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Santé mentale et services sociaux: un quart des professionnels songent à quitter le milieu

Des représentants de plusieurs ordres professionnels liés à la santé mentale et aux services sociaux lors d'une conférence de presse.
La présidente de l'Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec, Guylaine Ouimette accompagnée de plusieurs professionnels de la santé et des services sociaux. Photo: Josie Desmarais/Métro

La saignée dans les services sociaux et en santé mentale se confirme au Québec. Selon des données colligées par huit ordres professionnels, un quart du personnel du réseau songerait à quitter la profession. Un phénomène qui affecte fortement l’offre de service, constatent-ils.

Le sondage a été mené au printemps 2018 auprès d’un peu plus de 9200 travailleurs du milieu de la santé mentale et des services sociaux. Près de 50% des répondants ont avancé qu’ils réfléchissaient à quitter leur poste. Un phénomène entre autres causé par le service inadéquat fourni aux patients, ont averti les intervenants lors d’une conférence de presse tenue mercredi à Montréal.

«On risque une démobilisation des professionnels», a alerté le président de l’Ordre des psychoéducateurs et psychoéducatrices du Québec (OPPQ), Denis Leclerc.

«Ça peut se traduire par des épuisements, des absences, qui peuvent affecter l’offre de service» – Denis Leclerc, de l’OPPQ

«Protection du public»

L’offre de service subit déjà des difficultés, souligne le coup de sonde. Étant donnée la pénurie actuelle, les répondants soulèvent «des inquiétudes et d’importantes interrogations» par rapport à l’efficacité des soins, fait remarquer la présidente de l’Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec (OTSTCFQ), Guylaine Ouimette.

Plus de la moitié (56%) des professionnels interrogés évaluent négativement le temps d’attente des patients. La situation se serait même «détériorée depuis 2015», constatent 57% des répondants.

«C’est sûr que la réforme [des structures] qu’on a vécue a ses enjeux, a eu des impacts, précise Mme Ouimette. Selon nous, d’ailleurs, on aurait eu des résultats similaires en 2012.»

La présidente déplore l’attention portée par les gouvernements aux domaines de la santé mentale et des services sociaux.

«Depuis plus de 15 ans, ces milieux sont les parents pauvres du système de santé et des services sociaux. Il y a eu très peu d’investissement, plusieurs coupures.» – Guylaine Ouimette, présidente de l’OTSTCFQ

Appel au gouvernement

Les huit ordres concernés ont déjà entamé des discussions avec le ministère de la Santé et des Services sociaux en novembre. La ministre concernée, Danielle McCann, a fait preuve d’«ouverture», soulève Mme Ouimette.

«On demande du ministère une collaboration soutenue pour travailler sur différents chantiers et trouver des solutions durables et efficaces», poursuit-elle.

Les professionnels proposent de multiples pistes de solutions. Au centre de tout cela: l’augmentation des ressources en santé mentale et en services sociaux.

«Le gouvernement [de François] Legault a fait plusieurs investissements dans la dernière année, constate Mme Ouimette. Mais selon nous, il faut revoir l’organisation de l’offre et l’utilisation judicieuse des professionnels.»

La ministre McCann a réagi aux conclusions de ce sondage dans un communiqué de presse, mercredi après-midi. Rappelant que le questionnaire a été mené «avant l’arrivée du gouvernement actuel», elle soutient tout de même sa «volonté à travailler avec [les ordres professionnels] et à poursuivre nos échanges afin d’offrir les meilleurs soins et services possible».

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