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Huawei: «le Canada respecte la loi», affirme Trudeau

Justin Trudeau. Photo: La Presse canadienne Photo: Adrian Wyld/La Presse canadienne

OTTAWA — Le premier ministre Justin Trudeau a réaffirmé l’attachement du Canada à la primauté du droit, mercredi matin, à la suite de la déclaration de Donald Trump selon laquelle le président américain pourrait intervenir dans le processus judiciaire visant une dirigeante d’entreprise chinoise qui a été arrêtée à Vancouver pour être extradée aux États-Unis.

Le président Trump a soulevé de nouvelles questions sur le rôle du Canada dans les tensions croissantes entre les deux superpuissances, mardi, lorsqu’il a déclaré à l’agence Reuters qu’il pourrait intervenir dans l’affaire contre la directrice financière de Huawei, Meng Wanzhou, si cela pouvait l’aider à conclure un accord commercial avec la Chine, qui serait «certainement le plus important accord commercial jamais conclu».

Ces commentaires braqueront encore davantage les projecteurs sur le «rôle de soutien» du Canada dans l’impasse commerciale entre les États-Unis et la Chine. «Quel que soit ce qui se passe dans d’autres pays, le Canada demeurera toujours un pays qui respecte la loi», a tenu à assurer le premier ministre Trudeau à la presse, mercredi matin à Ottawa.

Roland Paris, qui a été le premier conseiller en politique étrangère de M. Trudeau, estime que le président Trump devrait éviter de mettre en doute l’engagement de son gouvernement envers l’État de droit. «La remarque du président était troublante», a soutenu l’expert en affaires internationales à l’Université d’Ottawa. «Le Canada agit de bonne foi en répondant à une demande d’extradition présentée par les États-Unis conformément à la loi.»

Les autorités canadiennes ont arrêté Mme Meng lors d’une correspondance à l’aéroport de Vancouver le 1er décembre. Les Américains veulent poursuivre la directrice financière de Huawei pour avoir tenté de contourner les sanctions commerciales imposées par Washington à l’Iran et pour avoir menti aux banques américaines.

Ottawa a déclaré à plusieurs reprises que cette arrestation, qui a irrité Pékin, était conforme aux lois internationales en matière d’extradition et répondait à une demande légale émanant des autorités américaines.

Le prix à payer
La ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a insisté sur le fait que la politique ou des pressions américaines n’ont absolument rien eu à voir avec cette arrestation. Mais le Canada semble déjà en payer le prix.

La Chine a arrêté l’ancien diplomate canadien Michael Kovrig quelques jours après que Pékin a averti Ottawa des «graves conséquences» de l’arrestation de Mme Meng. Le ministère chinois des Affaires étrangères a insisté mercredi sur le fait qu’il n’avait aucune information sur M. Kovrig — il a même refusé de confirmer sa détention.

Mais le porte-parole du ministère, Lu Kang, a déclaré que l’International Crisis Group, l’organisation pour laquelle M. Kovrig travaillait comme analyste à Hong Kong depuis février 2017, n’est pas enregistré en Chine et que ses activités dans le pays sont donc illégales. «Je n’ai pas d’informations à vous offrir ici», a déclaré M. Lu lorsqu’on lui a posé des questions sur M. Kovrig. «S’il y a une telle chose, ne vous inquiétez pas, il est certain que les ministères concernés en Chine vont s’en occuper conformément à la loi.»

L’International Crisis Group n’étant pas enregistré comme organisation non gouvernementale en Chine, «elle a déjà violé la loi dès que son personnel s’est engagé dans des activités en Chine», a toutefois ajouté M. Lu.

Le porte-parole a également répété que Pékin demandait la libération immédiate de Mme Meng.

L’International Crisis Group a expliqué que M. Kovrig effectuait une visite de routine à Pékin lorsqu’il a été arrêté lundi soir par le Bureau de la sécurité d’État, responsable des activités de renseignement et de contre-espionnage dans la capitale.

«Pas de coïncidences en Chine»
Un ancien ambassadeur du Canada en Chine — et patron de M. Kovrig de 2014 à 2016 — est certain que cette arrestation constitue une réponse directe à l’affaire Meng. «Compte tenu de mes 13 années d’expérience en Chine, je peux vous dire qu’il n’y a aucune coïncidence (dans ce pays). Le gouvernement chinois a voulu nous envoyer un message», a déclaré Guy Saint-Jacques, ambassadeur du Canada en Chine de 2012 à 2016.

M. Saint-Jacques rappelle que les diplomates en activité peuvent être expulsés assez facilement par le pays hôte, mais comme ils sont protégés par l’immunité diplomatique, il est très rare qu’ils soient arrêtés ou détenus. «Dans ce cas-ci, on s’en rapproche énormément», a déclaré M. Saint-Jacques dans une entrevue accordée à La Presse canadienne. «De toute évidence, (les autorités chinoises) voulaient attirer l’attention de tout le monde à Ottawa.»

Au cours de sa carrière, Michael Kovrig a occupé des postes diplomatiques auprès du gouvernement canadien à Pékin, à Hong Kong et aux Nations unies à New York. Son profil LinkedIn indique qu’il a travaillé comme «responsable politique» lors de la visite du premier ministre Justin Trudeau à Hong Kong en septembre 2016.

M. Trudeau a déclaré mardi qu’Ottawa était en contact direct avec des diplomates et des représentants chinois à propos de l’arrestation de M. Kovrig.

Un juge de Vancouver a libéré mardi Mme Meng, âgée de 46 ans, en échange d’une caution de 10M$ et en vertu de conditions strictes. Elle a nié les allégations par l’intermédiaire de son avocat, au tribunal, en promettant de les combattre si elle était extradée aux États-Unis.

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