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G7: le déploiement policier était excessif

Police speak to anti-G7 protesters in Beauport, Que. on Friday, June 8, 2018. THE CANADIAN PRESS/Paul Chiasson Photo: Paul Chiasson/La Presse canadienne
Stéphanie Marin, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Le déploiement des forces policières lors du récent sommet du G7 à La Malbaie était excessif et a pu constituer une entrave injustifiée aux libertés d’expression et de réunion pacifique, tranche un groupe d’observateurs indépendants mandatés par Québec.

Le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, leur avait donné pour mission «d’examiner de façon objective et impartiale le déploiement des différentes mesures de sécurité par les forces de l’ordre, en tenant compte de l’ensemble de la situation ainsi que de l’évolution des événements». Les observateurs n’avaient pas le mandat de mener une enquête allant au-delà des événements observés par eux pendant les manifestations entourant le G7. Leur rapport a été rendu public jeudi.

Le groupe était composé de deux professeurs de la Faculté de droit de l’Université Laval, Louis-Philippe Lampron et Christine Vézina, ainsi que d’un ancien sous-ministre associé aux affaires criminelles et pénales, Mario Bilodeau, maintenant retraité de la fonction publique québécoise.

Ils se sont baladés sur les lieux des manifestations, autant à Québec qu’à La Malbaie, en juin dernier.

Parmi leurs constats, ils ont relevé que le nombre de policiers — parfois selon un ratio d’un policier pour un manifestant — ainsi que le déploiement préventif de l’escouade antiémeute étaient disproportionnels et pouvaient être intimidants pour les citoyens.

C’est le cas aussi pour les maîtres chiens présents ainsi que pour les drones et les hélicoptères, estiment-ils.

«Bien qu’un tel équipement puisse être nécessaire pour assurer la sécurité des policiers appelés à intervenir dans le contexte de manifestations qui prennent une tournure violente, les forces policières doivent être conscientes du message répressif qui est envoyé lorsque de tels contingents de policiers sont déployés de manière préventive autour de rassemblements pacifiques», peut-on lire dans le rapport.

Ils notent aussi que la présence de caméras de surveillance «très visibles» et orientées vers les individus présents à une activité citoyenne a semblé «particulièrement troublante et dissuasive».

Dans le rapport, les trois observateurs ont tenu à rappeler que la présence à une manifestation ou activité citoyenne n’est pas en elle-même suspecte et que les forces de l’ordre ne devraient pas agir de manière à laisser croire que des informations sont colligées sur toute personne qui se présente à de tels événements.

Le groupe a souligné qu’il est normal pour un sommet international de cette ampleur que les forces policières soient prêtes et coordonnées — surtout considérant les débordements du passé — mais juge qu’elles auraient dû s’adapter aux circonstances en l’espèce, soit des manifestations ne rassemblant que peu de personnes.

Car, notent les observateurs, «à l’exception de trois manifestations, les activités citoyennes ayant eu lieu à l’occasion du Sommet du G7 ont rarement réuni plus que quelques dizaines de personnes».

Le groupe a aussi noté la présence de policiers en uniforme régulier sur le site des manifestations qui offraient de l’information aux citoyens de manière polie et courtoise. Lors de leurs visites des personnes arrêtées et détenues, les observateurs n’ont relevé aucun problème.

Mais à trois, ils ne pouvaient être partout à la fois et être personnellement témoins de tous les gestes posés par les corps policiers et les manifestants. De plus, ils n’ont pu franchir les périmètres érigés par les escouades antiémeute pour voir ce qui s’y passait.

Le ministre Coiteux s’est réjoui par communiqué jeudi que les manifestations entourant l’événement se soient déroulées pacifiquement et sans débordement.

«Je tiens d’emblée à réitérer ma satisfaction à l’égard du travail policier effectué lors du Sommet du G7, qui a assurément répondu aux attentes des citoyens des villes concernées.

«Comme l’ont souligné les observateurs, il était justifié de se préparer au pire en fonction des événements passés. Maintenant, comme nous le faisons toujours, nous tirerons des leçons du déroulement des événements, notamment quant à l’équilibre à atteindre entre les impératifs de sécurité et les libertés d’expression et de réunion, entre autres, lorsque les manifestations sont moins importantes qu’anticipées», a dit le ministre.

Le rapport recommande notamment d’intégrer la présomption de légalité des manifestations pacifiques dans les politiques et directives données aux policiers.

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