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28 candidats de la CAQ ne l’ont pas financée

Coalition Avenir Quebec Leader Francois Legault speaks to reporters at a news conference to launch his election campaign, Thursday, August 23, 2018 in Quebec City. THE CANADIAN PRESS/Jacques Boissinot Photo: THE CANADIAN PRESS
Jocelyne Richer, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

QUÉBEC — Le chef de la CAQ, François Legault, a intérêt à ne pas trop compter sur son équipe de candidats pour financer son parti.

Près d’une trentaine de candidats de la CAQ de la cuvée 2018 n’ont jamais versé le moindre dollar à la CAQ.

C’est ce que révèle une compilation effectuée par La Presse canadienne, à partir de la liste des donateurs aux partis politiques dressée par le Directeur général des élections (DGEQ).

Le calcul est basé sur les dons faits par les 104 nouveaux candidats caquistes. Les chiffres indiqués excluent donc la vingtaine de députés sortants de la Coalition avenir Québec (CAQ) et leur chef, qui eux ont financé leur formation politique sur une base régulière.

De la centaine d’aspirants députés, voire aspirants ministres de l’équipe Legault, 28 candidats n’ont jamais appuyé financièrement le parti qu’ils souhaitent voir former le prochain gouvernement le 1er octobre. Parmi eux, on trouve plusieurs candidats vedettes, dont Nadine Girault, Jean Boulet et Danielle McCann.

D’autres, au nombre de 37, n’avaient jamais versé un sou à la CAQ jusqu’à tout récemment, même si le parti existe depuis 2011. Ils ont consenti à ouvrir leur portefeuille pour la première fois au moment de poser leur candidature, soit il y a quelques mois, voire quelques semaines à peine.

Au total, c’est donc dire qu’avant 2018, une bonne majorité des nouveaux candidats de la CAQ (62,5 pour cent) n’avaient jamais garni la caisse de la CAQ, laissant croire à une adhésion vraiment toute récente.

La CAQ, non, mais le PLQ, oui

Dans bien des cas, des candidats caquistes n’ayant montré aucun intérêt à financer leur parti, n’ont pourtant pas hésité pendant des années à garnir la caisse du Parti libéral du Québec (PLQ), parfois jusqu’à tout récemment. Certains avaient leur carte de membre et étaient même prêts à porter les couleurs du PLQ dans un passé récent.

L’argent demeure une mesure de l’engagement politique et un carburant essentiel au fonctionnement des partis. Sur le site web de la CAQ, François Legault d’ailleurs exhorte les électeurs, militants et sympathisants à donner à son parti les moyens de ses ambitions: «Soutenez votre candidat de la CAQ; Faites un don», ordonne le chef du parti, dont l’équipe ne prêche pourtant pas par l’exemple.

Nadine Girault: «Je ne connaissais personne»

Une des vedettes de l’équipe, Nadine Girault fait partie des candidats qui n’ont jamais cru bon verser un sou à la CAQ.

Membre de l’escouade économique de François Legault, la candidate dans Bertrand, qui a occupé divers postes de direction dans des institutions financières, n’a pas semblé se préoccuper de la santé financière de son parti. Elle a pourtant pris soin de celle du PLQ pendant des années, jusqu’en 2017. Elle s’était aussi impliquée financièrement dans la course au leadership du PLQ de 2012-2013, appuyant Raymond Bachand. En 2016, elle avait tenté d’avoir l’investiture libérale dans Verdun, lors d’une complémentaire, sans succès. Mais en 2018, c’est vers la CAQ qu’elle s’est tournée.

Et pourquoi donnait-elle au PLQ, mais pas à la CAQ?

«Parce que je ne connaissais personne à la CAQ. On contribue aux gens qu’on connaît», a répondu Mme Girault, lors d’un entretien téléphonique, visiblement irritée par la question.

Jean Boulet: «probablement» membre du PLQ

Candidat vedette depuis mai dernier dans Trois-Rivières, circonscription actuellement libérale, Jean Boulet n’a jamais appuyé financièrement la CAQ, lui non plus.

Dans le passé, l’avocat était plutôt un fidèle contributeur à la caisse du PLQ jusqu’en 2016. Frère de la ministre Julie Boulet, il a même allongé les dollars pour favoriser l’élection de Philippe Couillard à la direction du PLQ en 2013.

Mais c’est uniquement «par amour pour ma soeur», dit-il, qu’il a financé le PLQ, sans pour autant s’impliquer vraiment dans le parti. Or, Julie Boulet avait appuyé Pierre Moreau en 2013.

En entrevue téléphonique, le candidat, qui a pris récemment sa carte de membre de la CAQ, affirme sur un ton évasif qu’il était «probablement» membre du PLQ dans le passé, mais qu’il ne l’est plus.

Et compte-t-il contribuer un jour financièrement à la CAQ? «Heu, je contribue à la campagne électorale en étant candidat dans le comté de Trois-Rivières. C’est, à ce jour, la contribution que j’ai faite pour la CAQ», répond M. Boulet, qui dit adhérer au parti «par conviction totale».

Quant à une éventuelle contribution financière, «elle va se faire», promet-il, avant la fin de la campagne, qui se termine dans quelques jours.

Si François Legault forme le prochain gouvernement, il ne détesterait pas faire le trajet Trois-Rivières-Québec en limousine. «Moi, ça me fera plaisir, si un poste de ministre m’est offert, d’y donner suite», assure le candidat.

Robert Bussière: Le PLQ, «pas une religion»

Ancien maire de La Pêche, dans l’Outaouais, Robert Bussière est le candidat de la CAQ dans Gatineau. Il fait partie des désenchantés du PLQ, un parti qu’il a financé pendant des années, jusqu’en 2017. Il a aussi soutenu financièrement Pierre Moreau, lors de la course au leadership du PLQ.

