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L’ambassadeur canadien en Chine démissionne

Paul Chiasson / La Presse Canadienne Photo: Paul Chiasson/La Presse canadienne

OTTAWA — L’ambassadeur du Canada en Chine, John McCallum, quittera ses fonctions à la demande de Justin Trudeau.

Selon une déclaration du cabinet du premier ministre publiée samedi, Justin Trudeau a demandé à M. McCallum de lui remettre sa démission vendredi soir.

Ce dernier s’était mis dans l’eau chaude plus tôt cette semaine en déclarant que Meng Wanzhou, la directrice financière du géant technologique chinois Huawei, dispose d’arguments juridiques solides pour éviter l’extradition.

Mme Meng avait été arrêtée à l’aéroport de Vancouver, le 1er décembre dernier, en vertu d’un mandat d’arrestation américain. Les États-Unis la soupçonnent d’avoir cherché à contourner les sanctions commerciales imposées à l’Iran.

Son arrestation a provoqué une grave querelle diplomatique avec la Chine et l’ambassadeur McCallum s’était excusé publiquement pour ses commentaires, qui avaient soulevé des doutes quant à la politisation de ce dossier explosif.

Or, Justin Trudeau avait initialement rejeté les appels à son congédiement.

Bien que le premier ministre n’ait pas immédiatement expliqué son changement de cap, l’annonce du rappel de M. McCallum survient après que celui-ci s’est à nouveau exprimé sur cette affaire.

L’ex-ministre libéral a déclaré que l’abandon de la demande d’extradition de Mme Meng serait «bien pour le Canada», selon des propos rapportés dans le journal StarMetro de Vancouver vendredi. Il avait ajouté que si les États-Unis et la Chine concluent une entente sur le cas Meng, celle-ci devrait inclure la libération des deux Canada emprisonnés, Michael Kovrig et Michael Spavor.

Le cabinet du premier ministre a refusé de préciser les motifs de cette volte-face de Justin Trudeau.

Avant sa carrière diplomatique, John McCallum avait notamment occupé les postes de ministre de la Défense nationale, de ministre des Anciens Combattants et de ministre de l’Immigration, à l’apogée des efforts de réinstallation des réfugiés syriens.

«Pendant près de vingt ans, John McCallum a servi les Canadiens avec honneur et distinction, a déclaré Justin Trudeau. Son travail demeure une source d’inspiration pour les Canadiens et un exemple pour le reste du monde. Je le remercie, ainsi que sa famille, pour ses nombreuses années de service.»

Le chef de mission adjoint à l’ambassade du Canada à Pékin, Jim Nickel, le remplacera à titre de chargé d’affaires, a-t-on précisé.

«Trop tard»
La décision de M. Trudeau de montrer la porte à John McCallum est survenue trop tard, a soutenu le chef du Parti conservateur Andrew Scheer, un de ceux qui avaient réclamé le départ de l’ambassadeur après sa première déclaration controversée.

«Ça n’aurait jamais dû en arriver là. Justin Trudeau aurait dû congédier son ambassadeur au moment de l’ingérence dans cette affaire. Il n’a rien fait et a permis des dommages additionnels. Plus de faiblesse et d’indécision de la part de Trudeau avec la Chine.»

Devant les journalistes à Ottawa, samedi, M. Scheer a accusé le premier ministre d’avoir nui à la réputation internationale du Canada.

«Cela fait partie, je crois, d’un plus gros problème. Et c’est l’approche de Justin Trudeau sur la diplomatie, alors qu’il croit qu’il peut se fier à l’image plutôt que la substance sur les affaires étrangères. Et maintenant, les Canadiens paient pour ses erreurs», a-t-il soutenu.

La porte-parole du NPD en matière de politique étrangère, Hélène Laverdière, a fait écho à M. Scheer en affirmant que les déclarations de M. McCallum «étaient inappropriées pour un ambassadeur» et qu’elles risquaient «d’avoir compliqué les choses plutôt que d’aider à résoudre la situation».

Elle a aussi exprimé ses préoccupations au sujet des «déclarations du Président Trump selon lesquelles il se servirait de l’extradition en tant que monnaie d’échange dans ses négociations commerciales.»

«Nous croyons que le processus légal doit suivre son cours sans interférence de qui que ce soit», a ajouté Mme Laverdière dans une déclaration publiée en soirée.

En nommant M. McCallum comme ambassadeur en Chine en 2017, M. Trudeau semblait avoir trouvé la bonne personne pour approfondir les relations commerciales du Canada avec la Chine.

M. McCallum a des liens personnels avec la Chine. Sa femme est d’origine chinoise et ses trois fils ont des épouses chinoises.

Il représentait aussi la circonscription fédérale de Markham, dans la région de Toronto, où les citoyens d’origine chinoise étaient nombreux.

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