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Le bogue de l’an 2000, vingt ans après

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Près de 20 ans après le bogue de l’an 2000, beaucoup s’inquiètent encore de voir arriver la fin du monde. Photo: Collaboration spéciale

Au tournant du deuxième millénaire, le bogue de l’an 2000 avait créé une hystérie collective. Plusieurs personnes prédisaient une apocalypse informatique. Les unes de magazines et les publicités prédisaient la fin du monde. Plus de 300 G$ ont été dépensés dans le monde pour éviter «le bogue». Vingt ans plus tard, où en est l’hystérie collective?

Théories du complot et fausses nouvelles

D’après le sociologue et spécialiste en hystérie collective Robert Bartholomew, si le tournant de l’an 2000 a été marqué par l’hystérie collective, le 21e siècle est sous le signe des paniques sociales.

«Avec les théories du complot et la propagation des fausses nouvelles, la panique a empiré au cours des vingt dernières années», explique-t-il. Il croit que les algorithmes des réseaux sociaux et la technologie ont créé des communautés de «faits alternatifs» où les gens vivent de plus en plus dans des bulles se caractérisant par des biais de confirmation. C’est-à-dire qu’on recherche et qu’on considère uniquement les données qui confirment nos croyances et ignorons l’importance de celles qui les contredisent.

«Nous sommes à un clic de trouver des informations qui confirment nos croyances préexistantes, et c’est une réelle préoccupation», note-t-il.

Selon lui, le questionnement des faits est marqueur du 21 siècle.

«Comme on dit, vos opinions sont les bienvenues, mais vos propres faits ne le sont pas. […] Nous sommes dans un monde où le président des États-Unis peut mentir presque quotidiennement et encore être en fonction, c’est une période remarquable et dangeureuse dans l’histoire de l’humanité.» – Robert Bartholomew, spécialiste en hystérie collective.

Suggestions de masse

En 1999, la panique de l’an 2000 a permis à des entreprises telles que Greenwich Meantime de vendre des millions logiciels équipant les ordinateurs contre le bogue. Aujourd’hui, Robert Bartholomew estime que plusieurs phénomènes de suggestion de masse ont mobilisé des ressources au cours des dix dernières années.

Il cite en exemple ce qu’il appelle les «fausses paniques», comme le syndrome de La Havane, le vrombissement de Windsor ou le syndrome des éoliennes.

«Ces phénomènes sont des maladies psychogènes collectives, c’est-à-dire qu’elles sont causées avant tout par des facteurs psychologiques. Ce sont des constructions sociales de la réalité, c’est de la suggestion de masse», dit-il.

Peur de l’autre

Selon le professeur Bartholomew, les vingt dernières années ont aussi été marquées par une peur de l’autre.

«En Amérique du Nord, il y a une peur exagérée des étrangers qu’on voit comme des individus pouvant venir voler nos emplois, violer nos femmes. Ils sont devenus les boucs émissaires de la société.», note-t-il.

Le professeur d’histoire estime que le 21e siècle est marqué par une chasse aux sorcières contre les étrangers.

«Si on regarde le monde d’aujourd’hui, on remarque que nous n’avons pas appris notre leçon du 20e siècle. Le mythe du 21e siècle est que nous avons atteint l’égalité, mais en réalité, au lieu des sorcières, le nouvel ennemi se trouve à être les migrants, les musulmans, les demandeurs d’asile, toute personne qui n’est pas comme nous», plaide-t-il.

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