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Trudeau, couvert de cadeaux de designers canadiens

Adrian Wyld / La Presse Canadienne Photo: Adrian Wyld / La Presse Canadienne

OTTAWA — Des lunettes de soleil Ray-Ban. Un sac à main en cuir, édition limitée. Produits de beauté, bijoux somptueux, chaussures, bagages, vêtements pour enfants, accessoires de sport.

Le premier ministre Justin Trudeau et son épouse, Sophie Grégoire Trudeau, sont inondés de cadeaux de la part de dignitaires et de dirigeants mondiaux.

À ces cadeaux souvent protocolaires s’ajoutent toutefois ceux d’entreprises privées, qui espèrent que la famille du premier ministre canadien arborera leurs vêtements et accessoires griffés.

Le commissaire aux conflits d’intérêts et à l’éthique, Mario Dion, affirme que tous les cadeaux figurant au registre public ont obtenu l’approbation de son bureau et sont donc conformes à la loi.

En vertu de celle-ci, tout titulaire d’une charge publique se doit de déclarer publiquement les cadeaux d’une valeur supérieure à 200 $ et de céder à la Couronne ceux valant plus de 1000 $, à moins de payer soi-même la différence. Les cadeaux qui pourraient raisonnablement être perçus comme une tentative d’influencer l’exercice de fonctions officielles doivent être refusés, à quelques exceptions près.

Le commissariat à l’éthique a déterminé que les vêtements et accessoires de mode offerts à la famille Trudeau constituent une de ces exceptions.

Mais le porte-parole du Nouveau Parti démocratique en matière d’éthique, Charlie Angus, estime que cette tendance grandissante est «problématique».

«Ce qui est inquiétant, c’est que les marques de mode envoient des vêtements à la famille parce que c’est une famille qui est vraiment sous les projecteurs, vraiment dans l’univers d’Instagram et il y a un réel bénéfice pour une entreprise de leur faire porter leur marque de vêtements comme cadeaux», soutient l’élu ontarien.

«Le lien avec les intérêts pécuniaires de ces entreprises est clair et direct», relève-t-il.

En effet, les designers font souvent mousser leur marque à l’aide de photographies où l’on peut voir les Trudeau s’affichant avec leurs créations.

North Kinder a par exemple offert au premier ministre des vêtements à l’intention de son fils, Hadrien, en juillet dernier. Un mois plus tard, Sophie Grégoire Trudeau publiait sur les réseaux sociaux une photo où le garçon portait un t-shirt signé North Kinder. L’entreprise établie à Vancouver a ensuite partagé la photo sur sa propre page Facebook à des fins promotionnelles.

Ce phénomène est relativement nouveau dans le paysage politique canadien.

La Loi sur les conflits d’intérêts n’est en vigueur que depuis 2007 et ne s’est donc appliquée qu’à deux gouvernements, soit ceux de Justin Trudeau et de Stephen Harper.

M. Harper avait aussi eu droit à son lot de présents: des tableaux, des sculptures et même des cadeaux plus personnalisés, notamment en lien avec son amour des Beatles.

Selon Charlie Angus, les vêtements et les accessoires des créateurs de mode canadiens entrent cependant dans une tout autre catégorie, qui évoque davantage les cadeaux offerts aux célébrités et même aux membres de la famille royale.

«Nous avons affaire à un nouveau genre de politique qui est très axée sur le politicien en tant que vedette, et personne dans le monde ne l’incarne aussi bien que Justin Trudeau et la famille Trudeau», avance M. Angus.

Duff Conacher, cofondateur de Démocratie en surveillance, estime que la famille Trudeau devrait payer de sa poche pour louer ou emprunter des vêtements de marque dont elle souhaite faire la promotion.

Selon un haut fonctionnaire questionné par La Presse canadienne, certains des items énumérés dans le registre des cadeaux de Sophie Grégoire Trudeau avaient été empruntés ou ont ensuite été donnés à des œuvres de bienfaisance.

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