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Des Vénézuéliens exilés à Montréal craignent pour le père, ex-colonel emprisonné

MONTRÉAL — Oswaldo Garcia Padilla affirme avoir été témoin de la brutalité du régime du président vénézuélien Nicolas Maduro.

En février dernier, des hommes masqués se sont introduits par effraction dans la maison familiale, près de Caracas, à la recherche de son père, le colonel à la retraite Oswaldo Garcia Palomo. L’ancien officier de la Garde nationale vénézuélienne, critique virulent du président Maduro, avait déclaré son intention de constituer une force pour renverser le régime. Mais il avait pris la fuite quelques jours plus tôt, de sorte que les hommes masqués et lourdement armés ont finalement enlevé sa femme et son fils, Oswaldo.

«Ils m’ont enfermé dans une très petite pièce. Ils me frappaient à tout bout de champ», a déclaré M. Garcia Padilla, âgé de 25 ans. Le Vénézuélien vit aujourd’hui à Montréal, où il s’est exilé avec sa soeur Fabiola, 23 ans, et leur mère, Sorbay Padilla de Garcia.

«Ils m’ont enfoncé des canons d’armes à feu dans la bouche, a poursuivi M. Garcia Padilla, en fixant le sol. Ils m’ont frappé avec une arme à feu. Ils m’ont mis un sac sur la tête, y ont mis des gaz lacrymogènes et ont refermé le sac; je me suis évanoui. Ils ont utilisé de l’électricité sur tout mon corps. Je ne mangeais qu’une fois tous les quatre jours.»

La famille a appris cette semaine que le colonel à la retraite, qui s’était réfugié en Colombie voisine, avait été finalement capturé après son retour clandestin au Venezuela. Ses proches croient qu’Oswaldo Garcia Palomo est actuellement torturé.

Le gouvernement canadien organise à Ottawa lundi une réunion du Groupe de Lima afin d’aborder la crise politique et économique au Venezuela. Affaires mondiales Canada a assuré la famille que la détention de M. Garcia Palomo serait évoquée lors de cette rencontre.

Dissidence au sein de l’armée

Après sa libération, en février dernier, Oswaldo Garcia Padilla s’est enfui en Colombie puis à Montréal, où il a demandé l’asile politique en mars. Sa sœur se trouvait déjà dans la métropole avec un visa de travail, et leur mère faisait des allers-retours entre Montréal et la Colombie pour rendre visite à son mari en exil.

L’épouse du colonel à la retraite ne parle pas anglais, mais ses propos ont été traduits par sa fille lors de l’entrevue. Mme Padilla de Garcia souhaite que la réunion du Groupe de Lima reconnaisse que certains membres de l’armée vénézuélienne soutiennent son mari et sont prêts à renverser le régime. Des militaires de haut rang continuent toutefois d’appuyer Maduro, mais Mme Padilla de Garcia croit que ce régime n’en a plus que pour quelques semaines encore.

Jeudi, le ministre vénézuélien de l’Intérieur, Nestor Reverol, a déclaré que l’ex-colonel Garcia Palomo faisait partie d’un groupe de «terroristes» arrêtés pour complot visant à assassiner le président Maduro. La famille est convaincue que l’ancien militaire sera torturé, parce que des membres de l’armée lui sont fidèles et que le régime voudra faire taire cette voix dissidente. Mme Padilla de Garcia soutient qu’elle a parlé pour la dernière fois à son mari samedi dernier.

Le colonel Garcia Palomo avait quitté l’armée en 2013, selon sa famille, mais il a secrètement envoyé des messages audio à des militaires pour les encourager à démettre Maduro de ses fonctions.

Malgré la violence et les incertitudes auxquelles ils ont été confrontés ces derniers mois, la famille reste optimiste quant au retour de la démocratie au Venezuela. «De plus en plus de pays reconnaissent [Juan Guaido, le président autoproclamé du Venezuela], a déclaré Oswaldo Garcia Padilla. Nous progressons chaque jour. Nous avons le soutien de tout le monde démocratique.»

Giuseppe Valiante, La Presse canadienne

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