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Avec 38% d’appui, l’élection de 75 députés est «une anomalie», reconnaît Sonia LeBel

La ministre de la Justice, Sonia LeBel, a été élue sous la bannière caquiste en octobre 2018. Photo: Colin L Racicot/Métro
Henri Ouellette-Vézina - Métro

La ministre de la Justice, Sonia LeBel, ne s’en cache pas: l’élection de 75 députés de la Coalition avenir Québec (CAQ) avec une proportion de 38% est «une anomalie» due à l’état de notre système électoral. En entrevue à Métro, vendredi dernier, elle s’est fermement engagée à ce qu’un projet de loi sur la réforme du mode de scrutin soit présenté en octobre 2019 à l’Assemblée nationale.

«Notre système est conçu pour une bipartie, pour deux partis qui s’échangent le pouvoir, a-t-elle expliqué dans un entretien avec le chroniqueur Frédéric Bérard. Aujourd’hui, avec la montée de plusieurs partis, on est amenés de toute manière à faire des changements au Parlement.»

Mais avant toute chose, dit l’élue, il importe de réfléchir à la manière dont «doit se traduire cette mouvance des idées» de concert avec les trois autres partis provinciaux reconnus, des libéraux aux péquistes en passant par les solidaires.

D’après celle qui s’est fait connaitre du grand public par la commission Charbonneau, en 2012, l’enjeu du scrutin «est effectivement très sensible». «On y touche, mais on avance avec prudence, en consultant les gens. Il faut comprendre leur réalité. C’est important pour eux, parce que ça leur permettra d’avoir une plus grande efficacité avec leur vote», a-t-elle indiqué.

«Qu’est-ce que ça veut dire pour moi, je vais appartenir à qui, est-ce que je vais encore avoir mon député? Ce sont des questions légitimes. Il y a des insécurités, il ne faut pas faire semblant qu’elles n’existent pas.» -Sonia LeBel, ministre de la Justice

Francophones hors-Québec et droit de la famille
Si plusieurs autres dossiers occupent la ministre à l’heure actuelle, celui de la francophonie hors-Québec est bel et bien au cœur de ses priorités. Mme LeBel dit entre autres vouloir «créer des liens» avec ces communautés partout au pays.

«Ça a pris malheureusement, comme dans bien des dossiers, l’espèce de catastrophe en Ontario pour sensibiliser le public», explique-t-elle, faisant référence à l’indignation soulevée lorsque le premier ministre ontarien, Doug Ford, a supprimé le Commissariat aux services en français et bloqué le projet d’université francophone.

Au-delà de ses nombreux impacts sociaux, cette saga aura été pour plusieurs «un vrai wake-up call», d’après la ministre. «Dans les 50 dernières années, au Québec, on a travaillé sur notre langue pour se protéger dans cette mer d’anglophones et l’invasion de la télé américaine, poursuit-elle. C’est normal, mais maintenant, je pense qu’on est capables d’aider, même s’il faut toujours être vigilants avec la langue française. On est plus solides.»

«C’est le temps de se tourner vers la francophonie canadienne. Je suis confiante que si on la renforce, on renforce également notre position. C’est du gagnant-gagnant.» -Sonia LeBel, ministre de la Justice

Actuellement en tournée dans plusieurs villes du Québec pour entamer une réforme du droit de la famille – ce qui inclut les règles d’adoption, de filiation ou de divorce, par exemple –, la ministre affirme que «la réception est bonne sur le terrain».

Comme nos conceptions de la famille traditionnelle ont changé depuis 1980, «on n’avait pas le choix de faire cette réforme», souligne la ministre. «Il fallait refaire l’exercice, même s’il y a eu des rapports et des consultations citoyennes qui ont déjà été faites. Jusqu’ici, je suis très satisfaite de la réponse des gens que je rencontre», insiste-t-elle.

Laïcité et mutisme
Critiquée pour son mutisme dans le dossier du projet de loi 21 sur la laïcité de l’État, Sonia LeBel dit vouloir remettre les pendules à l’heure. «Oui, j’ai une opinion, oui, j’ai travaillé au projet, oui, je fais mon travail, mais j’ai un devoir de réserve. Je ne peux pas vous en parler», fait-elle valoir.

La ministre plaide que dans le cadre de ses fonctions de procureure générale, elle «sera amenée à défendre le projet de loi s’il y a d’éventuelles poursuites». «Si je donne mon point de vue maintenant, je me retrouve à donner une opinion qui pourrait influencer les tribunaux», tranche-t-elle, ajoutant que le dossier est actuellement «plus politique que juridique» de toute manière.

«Même si je fais partie du Conseil des ministres, mon rôle est différent. Je suis encore membre du Barreau.» -Sonia LeBel, ministre de la Justice

En rafales

-Sur la Commission Charbonneau: «Aucun d’entre nous n’avait estimé l’ampleur publique que ça aurait, même si on connaissait le mandat. On est devenus des vedettes de télé-réalité, à toute fin pratique. C’était en continu, 24 sur 24. Les gens suivaient ça comme une histoire. On est devenus connus un peu malgré nous, à notre insu.»

-Sur la victoire écrasante de la CAQ: «Avec beaucoup d’honnêteté, oui, ça m’a surprise. On sentait quelque chose sur le terrain, on n’était pas dupes, mais on n’aurait jamais pu anticiper cette ampleur, cette vitesse. Tout le monde parlait de minoritaire fort ou de majoritaire sur le bord.»

-Sur sa relation jugée conflictuelle avec Simon Jolin-Barrette: «On a des points de vue différents. J’espère que les gens ne s’attendent pas qu’au Conseil des ministres, on soit tous des béni-oui-oui et qu’on ne donne pas nos opinions. Non, on travaille ensemble, donc on donne notre point de vue.»

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