La passe du flambeau
Rares sont les fois où j’ai braillé en regardant la télé. Ça m’est arrivé lors de l’hommage rendu à Harmonium au gala de l’ADISQ, dimanche soir. Les larmes des membres du groupe complètement tétanisés sur leurs bancs (merci d’avoir enfin ramené Michel Normandeau dans le portrait), la musique merveilleusement vêtue d’une magnifique robe symphonique, les témoignages du trio Rivard-Séguin-Piché et les voix de la nouvelle gang, tout ça m’est rentré dedans comme un tsunami. Vient un âge où il ne sert plus à rien de se cacher…
Le 40e gala était beau. Louis-José Houde était encore une fois à la hauteur de Louis-José Houde et l’enrobage de la soirée nous a montré une fois de plus à quel point nos équipes de création font aussi bien que les Américains avec une fraction du budget. On s’en sort toujours quand on a plus de goût que les autres.
Malgré les ventes qui piquent sans cesse du nez (ça, on le sait), la musique d’ici est somme toute en bonne santé. Et surtout, en bonnes mains. Si le segment hommage à Fiori et à sa gang m’a replongé dans mes plus beaux souvenirs, les autres perfos de la soirée m’ont remis dans la face à quel point nos artistes du moment sont bons, intéressants et différents. Ils ne produisent pas nécessairement autant de hits que leurs illustres prédécesseurs (le phénomène est mondial, en passant), mais généralement ils jouent mieux et écrivent mieux que leurs aïeux de la chanson. Les voix ont certes perdu du tonus, mais bon, mes parents disaient la même affaire il y a 40 ans en écoutant ceux et celles qui suscitent maintenant notre admiration toute nostalgique. Conclusion: tout est probablement une question de perception et assurément une question de génération.
Au lendemain du gala, comme c’est l’habitude dans les journaux et à la radio, on a parlé davantage de la robe d’Hubert, de la moustache de Klô et des quelques coups de gueule adressés aux politiciens que de ce qui s’y est joué. C’est toujours comme ça. Et après, on se demande pourquoi les chansons d’aujourd’hui ne nous habitent pas davantage et plus longtemps. Peut-être qu’on ne leur laisse tout simplement pas assez de place dans nos cœurs…
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Entendu: Ce que je te donne ne disparaît pas, le premier album solo de Stéphanie Boulay. Superbe. Pour l’écriture, la sensibilité à fleur de peau, pour tout ceci et encore plus de cela, cet album est tout simplement magnifique.
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Vue: la pièce Des souris et des hommes, montée par Vincent-Guillaume Otis chez Duceppe. C’est un très bon spectacle. Il est toujours risqué de s’attaquer à un classique pareil. Ici, on a choisi de respecter l’intégrité de cette œuvre pour laquelle à peu près tout le monde a son a priori. À cet égard, le défi est ici fort bien relevé. Outre le bon travail de mise en scène de Vincent-Guillaume Otis, on souligne la belle perfo de Guillaume Cyr dans le rôle de Lenny. Ajoutez à ce beau bulletin la superbe scénographie de Romain Fabre qui est fort bien habillée
par les éclairages de Julie Basse. C’est présenté jusqu’au 1er décembre et des supplémentaires sont déjà programmées. Sortez vos parents de la maison, c’est l’occasion parfaite.
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Lu: 14 h 59, un récit de la collègue chroniqueuse Valérie Guibbaud. Imaginez qu’un beau matin, en arrivant au chevet de votre père malade, celui-ci vous informe qu’il a choisi de recourir à l’aide médicale à mourir. Et que cette aide lui sera offerte dans quelques heures. Une fois l’affolement passé, on fait quoi? C’est ce que Valérie nous raconte dans cette plaquette fort bien écrite qui se lit malheureusement beaucoup trop vite. Avis à l’auteure: va falloir en faire d’autres. Plein d’autres. Avec la même sincérité.
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L’équipe des Mooseheads de Halifax de la Ligue de hockey junior majeur du Québec a disputé ses 15 premiers matches de la saison sur la route. La raison: on doit retaper leur aréna en prévision de la tenue du tournoi de la Coupe Memorial du printemps prochain. Ainsi, les joueurs ont dû se taper 9200 kilomètres de route en 36 jours. Après ça, on viendra nous dire que les études de ces jeunes âgés de 16 à 20 ans sont prioritaires pour les dirigeants du circuit. Rien qu’à voir…
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Vous avez vu les gradins vides du stade Percival-Molson pour le dernier match local de la triste saison des Alouettes? On a annoncé une foule de 17 000 spectateurs (billets vendus ou distribués gratis) mais, tel que constaté à la télé, ils ne devaient être guère plus de 5 000 à encourager les leurs pour cet ultime rendez-vous de 2018. C’était à fendre le cœur. Pendant ce temps, la direction de l’équipe a choisi de partir en guerre contre les rares médias qui suivent toujours les activités de l’équipe. L’incurie de cette administration me sidère. Lâchez pas les boys, continuez à écœurer tout le monde et, bientôt, vous aurez vidé les estrades ET la passerelle des journalistes.