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La ville d’Oshawa secouée par la fermeture de GM

Tijana Martin / La Presse Canadienne Photo: Tijana Martin/La Presse canadienne

OSHAWA, Ont. — Des employés de General Motors sous le choc sont rentrés chez eux par un temps froid et pluvieux, lundi, après avoir appris que leur usine mettrait la clé sous la porte d’ici la fin de l’année prochaine.

Pendant que ces travailleurs et leurs proches digéraient la nouvelle, la perte imminente de plus de 2500 emplois à Oshawa était sur toutes les lèvres.

Dans un centre commercial avoisinant, Joanna Stojkovic serre son bébé de 7 mois, alors que son mari lui annonce au téléphone son licenciement à venir.

«On n’a plus de gagne-pain. Nous sommes tous dans le vide maintenant, explique-t-elle. C’est un coup dur pour toute la région de Durham. GM est là depuis longtemps.»

Mme Stojkovic reproche au constructeur automobile, mais aussi au syndicat, Unifor, de se faire avares de détails.

La rumeur de la fermeture avait commencé à circuler dimanche soir, prenant de court les travailleurs et les autorités municipales. Le maire a assuré qu’il ne se doutait pas du désastre qui attendait Oshawa, située 50 kilomètres à l’est de Toronto.

Autrefois surnommée la capitale automobile du Canada, Oshawa a diversifié son économie au cours des dernières années pour devenir une plaque tournante en matière de sciences de l’éducation et de la santé. Mais en tant que ville hôte du siège social de GM Canada, ses liens avec l’industrie automobile remontent à plus d’un siècle et ses usines ont longtemps été un pilier de l’économie régionale.

Le maire John Henry, dont le père travaillait également dans l’industrie automobile, souligne que la nouvelle risque d’assombrir la période des Fêtes à Oshawa.

«Ce sont 2500 familles en ville qui sont dans une forme ou une autre de chaos en ce moment, déplore-t-il. C’est personnel. Il n’y a pas une famille à Oshawa qui n’a pas été touchée par quelqu’un qui travaille chez General Motors.»

La récession de 2008
Avant la récession de 2008, GM employait 28 000 personnes à Oshawa, et générait sept fois plus d’emplois indirects. L’entreprise avait récemment investi plus de 500 millions $ dans cette usine pour y construire des camionnettes.

«J’ai de la difficulté à comprendre ce qui se passe en ce moment», avoue le maire.

Il espère toujours que GM trouvera un moyen d’innover — en construisant des véhicules autonomes par exemple — dans cette ville habituée à s’adapter au changement.

Tandis qu’il sirote son café, Ray Nolan, un travailleur de GM à la retraite, fait part de son impression de déjà-vu.

«L’économie de toute la région va souffrir. Ça va faire mal aux familles qui tentent de s’accrocher à leur maison. Pour ceux qui envisagent de prendre leur retraite, ça va être dévastateur», se désole-t-il.

M. Nolan relève qu’il y a quelques années à peine, le gouvernement conservateur de Stephen Harper avait injecté d’importantes sommes dans GM pour assurer le maintien des emplois au Canada. Il semblerait que le gouvernement n’avait pas conclu d’entente contraignante avec l’entreprise, souligne-t-il.

M. Nolan se demande également si les menaces du président américain Donald Trump d’imposer des tarifs douaniers sur les véhicules fabriqués au Canada ont porté fruit.

«C’est revenu nous hanter, soutient-il. Ces emplois seront maintenant transférés aux États-Unis. C’est exactement ce que voulait Trump.»

À la porte sud, Matt Smith se joint à une manifestation avec ses collègues, affirmant que son seul souhait est de travailler. Il explique que sa femme travaillait également à l’usine d’assemblage et qu’ils viennent d’avoir un enfant.

«Je ne sais pas comment je vais nourrir ma famille, s’inquiète-t-il. C’est un sentiment horrible.»

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