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Les Broncos et le cannabis, «nouvelles de l'année»

Sean Kilpatrick / La Presse Canadienne Photo: Sean Kilpatrick

Un tragique accident d’autocar, qui a plongé dans la tristesse un pays fou de son hockey, et qui a poussé plusieurs citoyens à laisser sur le balcon, près de la porte, un «bâton orphelin», a été choisi comme la nouvelle ayant le plus marqué l’actualité au Canada en 2018.

Dans le sondage annuel réalisé par La Presse canadienne auprès de ses clients des deux langues officielles dans les salles de nouvelles du pays, 53 responsables sur 129, soit 41 pour cent, ont voté pour l’accident d’autocar des Broncos de Humboldt, en Saskatchewan. La légalisation du cannabis à des fins récréatives est arrivée non loin derrière dans ce sondage de l’agence de presse nationale, avec 51 voix.

Mais au sein des rédactions francophones, au Québec, l’accident d’autocar a eu moins d’échos; c’est la légalisation du cannabis qui a été choisie à l’unanimité des 13 répondants comme la nouvelle ayant le plus marqué l’actualité en 2018.

Valérie Gaudreau, rédactrice en chef au quotidien «Le Soleil», à Québec, estime que le dossier de la marijuana constitue «un incontournable pour les questions et débats que cette décision a amenés dans l’espace public». La journaliste avait d’ailleurs choisi cet enjeu dans la catégorie «nouvelle économique de l’année» du même sondage de La Presse canadienne.

Pour Patrick Bégin, directeur de Cogeco Nouvelles, «le 17 octobre 2018 marquera assurément l’histoire du Canada». Il estime que ce «projet de société important, qui a été amené de façon précipitée par le gouvernement Trudeau, va faire couler beaucoup d’encre au cours des prochaines années».

Les responsables de l’information en français ont donc écarté en tête de leur liste la négociation d’un nouvel accord de libre-échange nord-américain, autre sujet qui a retenu beaucoup d’attention dans les médias. Jean-François Bégin, directeur principal de l’information au quotidien «La Presse», estime qu’aucune nouvelle «n’a eu davantage d’importance pour l’avenir du pays que la difficile renégociation de l’ALÉNA». Mais il a quand même voté pour la légalisation du cannabis, parce qu’elle a eu «un retentissement médiatique planétaire», et que cet enjeu «soulève des questions en matière de santé publique, d’économie, de lutte au crime organisé, de gestion des finances publiques, etc.».

Marc Gendron, rédacteur en chef à «La Voix de l’Est», à Granby, estime lui aussi qu’«on ne mesure pas encore tout à fait (la) portée à long terme» de cette légalisation.

Canada anglais

Au Canada anglais, le vote s’est divisé à peu près également entre la tragédie des Broncos et la marijuana. «Bien que la légalisation du cannabis soit historique, elle est arrivée au fond avec un haussement d’épaules», a écrit Murray Wood, directeur de l’information provinciale pour les stations de radio CJME et CKOM, en Saskatchewan. «Par contre, aucun dossier n’a autant touché les Canadiens que l’accident d’autocar des Broncos», selon lui.

Les membres de l’équipe de hockey junior se rendaient disputer un match de séries éliminatoires dans le nord de la Saskatchewan, le 6 avril, lorsque leur autocar est entré en collision avec un semi-remorque. Seize personnes ont été tuées et 13 autres ont été blessés dans l’accident. La tragédie a fait les manchettes dans le monde entier et a touché une corde sensible chez les Canadiens, épris de hockey, dont beaucoup se sont identifiés aux parents de ces jeunes joueurs.

«Presque tout le monde dans ce pays est déjà monté dans un autocar avec ses pairs, ou a conduit un enfant aux portes d’un autocar nolisé pour un voyage à l’extérieur de la ville», a écrit Tim Switzer, rédacteur en chef du quotidien «Regina Leader-Post». «Beaucoup de gens ont pu s’identifier à cette tragédie.»

«Le vide douloureux laissé par tout ce potentiel gaspillé, les services commémoratifs et les collectes de fonds qui ont suivi ont captivé l’intérêt des Canadiens — un événement sans pareil depuis la mort de Terry Fox au beau milieu de son « Marathon de l’espoir » il y a près de quarante ans», a estimé Bill McGuire, responsable des pages éditoriales du quotidien «The Guardian» de Charlottetown.

Des citoyens de plus de 80 pays ont versé 15 millions $ au lendemain de la tragédie pour aider les victimes et leur famille, ce qui en fait la deuxième plus importante campagne de sociofinancement de l’année sur la plateforme GoFundMe, après le fonds d’aide juridique «Time’s Up» pour lutter contre le harcèlement sexuel et la discrimination.

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