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Gouvernement Legault: «transparence zéro»

Ryan Remiorz / La Presse Canadienne Photo: Ryan Remiorz
Patrice Bergeron, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

QUÉBEC — Le gouvernement Legault récidive en agissant en catimini, selon l’opposition officielle, qui déplore la «transparence zéro» de la Coalition avenir Québec (CAQ).

Le Parti libéral (PLQ) soutient que les Québécois méritent mieux et exige la réactivation du site transparence.gouv.qc.ca. Ce site avait été mis sur pied par le gouvernement Couillard pour diffuser notamment l’agenda public des membres du cabinet, mais il n’est plus mis à jour depuis l’élection des caquistes.

Les ministres caquistes peuvent ainsi tenir toutes leurs rencontres comme bon leur semble, à l’insu des médias et de la population, à l’abri des regards.

«Aucune information»

«Actuellement, c’est uniforme, transparence zéro, partout, pour tous les ministres, on n’a aucune information», a déploré mercredi le porte-parole du PLQ en matière d’accès à l’information, Marc Tanguay, dans une entrevue avec La Presse canadienne.

Par exemple, lundi, le premier ministre François Legault a rencontré le chef du grand conseil des Cris, à l’insu de tous, sans aucun préavis ni annonce officielle. Ce n’était pourtant pas une rencontre privée, puisqu’il s’est empressé d’en faire mention ensuite par son compte officiel Twitter, après le fait, avec des clichés de la photographe officielle du gouvernement.

Lundi, on apprenait toujours par Twitter que la ministre des Relations internationales, Nadine Girault, entamait une mission en France et rencontrait le ministre de l’Éducation, photos à l’appui. Or même la veille, dans l’avis public des activités des ministres pour le lundi, aucune mention n’était faite de sa mission.

Ce n’est que dans l’agenda transmis le lundi 10 décembre pour le mardi 11 qu’on a su que la mission était commencée depuis le… 9.

«Gouvernement de la transparence»

Marc Tanguay a rappelé que dès les lendemains de l’élection, celle qui allait devenir la vice-première ministre caquiste, Geneviève Guilbault, avait pourtant avancé que la CAQ allait former le «gouvernement de la transparence».

«Il faut qu’on sache qui les ministres rencontrent, quels dossiers sont-ils en train de travailler, et pourquoi», a affirmé celui qui est député libéral de LaFontaine.

Le gouvernement doit ainsi «revenir à ses obligations» de transparence, il ne peut pas gouverner de façon partisane par les médias sociaux, par Twitter ou des conférences de presse tape-à-l’oeil», a dit M. Tanguay, faisant ainsi allusion à la récente mise à jour économique qui avait été orchestrée avec des partisans caquistes et un immense drapeau du Québec.

«Les Québécois s’attendent à mieux. C’est le gouvernement de tous les Québécois, ceux qui sont d’accord avec lui et ceux qui ne le sont pas.»

Échéancier et modalités

L’opposition libérale exige donc un échéancier et des modalités pour la relance du site transparence.gouv.qc.ca. La semaine dernière, la ministre responsable de l’Accès à l’information, Sonia Lebel, avait indiqué en Chambre que cet outil comportait des inconvénients, notamment en matière de concordance. Cependant, M. Tanguay a balayé ces prétextes: il suffit d’un seul employé qui collige l’agenda transmis par le personnel de chaque ministre.

Le site transparence.gouv.qc.ca permettait notamment au grand public de connaître l’emploi du temps de chaque ministre et les rencontres officielles prévues dans sa journée.

Mais actuellement, il est impossible d’avoir un aperçu de l’emploi du temps des ministres, des entretiens officiels prévus, de leur participation à des activités publiques, des visites ou tournées à l’horaire, etc.

Autre exemple relevé dans le quotidien le Devoir par M. Tanguay: un chef de cabinet refusait de divulguer son salaire alors que ses autres homologues l’avaient fait. La transparence ne doit pas être soumise à l’arbitraire, estime le député libéral.

Or, encore récemment, le gouvernement n’avait pas voulu indiquer officiellement aux médias où et quand se déroulait une rencontre officielle entre Simon Jolin-Barrette, maintenant leader du gouvernement et ministre de l’Immigration, et son homologue fédéral à l’Immigration, Dominic LeBlanc.

Un «leader»

Rappelons que le 3 octobre dernier, au surlendemain des élections, Geneviève Guilbault, affirmait que «notre gouvernement souhaite adopter une stratégie de communication axée sur la transparence».

De même, son collègue Simon Jolin-Barrette avait aussi déclaré qu’«on veut s’assurer que le Québec redevienne un leader en matière d’accès à l’information», concernant plus précisément la réforme de la Loi sur l’accès à l’information.

Cela aurait dû pourtant être le mot d’ordre dans tout le gouvernement dès le lendemain des élections, a conclu M. Tanguay: «Ça n’augure rien de bon.»

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