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Les fantômes des pancartes

Photo: Josie Desmarais/Métro

Ils sont apparus dans la nuit et ils ont envahi nos rues, nos villes, notre Belle Province au complet. Ils sont partout et nulle part à la fois, tellement omniprésents qu’on ne les remarque plus vraiment. Ils ne veulent pas dire grand chose et ils nous influencent rarement: ils sont juste ici, là, partout, tout simplement. Les fantômes des pancartes sont revenus.

Enfant et même ado, je me souviens d’avoir regardé ces visages pendant les trajets d’autobus pour me rendre à l’école ou assise sur la banquette arrière de l’auto de mes parents. Je les observais sans savoir ni comprendre qui ils étaient: «Elle, elle a un beau sourire, celle-là a les cheveux grichous, lui il a l’air un peu triste…» Ma réflexion s’arrêtait souvent là quant aux pancartes. Je demandais à mes parents qui étaient les gentils et qui étaient les méchants, puis je leur demandais à nouveau un ou deux mois plus tard si les gentils avaient gagné. J’étais contente si c’était le cas, sinon je me disais qu’ils se reprendraient la prochaine fois. La belle naïveté! Je vois des élèves marcher avec leur sac à dos ces jours-ci, sous les fantômes des pancartes, et je me demande s’ils ont les mêmes pensées que moi à leur âge.

Malgré tout, en y repensant, il y avait du positif dans ma façon de voir les choses à l’époque. J’avais de l’espoir. J’étais convaincue qu’il y avait des gentilles personnes sur les pancartes, prêtes à faire de notre Québec un endroit meilleur. Aujourd’hui, les choses se brouillent parce que la vie n’est pas si simple et parce qu’on comprend avec le temps que les gentils et les méchants n’existent pas vraiment.

Alors on a une job à faire, maintenant que les fantômes sont revenus: essayer de savoir qui ils sont et de comprendre ce qu’ils feront. Bon, j’ai bien dit essayer, parce qu’ils sont rusés… Mais finalement les pancartes ne veulent rien dire, pas plus que ce qu’elles signifiaient pour nous à 7, 10 ou 14 ans. Elles sont toutes pareilles. La différence, c’est nous qui devons la faire. Les pancartes, c’est juste un rappel que le moment du choix approche et qu’on devra le faire avec notre cœur et aussi notre tête, qu’on doit s’y préparer pour trancher.

Je rêve du jour où les fantômes disparaîtront pour laisser place à un mot tout simple qui nous poussera peut-être à voir au-delà des pancartes, parce que le seul message qu’il y a sur les poteaux électriques et les lampadaires dans le fond c’est ça: VOTEZ.

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