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Les renseignements personnels en jeu dans l’ALÉNA

JONATHAN HAYWARD / La Presse Canadienne Photo: Jonathan Hayward/La Presse canadienne
Mike Blanchfield et Andy Blatchford, La Presse canadienne

OTTAWA — Certaines entreprises canadiennes des technologies de l’information rejettent l’idée que les renseignements personnels des Canadiens puissent être compromis par la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA).

Elles ne voient rien de mal dans une proposition des États-Unis qui interdirait le stockage de données sensibles dans des installations informatiques en territoire canadien.

Ces entreprises affirment que les données devraient pouvoir circuler librement d’un pays à l’autre, comme d’autres produits, et que cela ne compromettrait pas la protection de la vie privée des Canadiens.

Le vice-président de l’Association canadienne des technologies de l’information (ACTI), David Messer, a fait valoir que les éléments de vie privée et de sécurité nationale font partie de la discussion, mais que celle-ci ne devrait pas se limiter à ces questions. Selon M. Messer, il s’agit aussi de permettre aux entreprises de mener leurs activités comme elles l’entendent et «de ne pas nécessairement fragmenter internet».

Un autre groupe de l’industrie, le Conseil canadien des innovateurs, voit les choses autrement, et appelle le gouvernement fédéral à s’opposer à la proposition des États-Unis, faisant valoir des craintes entourant le «Patriot Act» aux États-Unis et des restrictions déjà moins strictes sur l’accès aux données pour les entreprises américaines.

Le président du groupe, Jim Balsillie, ancien patron de Research in Motion, a affirmé mercredi en entrevue qu’il craignait que le gouvernement soit faible à la table de négociations en ce qui a trait aux données — un enjeu «existentiel» pour le Canada, selon lui.

Bon pour Silicon Valley, bon pour le Canada?
M. Balsillie s’est entretenu avec des négociateurs canadiens à titre de président du Conseil canadien des innovateurs, qui représente des investisseurs et certaines des sociétés technologiques en plus forte croissance au Canada.

«À la lumière de ces interactions, je demeure profondément inquiet du manque de sophistication pour l’économie du XXIe siècle de notre équipe qui renégocie l’ALÉNA, surtout en ce qui concerne les données», a-t-il affirmé.

«Ma crainte est que nos négociateurs soient guidés par les politiques sur les données de grandes firmes américaines qui nous disent que ce qui est bon pour Silicon Valley est bon pour le Canada», a ajouté M. Balsillie.

Le groupe souhaite que le gouvernement du Canada appuie la «localisation de données», qui protégerait les renseignements personnels sensibles des Canadiens — particulièrement les informations financières et de santé — d’une intrusion américaine non désirée, en les stockant sur des serveurs au Canada.

Les États-Unis rejettent cette avenue, tout comme un certain nombre de sociétés technologiques canadiennes.

«Pour moi, le libre-échange et l’ALÉNA portent essentiellement sur la libre circulation des gens, des biens, des services, du capital et désormais les données représentent le cinquième élément», a affirmé en entrevue mercredi Dirk Schlimm, vice-président général de GeoTab, une entreprise établie à Oakville, en Ontario.

«Ce qui est proposé ici est du protectionnisme, car cela rend désormais impossible pour un joueur mondial, comme GeoTab, d’utiliser son réseau et de dire « Je veux avoir un stockage central de données et vendre notre système »», a-t-il soutenu.

Bien que certaines données soient clairement de nature privée, il y a un vaste éventail de «données non critiques» qui peuvent et devraient être partagées à travers les frontières, croit Altaz Valani, directeur de recherche de Security Compass, une firme de Toronto.

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