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Les pesticides pourraient faciliter le développement du Parkinson et de l’autisme

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La Ville de Montréal interdit le glyphosate sur son territoire Photo: Getty Images/iStockphoto

Les «liens de corrélation» entre l’utilisation de pesticides et l’apparition de maladies neurodéveloppementales comme le Parkinson forcent des organismes à lever un «drapeau rouge». Ils appellent les gouvernements à mieux légiférer sur la question.

La Fondation David Suzuki ainsi que deux associations de patients, Parkinson Québec et Autisme Montréal, ont présenté mercredi leurs arguments dans deux mémoires. Ils seront déposés à la Commission parlementaire sur les pesticides de l’Assemblée nationale.

Dans un premier document, on établit le lien de cause à effet entre l’exposition à différents pesticides et le développement de la maladie du Parkinson, un trouble neurodégénératif souvent caractérisé par des troubles du mouvement.

«Le lien est très fort, connu depuis longtemps. Malheureusement, on n’agit pas», soutient la cheffe des projets scientifiques à la Fondation David Suzuki, Louise Hénault-Ethier.

Ce rapport de près d’une trentaine de page fait état d’un «consensus scientifique» dans l’impact des pesticides sur la maladie de Parkinson.

Il répertorie d’ailleurs huit «méta-analyses», menées entre l’an 2000 et aujourd’hui, qui attestent que «l’exposition aux pesticides double quasiment le risque de développer la maladie de Parkinson».

Au Québec, ce sont les producteurs qui sont particulièrement «à risque», avance le mémoire. «L’exposition professionnelle double à triple le risque de MP», peut-on lire.

«Les applicateurs de pesticides et les producteurs de grains sont les gens les plus à risque. Ce sont également ceux qui vont dire qu’il y a le moins de problème», explique le coordonnateur chez Parkinson Québec Romain Rigal.

Consensus

Selon la professeure agrégée à l’École de santé publique de l’Université de Montréal Maryse Bouchard, qui n’a pas participé à ce mémoire, le consensus existe bel et bien par rapport à l’impact des pesticides sur le Parkinson.

«Chez les fermiers et les travailleurs qui en ont utilisés beaucoup pendant leur carrière, il y a un lien de causalité», soutient-elle.

«Attention, il faut s’assurer de dire que ce consensus ne s’étend pas nécessairement à des expositions aux pesticides beaucoup plus faibles. Par exemple, les résidus de pesticides dans l’alimentation.» – Maryse Bouchard, chercheuse spécialisée dans les substances neurotoxiques

Pour mieux contrevenir au développement de la maladie, Parkinson Québec appelle à suivre les pas de la France et de la Suède. Ces pays européens ont officiellement reconnu le Parkinson comme maladie professionnelle en 2012, puis en 2017, respectivement.

Le mémoire invite aussi à «interdire l’utilisation des produits roténone, paraquat, et manèbe». Ces molécules sont «toutes utilisés dans les champs», selon M. Rigal.

L’autisme dans le viseur

Si le «lien de cause à effet» ne peut pas être établi comme dans le cas du Parkinson, le trouble du spectre de l’autisme (TSA) pourrait aussi trouver racine dans l’exposition des femmes enceintes aux pesticides, selon un autre mémoire.

Cette revue littéraire intitulée Hausse inquiétante de la prévalence de l’autisme: Devrions-nous nous inquiéter des pesticides? se penche sur les différentes études menées dans les dernières années sur le TSA.

«L’autisme est fréquemment associé à l’exposition aux pesticides. Et là, ce sont pleins d’études», analyse Mme Hénault-Ethier, qui a co-écrit le mémoire.

Onil Samuel, chercheur spécialisé dans l’étude de différents herbicides à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), appelle à faire attention lorsqu’on associe autisme et pesticides.

«Je ne crois pas qu’on puisse conclure actuellement en regard des études disponibles. Par contre, ça implique qu’on devra documenter d’avantage. Beaucoup d’études n’ont pas fait la part des choses en termes de niveaux d’atteinte», soutient l’expert.

Le Québec doit se créer une littérature scientifique d’ensemble sur les pesticides, croit M. Samuel. Maryse Bouchard abonde dans le même sens.

«C’est important de mener des études au Québec. On n’est pas en reste quant à l’utilisation des pesticides. Je pense qu’il y a un besoin d’avoir plus de données», soulève-t-elle.

Des solutions?

Il est primordial selon Autisme Montréal et la Fondation David Suzuki de réduire la distribution de certains produits homologués.

Parmi ceux-ci, les pyréthroïdes comptent plus de 400 produits en distribution au pays. «C’est vraiment le bar ouvert, c’est le buffet. Vous allez dans n’importe quelle quincaillerie, pharmacie, épicerie, vous en allez en trouver à côté des palettes de chocolat sans problème», ajoute Mme Hénault-Ethier.

Pour contrevenir à la «prévalence» du TSA dans la population, les auteurs insistent pour que le gouvernement utilise le principe de précaution. Ils appellent entre autres à l’interdiction des pesticides à usage «cosmétique» – pour améliorer l’aspect de la végétation – à la hauteur de la province.

L’étude ajoute qu’il serait important de proposer des produits «substituants» non-toxiques dans la province.

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