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Un élu demande de se pencher sur le cas de Beyak

A picture of Senator Lynn Beyak accompanies other Senators' official portraits on a display outside the Senate on Parliament Hill in Ottawa on Thursday, Sept. 21, 2017. The Conservative party is facing questions on why it failed to oust Sen. Lynn Beyak from its caucus sooner despite repeated calls from Indigenous leaders. THE CANADIAN PRESS/Sean Kilpatrick Photo: THE CANADIAN PRESS

OTTAWA — Le député néo-démocrate Charlie Angus demande au premier ministre d’analyser le cas de la sénatrice Lynn Beyak, qui a selon lui utilisé de manière inappropriée les ressources du Sénat pour «répandre de fausses informations» sur les Autochtones.

Dans une lettre datée du 5 janvier adressée à Justin Trudeau, le porte-parole du parti en matière d’affaires autochtones soutient qu’il est inacceptable que la sénatrice ait mené une telle «campagne de désinformation» grâce aux «importantes ressources» de la chambre haute.

Le député Angus se réjouit que le chef conservateur Andrew Scheer ait «enfin radié» Lynn Beyak du caucus conservateur, tard jeudi soir, mais ce «modeste premier pas» ne suffit pas: il faut s’attarder à «la question plus vaste de l’abus de pouvoir flagrant», insiste-t-il.

Il enjoint le premier ministre à contacter les sénateurs libéraux indépendants, le chef conservateur ainsi que son caucus sénatorial «afin d’utiliser les outils du Sénat pour traiter de l’échec fondamental de Mme Beyak à servir comme représentante de la population canadienne».

La ministre fédérale des Affaires autochtones, Carolyn Bennett, a également déploré le fait que la sénatrice nommée par Stephen Harper puisse continuer à jouir de sa position et des ressources parlementaires pour relayer ses opinions «mal informées et offensantes».

Car ce faisant, Mme Beyak ne fera que «valider les opinions de ceux qui refusent d’accepter la vérité et propagent la désinformation qui continue à nourrir le racisme dans notre pays», a-t-elle regretté dans une déclaration publiée vendredi sur son compte Twitter.

La veille, une porte-parole du Sénat avait fait valoir que «chaque sénateur est responsable du contenu que lui-même et son personnel choisissent de publier sur son propre site web», en réponse aux questions de La Presse canadienne sur l’utilisation de ressources sénatoriales.

«Le Sénat offre des services limités aux sénateurs pour leurs sites web, notamment des modèles et l’hébergement web pour leur usage personnel, dans le cadre de la trousse de ressources administratives à la disposition de tous les sénateurs», a expliqué Alison Korn.

La sénatrice Beyak s’est fait montrer la porte du caucus de la formation par le leadership conservateur après des mois passés sur la sellette en raison des divers propos qu’elle a formulés au sujet des pensionnats autochtones et sur les Autochtones en général.

Elle avait notamment plaidé, au printemps dernier, qu’il y avait de bonnes intentions derrière la mise sur pied de ces institutions. Quelques mois plus tard, elle avait suggéré dans une lettre publiée sur son site internet que les Autochtones n’étaient pas des citoyens canadiens.

La goutte qui a fait déborder le vase, pour le chef Andrew Scheer, est la récente publication de commentaires racistes figurant dans certaines des dizaines de «lettres d’appui» mis en ligne sur la page web sénatoriale personnelle de Lynn Beyak.

Dans un communiqué transmis en fin de soirée, jeudi, il cite celui où il est écrit que «toutes les cultures opportunistes, chasseurs/cueilleurs (sic) de subsistance, essaient de trouver tous les moyens de s’en tirer sans aucun effort».

«J’ai demandé à la sénatrice de retirer ce contenu de son site web. Elle a refusé. En raison de ses actions, Larry Smith, leader conservateur au Sénat et moi avons exclu la sénatrice Lynn Beyak du caucus conservateur», a-t-il déclaré.

Il a été impossible de s’entretenir avec la principale concernée dans cette histoire. Les courriels de La Presse canadienne sont demeurés sans réponse, et la boîte vocale au bureau de la sénatrice est pleine.

Lenteur critiquée

L’an dernier déjà, des députés à Ottawa et plusieurs leaders autochtones, dont le chef de l’Assemblée des Premières Nations, Perry Bellegarde, exhortaient Andrew Scheer à éjecter Mme Beyak du caucus national conservateur.

«Elle devrait démissionner, ou du moins être exclue du caucus par le chef conservateur, afin de démontrer l’attachement véritable de ce parti à la vérité et à la réconciliation», soutenait M. Bellegarde en septembre dernier.

Pendant son année passée sous les projecteurs médiatiques, en 2017, la sénatrice n’a jamais rectifié ses déclarations, a accusé les médias de désinformation et a toujours martelé qu’elle était à la chambre haute pour y rester. Elle a bénéficié de l’appui de certains de ses collègues.

La lenteur du chef Scheer à poser un geste a été soulevée par des libéraux sur les réseaux sociaux dès l’annonce de l’exclusion de Lynn Beyak, jeudi soir. Dans la missive qu’il a adressée au premier ministre Trudeau, le député Charlie Angus y fait également allusion.

«Imaginez si un titulaire d’une charge publique se servait de son poste pour attaquer des groupes minoritaires ou pour nier les horreurs de l’Holocauste; des mesures rapides et décisives seraient prises», a argué l’élu néo-démocrate.

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