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Attaque d'un pitbull: le maître reconnu coupable

Photo: Jean Laramée/TC Media
Stéphanie Marin, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

LONGUEUIL, Qc — La procureure de la Couronne a demandé une peine de pénitencier de trois ans pour le propriétaire d’un pitbull déclaré coupable, jeudi, de négligence criminelle ayant causé de graves blessures à une fillette de sept ans, mais le juge a indiqué qu’il avait en tête une peine plus sévère car il «y a un message à lancer».

Le juge Pierre Bélisle de la Cour du Québec a lu son jugement jeudi matin au palais de justice de Longueuil, par lequel il a déclaré Karim Jean Gilles coupable de négligence criminelle ayant causé des lésions corporelles à la petite Vanessa Biron en septembre 2015.

Il s’agirait de la première fois qu’une personne au Québec est reconnue coupable de négligence criminelle au terme d’un procès pour une attaque commise par son animal.

L’homme n’a pas réagi quand le verdict est tombé.

La mère de Vanessa avait les larmes aux yeux quand elle a entendu le mot «coupable» et a serré fortement la main de son conjoint. Celui-ci, Bernard Biron, s’est déclaré soulagé et très satisfait du verdict.

Il a dit aux journalistes qu’il n’avait pas d’opinion sur la peine qui devrait être imposée à M. Jean Gilles. Il a ajouté que sa fille Vanessa n’est pas rancunière, et qu’elle-même ne souhaitait pas qu’il écope d’une peine trop sévère.

Le juge Bélisle a déclaré en rendant son jugement que l’accusé est «irresponsable» et qu’il «se moque éperdument de la loi et de la sécurité d’autrui» .

«Il aurait dû prévoir les conséquences de son inaction», a lu le juge. Il savait que ses chiens étaient dangereux et n’a pris aucune mesure pour empêcher qu’ils s’en prennent à quelqu’un, a-t-il ajouté.

Dans sa plaidoirie, l’accusé avait suggéré qu’il y avait peut-être eu provocation de la part de la petite victime.

«Cet argument est sans fondement», a tranché le juge Bélisle d’un ton sec.

Selon lui, l’accusé a démontré une «insouciance déréglée» envers la sécurité d’autrui, en omettant de munir ses chiens de colliers et de laisses lorsqu’ils étaient à l’extérieur, en ne clôturant pas sa propriété de façon adéquate pour empêcher que ses chiens ne s’échappent, et en laissant les deux chiens à sa mère, qui n’avait pas la capacité physique pour les maîtriser.

La peine réclamée

Les représentations sur la peine ont eu lieu jeudi, immédiatement après le verdict.

Citant les graves blessures subies par la fillette, les antécédents criminels de Karim Jean Gilles, le risque de récidive, son absence de remords et d’empathie, la procureure de la Couronne, Claudie Gilbert, a demandé une peine de prison de trois ans à purger de façon consécutive, c’est-à-dire après celle pour laquelle il est actuellement incarcéré.

«Moi je pensais à une peine plus sévère… plus que trois ans», a rétorqué le juge Bélisle, qualifiant l’accusé de «téflon», sur lequel les peines ne semblent pas avoir d’effet.

«Ça me préoccupe. Il y a un message à lancer», a-t-il ajouté.

Il a dit que l’homme aura une peine «sévère, peut-être même exemplaire».

Le 20 septembre 2015, la petite Vanessa Biron s’était rendue au parc Marquise de la ville de Brossard avec sa soeur de cinq ans et sa mère. C’est là qu’elle a été attaquée par le pitbull de l’accusé, pendant que son autre chien tournait autour d’elle en grognant et en jappant. La mère de Vanessa s’est jetée sur elle pour servir de bouclier humain.

Les blessures de Vanessa

Son père, Bernard Biron, a témoigné lors des représentations sur la peine pour faire part au tribunal de tout ce que sa fille a subi et les conséquences pour la famille.

Il a relaté que sa fille a notamment subi des blessures au visage, en plus d’une fracture au crâne et à une main. Les muscles et les nerfs d’un côté de son visage ont été broyés et un os de sa joue a été fracturé en sept morceaux, a détaillé M. Biron, en regardant de temps en temps l’accusé qui était impassible. Elle a une paralysie au visage, n’a plus de glandes salivaires et son canal auditif a été «détruit». La morsure du chien a causé une importante infection du cerveau.

«La moitié gauche de son visage est paralysé, sa paupière gauche ne fermera plus complètement», a expliqué le père, pendant qu’on pouvait entendre la mère de Vanessa pleurer.

Les cicatrices seront visibles pour le reste de sa vie et sa fille refuse qu’on coupe ses cheveux car elle s’en sert pour cacher son visage, a dit M. Biron.

L’accusé, qui se représente seul, n’a pas témoigné à son procès ni fait entendre de témoins. Il n’a pas non plus présenté d’arguments pour avoir une peine réduite, ni voulu s’adresser aux parents de la petite fille.

La mère de l’accusé, Hyacinth Parker, était celle qui se trouvait avec les chiens au parc le jour de l’attaque. Elle avait aussi été accusée de négligence criminelle, mais avait plaidé coupable. Elle a écopé de 240 heures de travaux communautaires.

La peine de Karim Jean Gilles sera prononcée par le juge Bélisle le 23 mars.

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