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Transat: l’offre d’Air Canada acceptée

Photo: Collaboration spéciale/Air Transat

La société Transat A. T., qui gère les activités du transporteur aérien Air Transat, a accepté jeudi une offre d’achat d’Air Canada pour une valeur totale de 520M$. Si Transat pourrait passer sous le contrôle de sa rivale canadienne en 2020, un expert consulté par Métro s’attend à voir la mise monter jusqu’à 3$ de plus par action.

Les deux entreprises aériennes ont confirmé l’accord de transaction dans un communiqué diffusé jeudi. L’offre de 13$ par action faite par Air Canada à la compagnie spécialisée dans le tourisme, avait été déposée à la mi-mai.  Le Conseil d’administration de Transat recommande maintenant l’approbation de la vente à ses actionnaires et se soumet à la vérification des différents organismes de réglementation pour confirmer la vente.

La période de négociation d’une durée de trente jours entre les deux géants avait expiré jeudi matin, à minuit.

«Le plancher est à 13$ [par action], il y a 520M$ sur la table, a analysé le chargé de cours en gestion de l’aviation à l’Université McGill John Gradek. Maintenant, est-ce qu’il y a d’autres parties intéressées? On sait que le groupe Mach l’est. Personnellement je pense qu’une autre offre va être faite, soit à 15$, soit à 16$.»

Au début du mois de juin, le groupe immobilier Mach avait tenté de hausser la mise, en offrant de payer 14$ par action. La possibilité d’une offre extérieure est toujours présente, a soutenu M. Gradek, en entrevue avec Métro. Dans ce cas, «Air Canada va décider s’ils veulent hausser pour rencontrer l’offre présentée», a-t-il ajouté.

Si Transat décidait d’accepter une offre supérieure et inégalée par Air Canada, la compagnie devrait payer une somme de 15M$ en indemnités.

Air Canada et Transat avaient entrepris des discussions préliminaires sur un possible regroupement dès l’automne 2018.

Air Canada en bonne position

Dans ce dossier, Air Canada est en position de force, a avancé le professeur en stratégie à HEC Montréal, Louis Hébert.

«Quiconque voulait faire une offre supérieure à celle d’Air Canada avait nécessairement un désavantage, a-t-il affirmé. Air Canada est déjà un opérateur qui sait comment on gère une compagnie aérienne.»

C’est pour aller chercher la «meilleure offre possible pour les actionnaires» que le CA de Transat a donné son aval à la vente de jeudi, selon M. Hébert.

«Pour Air Canada, l’opportunité d’acheter Air Transat ne vient pas tous les jours, a de son côté observé John Gradek. Si c’est une question de 50M$ ou 100M$ de plus, je pense qu’Air Canada va continuer vers l’achat de Transat.» Dans tous les cas, selon lui, le dernier mot revient aux actionnaires.

Malgré tout, selon l’expert, la réaction des actionnaires de Transat à l’offre d’Air Canada n’a pas été particulièrement favorable, ce qui pourrait les mener à «inciter d’autres offres».

Hausses de prix?
L’appétit d’Air Canada pour sa petite soeur canadienne vient de la possibilité pour la compagnie de dominer le marché national, d’après M. Gradek. «Air Transat représente environ 20% du marché canadien. C’est un compétiteur très important. La nuisance envers Air Canada vient particulièrement de Transat», a-t-il affirmé.

La prise de contrôle de Transat pourrait donc créer une «consolidation» du marché autour d’Air Canada, a repris M. Hébert.

«Malheureusement, on peut s’attendre à des augmentations de prix ou, du moins, à des rabais moins importants.» – Louis Hébert, professeur en stratégie à HEC Montréal

Pas de déménagement
Air Canada a confirmé que cette vente, une fois toutes les conditions remplies, n’engendrera pas de déménagement ou de modification des principales fonctions du groupe Transat. Transat et Air Canada sont toutes deux établies à Montréal. «Les marques Air Transat et Transat seront maintenues en parallèle aux marques Air Canada, Air Canada Rouge et Vacances Air Canada», peut-on aussi lire dans le communiqué.

«Pour les actionnaires de Transat et d’Air Canada, ce regroupement offre une excellente valeur tout en assurant également une plus grande sécurité d’emploi aux employés des deux sociétés grâce à des perspectives de croissance accrues», a avancé le président et chef de la direction d’Air Canada, Calin Rovinescu.

En passant sous le giron de la plus grande compagnie aérienne au pays, Transat pourra envisager «de nouvelles perspectives de croissance», a ajouté l’homologue de M. Rovinescu chez Transat, Jean-Marc Eustache.

Pour les employés, les risques de coupes pourraient s’agrandir si Air Canada était forcé de hausser la mise, selon John Gradek. «Si Air Transat demeure une compagnie indépendante, il y a aucun doute que les employés vont être dans une meilleur situation que si Air Canada décide d’intégrer. Là, ça pourrait causer des ennuis», a-t-il avancé.

Contactées par Métro, Transat et Air Canada n’ont pas voulu ajouter de déclaration orale aux informations incluses dans le communiqué.

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