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Airbnb aurait fait du lobbyisme illégal, dit QS

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Selon les plus récents chiffres de la base de données «Inside Airbnb», datant de novembre, le nombre de logements entiers sur Airbnb atteint dorénavant 4043 dans Ville-Marie. Photo: Archives Métro
Caroline Plante, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

QUÉBEC — Des représentants de la compagnie Airbnb auraient fait du lobbyisme illégal auprès de deux ministres du cabinet Couillard, accuse Québec solidaire, qui demande une enquête. Airbnb soutient qu’il s’agit d’allégations sans fondement.

Québec a adopté au printemps 2016 la loi 67, qui exigeait que les locateurs d’Airbnb perçoivent la taxe sur l’hébergement et obtiennent une attestation officielle de Tourisme Québec. Des enquêteurs avaient aussi été désignés pour s’assurer que les nouvelles exigences soient respectées.

Une entente a par la suite été conclue avec la populaire plateforme de location de logements pour qu’elle perçoive elle-même la taxe sur l’hébergement de 3,5 pour cent par nuitée.

En plein processus parlementaire, la compagnie a organisé deux rencontres avec la ministre du Tourisme de l’époque, Dominique Vien, et la nouvelle ministre, Julie Boulet, sans s’inscrire au registre des lobbyistes.

Le 25 novembre 2015, trois représentants d’Airbnb, nommément Aaron Zifkin, Valérie Mac-Seing et Martin Geoffroy, ont rencontré Mme Vien. Seul M. Geoffroy était inscrit au registre à cette époque, selon Québec solidaire.

«Dans le contexte de l’adoption de la loi 67, (…) ce manquement nous apparaît inadmissible», écrit le député solidaire Amir Khadir au commissaire au lobbyisme, Jean-François Routhier, dans une missive envoyée le 2 novembre dernier.

«Cette violation des règles éthiques par une titulaire de charge publique semble d’autant plus problématique qu’une des personnes rencontrées, Aaron Zifkin, est le directeur d’Airbnb en Amérique du Nord.»

Le 6 avril 2016, un entretien de 45 minutes s’est aussi tenu entre quatre représentants de la compagnie et la ministre du Tourisme, Julie Boulet, à son bureau de Québec. Deux des représentants n’étaient pas inscrits en tant que lobbyistes, a renchéri Québec solidaire.

Airbnb a parlé par courriel tard jeudi d’allégations sans fondement.

«Ces allégations sans fondement sont incorrectes: tous les employés et associés d’Airbnb étaient en pleine conformité avec les lois provinciales sur le lobbying, et soit enregistrés de manière appropriée ou n’ayant pas l’exigence de le faire», a affirmé une porte-parole d’Airbnb, Lindsey Scully, dans une déclaration écrite, jeudi.

«Nous avons travaillé avec des centaines de gouvernements à travers le monde afin de créer des règles justes et claires pour l’habitation partagée, et avons travaillé sans relâche pour répondre à toutes leurs exigences en matière de lobbyisme», a aussi écrit la porte-parole.

Québec solidaire demande au commissaire au lobbyisme d’enquêter, pour voir s’il y a eu des manquements à la loi. «Le cas échéant, nous vous prions d’invoquer l’article 43 afin de soumettre au Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) le rapport d’enquête», a affirmé M. Khadir, qui ajoute craindre que ces «irrégularités importantes» aient permis à l’entreprise «d’exercer une influence indue sur le travail du législateur».

«C’est un bon test pour (le commissaire), pour voir s’il est capable enfin de mordre, a-t-il poursuivi en entrevue téléphonique. Donc à ne pas donner une impression malheureuse qui s’est glissée peu à peu dans la classe politique, que ce soit le commissaire au lobbyisme ou le commissaire à l’éthique, disons que c’est la complaisance qui guide leurs actions.»

Joint au téléphone jeudi, le porte-parole du commissaire, Daniel Labonté, n’a ni confirmé la réception de la lettre ni indiqué si le commissaire acceptait d’enquêter.

Selon la loi, l’inscription d’un lobbyiste-conseil doit être faite au plus tard le 30e jour suivant celui où il commence à exercer des activités de lobbyisme pour le compte d’un client; dans le cas d’un lobbyiste d’entreprise ou d’un lobbyiste d’organisation, ce délai est de 60 jours.

Ce n’est pas la responsabilité d’un ministre de voir à ce que l’entreprise qu’il rencontre respecte les règles, a fait valoir l’attaché de presse de la ministre Vien, Florent Tanlet.

Celui-ci précise que la rencontre du 25 novembre 2015 a été rendue publique sur le site transparence.gouv.qc.ca trois mois après sa tenue. La rencontre du 6 avril 2016 avec Mme Boulet apparaît aussi sur le même site.

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