Soutenez

Mars: le Canada développera la «médecine spatiale»

Misha Japaridze / The Associated Press Photo: Misha Japaridze
David Reevely, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — L’Agence spatiale canadienne veut recruter l’ancien astronaute Robert Thirsk pour l’aider à élaborer l’expertise médicale qui pourrait bien être la contribution canadienne à une mission habitée vers Mars.

Robert Thirsk, qui est aussi médecin, détient le record canadien du temps passé dans l’espace, à la suite de sa mission prolongée à bord de la Station spatiale internationale en 2009. Il répond donc à deux des critères que l’agence spatiale considère comme essentiels afin de décrocher l’offre d’emploi extrêmement pointue, annoncée vendredi.

En fait, le docteur Thirsk serait la seule personne sur Terre à pouvoir décrocher ce poste, et l’Agence le reconnaît volontiers. Elle a tout de même publié un «préavis d’adjudication de contrat» — essentiellement un appel de candidatures à toute personne qui pense être mieux qualifiée que le docteur Thirsk pour ce poste. Mais compte tenu des exigences, personne ne le pourrait.

L’ancienne astronaute Roberta Bondar est certes médecin, mais elle a passé «seulement» huit jours dans l’espace, contre près de 205 jours pour son collègue Thirsk. Dave Williams est aussi médecin; il a même dirigé le département des sciences de la vie à la NASA et a été responsable de la santé et de la sécurité des équipes spatiales. Mais ses deux missions totalisent 28 jours dans l’espace.

Le chevronné Chris Hadfield a passé 166 jours dans l’espace lors de deux vols de navettes et un long séjour à bord de la Station spatiale — mais il est pilote de chasse, pas médecin. Julie Payette est actuellement gouverneure générale du Canada, pour encore les deux prochaines années, tandis que Marc Garneau, ministre fédéral des Transports, envisage de se faire réélire à la Chambre des communes l’automne prochain. Mais aucun d’entre eux ne réunirait de toute façon les qualifications requises par l’agence pour ce poste.

Il reste donc le docteur Thirsk, qui n’a pu être joint vendredi pour commenter l’affichage.

La médecine spatiale

Le travail consiste à passer les deux prochaines années à déterminer ce que les scientifiques et les experts de la santé au Canada peuvent faire pour aider les astronautes qui seraient malades ou blessés au-delà de l’orbite terrestre basse — et pour démontrer à la population les avantages d’investir de telles sommes dans les «sciences de la santé spatiale».

Le docteur Thirsk travaillerait donc avec les communautés scientifiques canadiennes du secteur biomédical afin d’améliorer la prestation de soins de santé à distance, depuis la Terre. Le salaire prévu par le contrat est de 45 000 $ la première année, et de 49 500 $ l’année optionnelle.

Les États-Unis envisagent de plus en plus une mission habitée sur Mars, probablement au début des années 2030, lorsque les deux planètes seront au plus près. L’administrateur de la NASA, Jim Bridenstine, s’est récemment rendu à Ottawa afin de solliciter l’aide du Canada pour les missions préliminaires, notamment la création d’une plate-forme qui orbiterait autour de la Lune, en vue d’une éventuelle mission habitée.

Les longues missions spatiales dégradent les muscles et les os des astronautes; elles les exposent aussi à des radiations cosmiques intenses et peuvent même brouiller leurs sens. Un astronaute gravement malade ou blessé en orbite terrestre pourrait toujours être rapatrié assez rapidement; celui qui se trouverait à mi-chemin entre la Terre et Mars ne le pourrait pas.

Un voyage vers Mars prendrait au moins six mois à l’aller, puis la même chose au retour, ce qui serait suffisant pour poser de sérieux problèmes, en particulier si les astronautes souhaitent arriver assez en forme pour un labeur physique à la surface de la «planète rouge».

Le docteur Thirsk a d’ailleurs dirigé le groupe d’experts de l’Agence spatiale qui a recommandé que le Canada consacre ses efforts à cet enjeu de médecine spatiale.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.