Son changement tout récent d’adhésion politique n’a cependant pas eu d’écho dans les coffres de la CAQ. Il n’y a pas versé un sou, même si, en entrevue téléphonique, il a prétendu le contraire. Sauf qu’aucune trace d’un don à la CAQ ne porte son nom sur le site du DGEQ.

«Il y a beaucoup de monde qui change d’idée de nos jours et je pense que c’est une bonne chose. Je ne pense pas que les libéraux c’est une religion», dit-il, exprimant son «ras-le-bol» des libéraux, en ajoutant qu’il n’était pas «le genre à passer toute une vie à voter pour un même parti quand ça ne fait plus l’affaire».

Svetlana Solomykina: avec le PLQ en 2017

La candidate caquiste dans Taschereau a décidé de s’impliquer en politique active tout récemment, en 2017, mais c’est la carte de membre du PLQ qu’elle a choisi de prendre, pas celle de la CAQ. Elle a alors tenté sa chance avec le PLQ pour devenir candidate, lors de la complémentaire dans Louis-Hébert, sans succès.

Croisée récemment lors d’une conférence de presse de François Legault dans Taschereau, Mme Solomykina a exigé la présence de deux attachés de presse (son attachée de presse personnelle et celui de la CAQ pour la région de Québec) avant d’accepter de répondre à la moindre question.

Elle a versé une première contribution à la CAQ au moment où elle a fait le saut avec ce parti, en mai dernier.

Elle explique avoir adhéré au PLQ en 2017 uniquement «par obligation professionnelle», le parti exigeant la carte de membre pour assister à certaines de ses activités, comme des conférences. Or, le parti nie catégoriquement exiger la carte de membre pour assister à ses activités.

Marguerite Blais: «J’étais dans un autre monde»

Ex-ministre libérale, Marguerite Blais a garni la caisse du PLQ chaque année, de 2007 à 2015, l’année où elle a choisi de quitter la politique. Depuis 2015, «je n’ai plus ni contribué au financement du PLQ, ni été membre», indique Mme Blais, reconnue pour défendre avec fougue la cause des aînés et des proches aidants.

Vedette de l’équipe Legault, elle n’a pas davantage financé la CAQ de 2015 à 2018, avant d’être officiellement candidate dans Prévost, en mai dernier.

Et pourquoi ne l’a-t-elle jamais soutenue jusqu’à tout récemment? «Je n’ai pas donné à la CAQ avant parce que je ne faisais plus de politique. J’étais dans un autre monde, qui était un monde de défense des droits des personnes les plus vulnérables et des proches aidants», explique-t-elle en entrevue téléphonique.

«La journée où j’ai annoncé que je me présentais, je suis devenue membre» de la CAQ, précise Mme Blais.

Financement: la CAQ bonne dernière

L’idéal du financement populaire des partis politiques n’est plus ce qu’il était au temps où René Lévesque a fait adopter la loi qui a bouleversé les habitudes, en 1977. Depuis, seuls les particuliers peuvent donner aux partis.

Au gré des lois visant à éviter tout risque de corruption, le don maximal annuel est passé de 3000 $ à 100 $, sauf en année électorale où le plafond a été fixé à 200 $.

Pour chaque dollar amassé en don d’un citoyen, l’État ajoute 2,50 $. C’est donc dire que le financement des différentes formations politiques est désormais en bonne partie assuré par l’ensemble des électeurs.

N’empêche. Les partis politiques doivent compter sur l’appui, en argent sonnant, de leurs membres et sympathisants pour fonctionner, planifier les activités, tenir leurs congrès, et surtout organiser les campagnes électorales.

Des quatre principaux partis, la CAQ est d’ailleurs, et de loin, celui qui suscite le moins l’enthousiasme des donateurs. Selon le plus récent portrait dressé par le Directeur général des élections, pour l’année 2017, la CAQ a eu une performance bien inférieure au Parti québécois (14 752 donateurs), au Parti libéral du Québec (8750) et même à Québec solidaire (4482), n’ayant réussi à attirer que 3191 donateurs.

Liste des 28 candidats de la CAQ n’ayant jamais versé un sou à la CAQ:

1- Sophie Chiasson (Acadie) 2. Caroline Proulx (Berthier) 3.- Nadine Girault (Bertrand) 4.- Mariechantal Chassé (Châteauguay) 5.- Andrée Laforest (Chicoutimi) 6.- Mélodie Cohn (D’Arcy-McGee) 7.- Line Cloutier (Duplessis) 8.- Louis Lebouthillier, (Gaspé) 9.- Robert Bussière (Gatineau) 10.- Sarah Beaumier (Hochelaga-Maisonneuve) 11.- Rachel Bourdon (Hull) 12.- Karen Hilchey (Jacques-Cartier) 13.- Sarah Petrari (Jeanne-Mance-Viger) 14.- Éric Girard (Lac-St-Jean) 15.- Jacinthe-Ève Arel (Laporte) 16.- Christine Mitton (Laval-des-Rapides) 17.- Martyne Prévost (Marie-Victorin) 18.- Simon Allaire (Maskinongé) 19.- Manon Gauthier (Maurice-Richard) 20.- Angela Rapoport (Nelligan) 21.- Mathieu Lacombe (Papineau) 22.- Louis-Charles Thouin (Rousseau) 23.- Louis Lemieux (Saint-Jean) 24.- Anna Klisko (Ste-Marie-St-Jacques) 25.- Danielle McCann (Sanguinet) 26.- Jean Boulet (Trois-Rivières) 27.- Claude Bourbonnais (Vaudreuil) 28.- Suzanne Dansereau (Verchères).

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