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Fraude alimentaire: les entreprises peu confiantes

Caroline St-Pierre, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Les différents acteurs de la chaîne agroalimentaire se disent bien au courant de ce qu’est la fraude alimentaire, mais peu d’entre eux ont confiance en leur capacité à reconnaître un cas de fraude, selon une étude pancanadienne rendue publique jeudi.

L’étude réalisée par le Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO) en collaboration avec l’Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels (Université Laval) et le Consortium de recherche et innovations en bioprocédés industriels au Québec auprès de 400 entreprises indique en effet que seuls 43 pour cent des répondants, soit des producteurs, des transformateurs et des distributeurs de l’industrie, ont affirmé avoir «plutôt ou tout à fait confiance» dans leur habileté à reconnaître la fraude.

La loi fédérale sur les aliments et drogues stipule qu’il est interdit d’étiqueter, d’emballer, de traiter, de préparer, de vendre un aliment ou d’en faire la publicité de manière fausse, trompeuse ou mensongère ou susceptible de créer une fausse impression quant à sa nature, sa valeur, sa quantité, sa composition, ses avantages ou sa sûreté.

Ce qui n’empêche pas certains produits falsifiés de se retrouver sur les tablettes des épiceries.

L’une des auteurs de l’étude, Ingrid Peignier, du CIRANO, explique que certains produits font plus souvent l’objet de fraude que d’autres. C’est le cas de l’huile d’olive, qui est parfois mélangée à de l’huile végétale alors qu’elle est présentée comme étant «extra-vierge».

Il arrive que la fraude se fasse plutôt du côté de l’étiquetage, par exemple lorsqu’un produit est faussement identifié comme étant «biologique».

«Il y a un gain économique en laissant croire au consommateur que ce qu’il achète est de qualité supérieure», souligne-t-elle.

Certaines fraudes peuvent même avoir des conséquences sur la santé. Mme Peignier donne en exemple les épices, qui peuvent parfois contenir des colorants interdits en alimentation.

Responsabilité

Par ailleurs, si les acteurs de l’industrie agroalimentaire sont bien conscients de l’existence de la fraude alimentaire, ils perçoivent généralement le Canada comme étant plus à l’abri de ces fraudes que le reste du monde.

Et 33 pour cent des entreprises sondées ont dit considérer que leur entreprise n’était pas menacée par la fraude alimentaire. Du côté des producteurs, ce pourcentage s’élève à 42 pour cent.

Et quand vient le temps de faire face à la fraude, les producteurs, transformateurs et distributeurs n’ont pas tous confiance en leurs moyens.

«En moyenne, à peu près 50 pour cent ont plutôt ou tout à fait confiance en leur habileté à reconnaître un cas de fraude, à analyser la vulnérabilité de l’entreprise par rapport à la fraude ou à mettre en place des mesures de prévention et de détection, et même à communiquer ou à échanger sur ces enjeux», indique un autre auteur de l’étude, Yoann Guntzburger.

«Mais ça laisse toute l’autre moitié qui ne se sent pas du tout, voire moyennement confiante sur ces aspects-là.»

Une étude de cas soumise aux entreprises sondées a de plus permis de découvrir que seulement 39 pour cent d’entre elles préviendraient les autorités fédérales ou provinciales si elles soupçonnaient un risque de fraude alimentaire impliquant l’un de leurs fournisseurs. Une forte majorité choisirait plutôt d’en parler directement avec le fournisseur visé.

«Si on est victime de fraude, on peut supposer qu’il y a beaucoup d’autres entreprises qui font affaire avec ce fournisseur-là et qui pourraient aussi être victimes de fraude. Donc, le déclarer aux autorités, ça permettrait d’enrayer la fraude le plus rapidement possible. Mais on s’aperçoit que ce n’est pas forcément un acte systématique qui est enclenché par les entreprises. Elles vont plutôt prendre en considération leur confiance en leur fournisseur et elles vont aller en parler directement avec lui pour essayer de régler le problème à l’interne», constate Mme Peignier.

Les deux chercheurs estiment qu’il reste donc un travail de sensibilisation à faire pour assurer une bonne communication entre les acteurs de la chaîne agroalimentaire et les gouvernements lorsqu’il est question de fraude alimentaire.

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