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Surdoses: mettez de côté la politique, dit un expert

Camille Bains, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

VANCOUVER — Les chefs des partis politiques fédéraux doivent unir leurs forces pour décriminaliser les drogues illicites en cette crise sans précédent des opioïdes, affirme un spécialiste des politiques sur les drogues.

Donald MacPherson, de la Coalition canadienne des politiques sur les drogues, avance que le raisonnement du premier ministre Justin Trudeau sur la légalisation de la marijuana — qui vise à protéger les jeunes et à cesser d’enrichir le crime organisé — doit également s’appliquer aux substances qui tuent des milliers de Canadiens.

M. MacPherson, qui a été l’architecte de la stratégie antidrogue de Vancouver, en 2001, recevra un prix Nora et Ted Sterling à l’Université Simon Fraser mardi prochain pour souligner son influence sur la réforme des politiques sur les drogues à l’échelle nationale.

Il estime que l’approvisionnement en fentanyl, cet analgésique détecté dans 81 pour cent des surdoses mortelles survenues en Colombie-Britannique entre janvier et juillet, exige une intervention radicale des politiciens.

Il exhorte les élus à mettre de côté la politique dans la lutte contre les dépendances — qui constituent selon lui un problème de santé et non de criminalité.

Le nouveau chef néo-démocrate, Jagmeet Singh, a appelé à la décriminalisation de la consommation de drogues telles que la cocaïne et l’héroïne, expliquant que la plupart des personnes qui font face à des accusations à cet effet sont pauvres, toxicomanes ou souffrent de troubles mentaux.

«Les mêmes exacts arguments qui sous-tendent l’approche de la décriminalisation du cannabis s’appliquent avec la même force aux autres drogues, argue le porte-parole du NPD en matière de santé, Don Davies. Des choses comme écarter le marché noir et le crime organisé, s’assurer que si les Canadiens vont consommer de la drogue, ils aient au moins accès à un approvisionnement sécuritaire et réglementé et le garder hors des mains des enfants.»

Son homologue conservatrice, Marilyn Gladue, maintient pour sa part que la décriminalisation serait inutile puisque «ces gens le font de toute façon, que ce soit légal ou pas».

Le gouvernement de Stephen Harper s’était d’ailleurs battu devant les tribunaux pour faire fermer le premier site d’injection supervisée du Canada, situé à Vancouver.

La mort d’au moins 2816 Canadiens était attribuable aux opioïdes l’an dernier, et l’administratrice en chef de la santé publique, Theresa Tam, s’attend à ce que ce chiffre dépasse le seuil des 3000 décès cette année.

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