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Sauver la chanson québécoise

Récemment, j’ai pris une chance : j’ai recommandé Catherine Major à ma mère. «Me semble que t’aimerais ça», que je lui ai dit comme ça. Quelques jours plus tard, ma mère me faisait part, avec moult détails, de son appréciation de l’auteure-compositrice-interprète. Elle m’en parle chaque fois qu’on se voit depuis. Il s’agit là d’un exploit, Catherine Major devenant, après Jacques Brel, Renaud, la lourde qui chantait Je t’écris de la main gauche et Pierre Lapointe, le cinquième musicien à atteindre le cœur très sélect de ma maman.

Je n’en suis pas peu fière. Ça me donne l’impression de faire ma part pour contrer la mort annoncée de la chanson québécoise. La mort annoncée, le plus souvent, il me semble, par des nostalgiques étonnés de ne pas entendre Gilles Vigneault plus souvent à CKOI.

«Certains adolescents n’ont connu Frédéric que grâce à une publicité récente pour le lait. La radio commerciale inonde les ondes de la chanson anglo-américaine», écrivaient, dans Le Devoir de lundi, Robert Jasmin, auteur et conférencier, et Marie Fradette, chargée de cours en littérature jeunesse à l’Université Laval.

Personnellement, je suis ravie d’avoir connu l’existence d’une chanson de La Bolduc grâce à une publicité humoristique d’IGA dans le temps des Fêtes sans qu’on me l’ait forcée dans la gorge à l’école secondaire. Je dis ça parce que c’est l’une des propositions avancées pour prévenir le déclin de la chanson québécoise. L’adolescence étant ce qu’elle est, je ne suis pas certaine qu’imposer la culture à l’école soit le meilleur moyen d’arriver à cette fin, à preuve ma relation amour-haine avec Théophile Gautier. C’est, j’en conviens, une façon de faire connaître la musique, mais ce n’est pas la seule.

Et je ne vois pas pourquoi on s’indignerait que l’exploitation de la chanson québécoise à des fins commerciales en soit une autre. L’an passé, l’utilisation d’une chanson de Karkwa par Coca-Cola a provoqué la colère des fans. Pourtant, en voilà un, moyen, de faire connaître la chanson québécoise (et, on ne se le cachera pas, de permettre aux artistes de vivre de leur art). Ces temps-ci, difficile de résister aux chansons de Karim Ouellet dans l’annonce de BMO et de Marie-Pierre Arthur dans celle de la Banque Nationale.

Ça n’empêchera pas ma nièce de 12 ans de capoter sur le petit gars de One Direction qui a les cheveux en bataille, celui avec un nom de prince. Et lorsqu’elle en aura envie, elle pourra fouiller dans le iPod de matante et découvrir Karkwa, Karim Ouellet, Marie-Pierre Arthur, Avec pas d’Casque, Monogrenade, Jimmy Hunt, Lisa Leblanc, Louis-Jean Cormier, Malajube, Alaclair Ensemble, Fanny Bloom, Misteur Vallaire et, peut-être même, Catherine Major.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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