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Le pétrole sort gagnant du libre-échange avec l’Europe, l’alimentaire écope

Le pétrole et les produits miniers sont les deux seuls secteurs connaissant des hausses d'exportation vers l'UE au Canada, selon l'IRIS. Photo: Archives Métro

Malgré une mobilisation environnementale grandissante un peu partout au pays, les exportations de pétrole canadien et de produits miniers vers l’Union européenne continuent d’augmenter à un rythme effréné, déplore une nouvelle étude de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) parue mercredi matin.

«Il y a une hausse très claire du produit pétrolier qui part vers l’Europe, alors que la plupart des autres secteurs canadiens sont en baisse, explique à Métro l’auteur du rapport, Guillaume Hébert. Ça nous pousse à se demander quel était le réel objectif de cet accord. Était-ce de développer des débouchés pour le pétrole, très précisément?»

Signé en 2016, puis mis en vigueur en 2017, l’Accord économique et commercial global (AÉCG) lie le Canada à l’Union Européenne en matière de libre-échange. Son processus de ratification est toujours en cours. Certaines puissances mondiales, dont l’Italie, envisageraient de s’y opposer à l’heure actuelle, mettant en péril sa pérennité. La France l’a déjà approuvé de son côté.

Depuis 2017, la balance commerciale du Canada – équivalant à la valeur des exportations moins celle des importations –, a augmenté de 125,2% dans le secteur de l’énergie, selon les données de l’Institut de recherche. Les produits miniers ont aussi connu une hausse de 12,5%.

Pendant cette même période, ce chiffre aurait chuté de plus de 40% pour les produits alimentaires, et de 38% en ce qui concerne les produits forestiers. Même logique pour les équipements industriels et les produits de plastique et/ou de consommation, où les baisses atteignent entre 20% et 40%.

«Dans presque tous les domaines, excepté le pétrole, les entreprises européennes apparaissent comme celles qui tirent leur épingle du jeu.» -Guillaume Hébert, chercheur associé à l’IRIS

Trudeau et Trans Mountain

En juin dernier, alors que son gouvernement donnait son feu vert à la construction de l’oléoduc Trans Mountain entre l’Alberta et la Colombie-Britannique, Justin Trudeau avait estimé les recettes fiscales du projet à 500 M$ annuellement.

Ces «nouveaux fonds» seront investis dans «des projets d’énergie renouvelable», avait aussi promis le chef du gouvernement. Plus récemment, en marge de la Marche pour le climat à Montréal le 27 septembre, M. Trudeau a promis de planter deux milliards d’arbres d’ici 10 ans. Une initiative qu’il entend toutefois rembourser avec les futures recettes de l’oléoduc.

À l’heure actuelle, le Canada possède la troisième réserve de pétrole au monde. Ses lieux d’approvisionnement sont surtout situés dans les sables bitumineux de l’ouest du pays, en Alberta.

Pas surprenant, tranche l’IRIS

Spécialisé en finances publiques, M. Hébert condamne le fait que l’accord ait été vendu aux Canadiens et au monde entier comme celui de «la nouvelle génération», alors que les énergies fossiles plombent sa cote environnementale.

«Si, dès le départ, on avait informé la population que l’accord servirait à exporter plus de pétrole, les citoyens auraient probablement été beaucoup moins chauds à l’idée. Ils se seraient peut-être même mobilisés», ajoute-t-il.

L’omniprésence du pétrole canadien au sein de l’accord n’est «malheureusement pas surprenant» selon lui.

«Ça fait partie de la politique étrangère du Canada depuis l’ère Harper, qui avait lancé l’économie sur un retour aux matières premières. Le problème, c’est que dans le contexte actuel, ça ne paraît pas super bien. Ce n’est certainement pas dans l’ère du temps», juge-t-il.

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