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Québec paiera les soins buccaux d'enfants cancéreux

Jacques Boissinot / La Presse Canadienne Photo: Jacques Boissinot
Pierre Saint-Arnaud, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Québec corrige une injustice qui touchait les enfants victimes de cancer.

La ministre de la Santé, Danielle McCann, a annoncé vendredi au CHU Sainte-Justine que la prévention et les traitements buccodentaires des enfants qui subissent des séquelles attribuables aux traitements pour un cancer pédiatrique seront désormais couverts par le régime public.

«Nous avons entendu l’incompréhension ressentie par ces familles», a clamé Mme McCann.

«Le cancer d’un enfant étant déjà une épreuve difficile, il était nécessaire de pouvoir alléger le fardeau des familles touchées.»

Les traitements de chimiothérapie, de radiothérapie et les chirurgies subis par les enfants atteints de cancer lors d’une période critique de développement peuvent avoir des conséquences importantes pour ces enfants.

La chef du service de médecine dentaire de l’Hôpital Sainte-Justine, Marie-Ève Asselin, a expliqué que les enfants ont souvent entre 2 et 5 ans au moment des traitements oncologiques, mais que leurs conséquences traînent longtemps.

«Ça va affecter le développement de la dentition permanente. Les séquelles sont variables — certaines légères, d’autres importantes — et ces séquelles, on va les voir dans 10-15 années post-traitement et elles vont se faire en général, dans la majorité des cas, à la fin de la croissance, dont au début de l’âge adulte», a-t-elle précisé.

Des dizaines de milliers de dollars

Mme Asselin a fait valoir qu’il s’agit d’une «longue période de suivi et une longue période de soins», mais aussi les traitements buccodentaires qui seront requis par la suite peuvent représenter plusieurs dizaines de milliers de dollars que les parents devaient jusqu’ici payer de leur poche.

Le programme, dont les modalités restent à être finalisées, entrera en vigueur le 1er avril prochain, mais la ministre McCann a promis que tous les enfants qui devront subir des traitements d’ici là seront admissibles au programme.

«On a pris la décision aujourd’hui (…) mais s’il faut supporter financièrement certaines situations avant le 1er avril, nous allons le faire», a-t-elle dit.

Le marathon d’une battante

Il s’agit d’une victoire et d’un soulagement pour Marie-Claude Hébert qui cherchait depuis près de 10 ans à obtenir la gratuité des soins qui seront requis pour son fils, Jeremy Beaudoin, aujourd’hui âgé de 14 ans.

«Aujourd’hui, c’est une belle journée!», s’est-elle exclamée en entrevue en marge de l’annonce, elle dont le combat s’est avéré un marathon.

«Mes démarches auprès de la RAMQ, ç’a commencé en 2010-2011, si je ne me trompe pas. Leucan s’est joint à moi en 2015 et on s’est mis en équipe pour faire avancer le dossier. En 2017, on a pu avoir un comité avec le ministère de la Santé et on a pu commencer à faire avancer le projet», a raconté cette mère dont le sourire lumineux aurait pu éclairer l’amphithéâtre où avait lieu la conférence de presse.

Son enfant, dont le cas a été exposé par l’émission La Facture, a subi des traitements en bas âge et devra bientôt subir des traitements dont les coûts s’élèveront quelque part entre 30 000 $ et 60 000 $, d’après les évaluations qu’a obtenues Mme Hébert.

«Grave injustice»

La ministre McCann a reconnu lors de l’annonce qu’il était aberrant que ces enfants ne soient pas couverts, alors que l’État couvre les soins dentaires requis par les accidentés de la route, les accidentés du travail ou les victimes d’acte criminel.

«Nous allons réparer cette grave injustice», a lancé Mme McCann.

Présentement, la Régie de l’assurance-maladie couvre les soins dentaires des enfants jusqu’à l’âge de 10 ans. Dans le cas des enfants cancéreux, les séquelles et le traitement requis surviennent beaucoup plus tard.

Mme McCann a précisé que les soins buccodentaires requis par les enfants cancéreux seront aussi couverts même lorsqu’ils ne seront plus considérés comme des patients pédiatriques.

«Ça peut aller même au-delà de l’enfance et de l’adolescence. Ça ne sera pas limité à 18 ans; ça peut même aller jusqu’à 30 ans», a-t-elle dit.

Dans les heures suivant l’annonce, Leucan a salué la décision du gouvernement Legault et la ténacité de Mme Hébert. L’Ordre des dentistes s’est également réjoui de la tournure des événements.

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