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La diaspora zimbabwéenne se croise les doigts

The Associated Press Photo:

Des membres de la communauté zimbabwéenne au Canada se croisaient les doigts, mercredi, en espérant que les événements de cette semaine seront enfin porteurs de changements durables pour ce pays.

L’armée du Zimbabwe contrôlait mercredi la capitale, Harare, et le diffuseur public de cet État du sud de l’Afrique. Le président Robert Mugabe et sa femme Grace seraient assignés à résidence, et le règne du plus vieux chef d’État de la planète semblait terminé, après 37 ans de règne sans partage. Les militaires répètent qu’il ne s’agit pas d’un coup d’État et qu’ils veulent simplement restaurer la démocratie en arrêtant les «criminels» dans l’entourage du président Mugabe. Les partisans de l’armée parlent d’«une correction sans effusion de sang».

Affaires mondiales Canada conseille aux ressortissants canadiens qui se trouvent dans la capitale du Zimbabwe de rester chez eux et de suivre attentivement les événements par l’entremise des médias.

Au Canada, des membres de la diaspora du Zimbabwe espèrent que les événements de cette semaine marqueront le début d’une nouvelle ère pour ce pays. «Ça va changer beaucoup de choses», estime Regis Musango, président de la Société culturelle zimbabwéenne de l’Alberta. «Les élections (de 2018) se tiendront de façon démocratique et paisible, et le leader sera choisi par la population — il ne lui sera plus imposé.»

Robert Mugabe, âgé de 93 ans, dirige le Zimbabwe depuis que l’ancienne Rhodésie britannique a obtenu son indépendance en 1980. Il a souvent été accusé de violation des droits de la personne, notamment à l’encontre des dissidents, alors que le pays est confronté à une inflation galopante et à des sanctions économiques internationales.

Des membres de la communauté zimbabwéenne au Canada espèrent qu’un nouveau gouvernement pourra être formé et permettre la reprise des échanges commerciaux.

«Je suis retournée au Zimbabwe cette année, après 17 ans, et c’était désolant de voir à quel point ce pays s’était détérioré», raconte Belinda Fernandez, une Torontoise née au Zimbabwe. «Des secteurs autrefois cossus sont aujourd’hui très denses, avec des odeurs d’égouts qui flottent dans l’air de certains quartiers d’Harare.»

Remedzai Kawadza, secrétaire de l’Église méthodiste unie zimbabwéenne de Toronto, soutient que la population était frustrée de constater les graves inégalités économiques — des partisans de Mugabe qui se baladent en Rolls Royce alors que les hôpitaux et les écoles manquent de tout. «Nous n’en pouvons plus de ce même leader qui ne sait pas gérer depuis 37 ans.»

Munya Madzinga, d’Edmonton, croit aussi qu’il s’agit du début d’une nouvelle ère pour la population du Zimbabwe et la diaspora, qui a souvent quitté ce pays à cause des problèmes économiques. «C’est ce qu’il fallait au Zimbabwe: quelqu’un qui s’avance.»

Mais certains s’inquiètent des lendemains qui déchantent. Remedzai Kawadza, de l’Église méthodiste, craint que les militaires n’installent au pouvoir un autre membre de la vieille élite politique, qui placera aussi ses intérêts avant ceux de la nation. «Il n’y aura pas de liberté dans ce pays tant que la culture et les comportements de cette génération-là ne seront pas tassés.»

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