSLD, alors combien ça va coûter, 8, 10, 15 000 demandeurs d’asile qui restent au Québec pendant 3 ans?» Ensuite, que ces demandeurs d’asile sont «les invités de Trudeau».

Et voilà. De la démagogie à son meilleur. Et si vous me permettez, pas l’idée la plus brillante non plus. Qui étaient, au juste, les deux communautés culturelles les plus sympathiques au projet d’indépendance du Parti québécois? Les Maghrébins et les Haïtiens.

RIP, l’appui des premiers depuis l’épisode de la charte. Et RIP potentiel pour ce qui est de l’appui des deuxièmes, maintenant. On fera ainsi l’indépendance avec le vote blanc, franco et catho. De Granby à Saint-Jérôme, en passant par Amos. Solide calcul.

Comme l’écrivait hier l’ami P.-L. Cauchon : «Dire que le gouvernement de René Lévesque avait forcé la main du fédéral en 1980 pour l’obliger à amnistier 5 000 Haïtiens restés au Québec après l’expiration de visas de courte durée. Le Québec de cette époque savait s’affirmer par sa générosité… C’est les ministres péquistes de l’époque, Couture et Godin, qui avaient lancé la grande opération de régularisation de cette première vague de réfugiés haïtiens. Aujourd’hui, Lisée parle des demandeurs d’asile haïtiens comme étant les “invités de Trudeau”… Un vrai fossoyeur de son parti.»

Pas mal ça. L’heure des choix, si vous voulez mon avis, pour les progressistes du PQ. On finira, autrement, par les croire complices.

* Sans compter maintes autres incartades du genre, dont le célèbre «Y’a des hidjabs partout, ça suffit!», ou encore l’idée d’un projet de loi visant à retirer le droit de siéger à l’Assemblée nationale, ainsi que le droit de vote municipal et scolaire à quiconque ne maîtriserait pas suffisamment le français.

Suivez Frédéric Bérard.

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