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Drogue et cocktails: la police veut sensibiliser

Andrew Vaughan / La Presse Canadienne Photo: Andrew Vaughan

HALIFAX — Les chefs de police de la Nouvelle-Écosse souhaitent braquer les projecteurs sur la manipulation des cocktails par l’ajout de drogues, dans la foulée de plusieurs cas où des personnes ont été droguées à leur insu en consommant de l’alcool.

Lors d’une réunion tenue cet automne, les membres de l’Association des chefs de police de la Nouvelle-Écosse ont convenu de faire de cette question une priorité en mettant l’accent sur l’éducation et la prévention communautaires.

Ils appellent également les personnes qui croient avoir été droguées à le signaler.

Même si elle a déclaré qu’une analyse des données de la police ne révélait pas un problème généralisé lié à l’ajout de drogue dans les boissons, la surintendante de la GRC responsable du district de Halifax, Lee Bergerman, croit qu’il ne faut pas «minimiser la gravité de ce problème».

Dans une lettre adressée à dix groupes communautaires, elle précise que la police souhaite que les organisations participent à la sensibilisation de la population au sujet de la possibilité de se faire droguer à son insu en buvant de l’alcool. Elle espère aussi que les organismes encourageront les victimes potentielles à se manifester.

Mme Bergerman a déclaré qu’une sensibilisation et une éducation accrues «peuvent faire partie de la solution pour réduire le nombre de victimes».

La lettre a été transmise après que plusieurs femmes eurent déclaré avoir été droguées par des substances non identifiées dans des bars de Halifax.

Malgré l’apparente vague d’incidents rapportée dans les médias, une demande de La Presse canadienne en vertu de la Loi sur l’accès à l’information a révélé que la police ne surveille pas la manipulation des boissons et était incapable de fournir des statistiques sur les incidents rapportés.

Mme Bergerman a indiqué que la police ne pouvait pas créer une nouvelle catégorie de base de données si les statistiques ne le justifient pas.

«Nous n’avons pas la capacité ou la justification quantitative pour le moment d’ajouter une nouvelle catégorie de données pour ce problème», a-t-elle expliqué dans la lettre.

En entrevue, Mme Bergerman a ajouté que des analystes étudient les rapports à la recherche de tendances possibles et que, si les informations faisant état de manipulation de boissons alcoolisées augmentent, ce sera remarqué — et méritera alors peut-être un nouveau champ de données.

Elle a ajouté qu’une partie du problème réside peut-être dans le fait que les gens partagent leur expérience sur les médias sociaux, mais ne signalent pas nécessairement les présumés incidents à la police.

Deux femmes se sont manifestées ce printemps après qu’on eut apparemment ajouté une substance non identifiée à leur verre, dans un cabaret bondé de Halifax, ce qui a poussé plusieurs femmes à raconter des expériences similaires: une perte de conscience après seulement quelques verres, une longue période de sommeil et aucun souvenir de la nuit précédente.

Certaines femmes ont raconté avoir été ramenées chez elles par des amis. D’autres se sont réveillées dans un environnement inconnu sans aucun souvenir de la façon dont elles y étaient arrivées ou de ce qui s’était passé.

Bien que certaines victimes aient déclaré être allées à l’hôpital, elles ont affirmé que les tests n’avaient pas révélé la présence de drogue dans leur système et qu’elles ne s’étaient donc pas donné la peine d’aller voir la police.

Le docteur Sam Campbell, le chef des urgences d’un hôpital de Halifax, a expliqué que ces drogues sont extrêmement difficiles à détecter, car elles sont rapidement absorbées et métabolisées par l’organisme. En outre, il ajoute que plusieurs drogues différentes peuvent être utilisées, ce qui complique la tâche puisqu’on ne sait pas quels tests effectuer.

Le projet de sensibilisation initié par la police impliquera des agents d’intervention communautaires et des agents de liaison avec les écoles, qui ont accès aux populations à risque élevé dans les écoles secondaires et sur les campus universitaires, a souligné Neera Ritcey, la responsable des communications pour les chefs de police de la Nouvelle-Écosse.

Elle a ajouté qu’à l’avenir, ils pourraient mettre au point des outils pour éduquer le public sur la manipulation de boissons, et a souligné que la sensibilisation et la participation de la communauté constituaient un élément important de la prévention de ce type d’activités criminelles et de la hausse des signalements.

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