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Extraire le CO2 de l'air pour produire du carburant

HO / La Presse Canadienne Photo: HO
Bob Weber, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

On dirait presque de l’alchimie: aspirer le dioxyde de carbone de l’atmosphère où il contribue aux changements climatiques pour le transformer en carburant pour les voitures, les camions et les avions.

Une entreprise de la Colombie-Britannique affirme dans une étude publiée récemment que c’est ce qu’elle réussit à faire — et pour moins d’un tiers du coût des autres entreprises travaillant sur la même technologie.

«Ce n’est pas une présentation PowerPoint, a déclaré Steve Oldham, de Carbon Engineering. C’est réel.»

Au moment où les responsables essaient de trouver comment maintenir le réchauffement climatique dans la limite de deux degrés Celsius prévue par l’accord de Paris, on craint que les émissions de dioxyde de carbone ne soient pas réduites assez rapidement. Certains croient que le carbone devra être activement retiré de l’atmosphère.

Dans un article publié jeudi par le journal scientifique «Joule», Carbon Engineering décrit ce qu’elle appelle la «capture directe d’air» par laquelle le dioxyde de carbone est éliminé de l’atmosphère par un processus chimique, puis combiné avec de l’hydrogène et de l’oxygène.

«Si ce ne sont pas des carburants renouvelables, qu’est-ce qui en serait?», a demandé David Keith, professeur de physique appliquée à l’Université Harvard, auteur principal du document et scientifique en chef de Carbon Engineering.

Au moins sept entreprises dans le monde planchent sur cette idée. Climeworks, une société établie en Suisse, a déjà construit une usine à échelle commerciale.

Il en coûte environ 600 $ US la tonne à Climeworks pour éliminer le carbone de l’atmosphère. Carbon Engineering prétend pouvoir faire la même chose pour un coût variant de 94 $ US à 232 $ US la tonne parce qu’elle utilise une technologie et des composants qui sont bien compris et disponibles.

«Nous exploitons l’équipement industriel existant, puis nous définissons un nouveau processus et appliquons une chimie unique», a expliqué M. Oldham.

Une expansion facilement envisageable

L’usine de Carbon Engineering à Squamish, en Colombie-Britannique, tire actuellement environ une tonne de carbone par jour de l’air et produit environ deux barils de carburant. Puisque ses composants peuvent se trouver facilement dans les commerces, il serait tout à fait possible d’exploiter cette technologie à plus grande échelle, croit M. Oldham.

«Nous avons acheté la plus petite unité évolutive de chaque technologie que nous avons.»

Le carburant de Carbon Engineering coûte environ 25 pour cent de plus que l’essence produite à partir de pétrole. M. Oldham indique que l’entreprise s’affaire à abaisser ce prix.

Parce que l’usine utilise actuellement du gaz naturel, au moment où le carburant qu’elle produit a été brûlé, elle a produit une demi-tonne de dioxyde de carbone pour chaque tonne retirée de l’air. Cela lui donne une empreinte carbone inférieure de 70 pour cent à celle d’un combustible fossile, assure M. Oldham.

Cette empreinte diminuerait davantage si la centrale était entièrement électrique. Et si elle fonctionnait à l’énergie éolienne ou solaire, le carburant serait presque neutre en carbone.

Le secteur du transport sur de longues distances accueillerait un tel carburant à bras ouverts, croit M. Keith.

«L’énergie solaire et éolienne est incroyablement bon marché, mais seulement dans les très bons emplacements et seulement lorsque le vent souffle et que le soleil brille. Cette puissance bon marché n’amène pas un avion de Winnipeg à Halifax.

«Ce dont nous avons besoin, c’est d’un moyen de produire du carburant dans un endroit où nous avons une énergie faible en carbone et vraiment bon marché, qui va alimenter l’avion. C’est notre idée de base.»

Mettre un prix sur le carbone a été crucial pour le développement de Carbon Engineering, explique M. Oldham. «Nous ne serions pas dans les affaires si la tarification du carbone n’existait pas.»

La prochaine étape de Carbon Engineering consiste à construire une usine à grande échelle. Cela prendra environ deux ans et demi, estime M. Oldham.

L’un des grands avantages de la production de carburant à partir de l’air est l’indépendance énergétique, ajoute-t-il.

«N’importe quel pays, n’importe quelle région peut avoir son propre carburant. Il ne dépendra plus de la situation géopolitique, si le pays X a du pétrole et pas le pays Y.»

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Sur internet:

https://www.cell.com/joule/fulltext/S2542-4351(18)30225-3

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