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Les parents exclus des transports médicaux aériens

Morgan Lowrie, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Un groupe de médecins québécois demande au gouvernement provincial de modifier sa politique qui interdit aux parents d’accompagner leur enfant malade à bord des avions de transport médical dans les régions éloignées.

Une situation qui touche particulièrement les Inuits, qui ont déjà souffert de discrimination dans les services de protection de la jeunesse et dans le système de santé par le passé.

Dans une lettre transmise en décembre, ils affirment que d’envoyer des enfants à l’hôpital sans la présence d’un parent représente un traumatisme qui peut «avoir des effets émotionnels et psychologiques néfastes».

Ils ajoutent que l’absence d’un parent entraîne plusieurs problèmes pour les médecins face aux enfants qui parfois ne parlent pas encore, ou parlent uniquement l’inuktitut.

L’absence d’informations «peut compromettre leur traitement et nuire à leur sécurité», écrivent les médecins. Ils sont alors forcés de procéder à plusieurs examens, non sans risques.

L’absence de consentement parental représente également «un enjeu majeur», surtout dans les cas qui nécessitent des interventions chirurgicales, soulignent-ils.

De nombreux exemples

Selon la lettre signée par les pédiatres Samir Shaheen-Hussain, Harley Eisman et Saleem Razack, au moins deux cas précis ont été observés dans lesquels la sécurité des enfants a été compromise par l’absence de supervision d’un proche.

Dans un premier cas, «une jeune fille transférée seule a failli s’évader de l’hôpital parce qu’elle voulait retourner chez elle», alors que dans un deuxième cas, «un bambin est tombé de sa bassinette».

Le Dr Saleem Razack en a rajouté en entrevue à La Presse canadienne. Il a raconté l’histoire d’un jeune adolescent victime d’un tir d’arme à feu accidentel à la tête. Il a été transporté d’urgence par avion et les médecins ont dû constater sa mort cérébrale à l’hôpital. Mais comme les parents ne sont arrivés que 48 heures plus tard, ils ont dû poursuivre les soins.

Une autre jeune fille, atteinte de méningite, est arrivée consciente, mais très mal en point. Complètement effrayée devant les médecins, elle ne pouvait pas communiquer avec le personnel puisqu’elle ne parlait pas la langue. Elle a dû attendre 24 à 36 heures avant de pouvoir être réconfortée par ses proches.

Il parle aussi d’un scénario «commun» de bébés d’à peine six mois en détresse respiratoire qui sont envoyés à l’hôpital par avion sans leurs parents.

Au-delà des risques pour la sécurité physique, les médecins insistent sur le besoin de sécurité psychoémotive des enfants soignés loin de chez eux.

«Nos collègues ont, à maintes reprises, rapporté un sentiment d’impuissance et d’indignation en voyant un enfant seul pleurer de façon inconsolable simplement à cause du fait qu’il avait peur et/ou qu’elle était en douleur, et qu’il n’y avait pas de parent pour la ou le réconforter», écrivent-ils.

Québec devant un dilemme

Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, dit avoir «beaucoup d’empathie pour les parents qui souhaitent voyager avec leur enfant», mais il soutient se trouver face à un dilemme.

«Ou bien on a moins de capacité de transport de patients, mais plus de famille, ou bien on fait ce que l’on fait actuellement et on a une meilleure capacité de transport de patients», a-t-il exposé.

Il soutient que pour pouvoir faire de la place aux parents à bord des avions, les appareils devraient être reconfigurés et céder de l’espace destiné aux soins des patients.

La porte-parole du service hospitalier responsable du programme de transport aéromédical, Geneviève Dupuis, précise que les deux avions-ambulances ne disposent que de cinq sièges en raison de la présence d’équipement médical, de lits et d’incubateurs.

Elle reconnaît tout de même que les responsables du programme sont ouverts aux changements et que des discussions sont en cours pour évaluer les façons d’améliorer le service.

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